La nouvelle est tombée dans l’après-midi du mardi 15 décembre 2015. La veuve du Pr Joseph Ki-Zerbo, Jacqueline Ki-Zerbo née Coulibaly, a rejoint son mari, disparu le 4 décembre 2004, dans l’Au-delà. C’est à l’hôpital Blaise Compaoré, où elle était hospitalisée pour cause de maladie qu’elle a tiré sa révérence autour de 14 heures. Celle que le peuple burkinabè pleure aujourd’hui, fait partie de la génération des premières intellectuelles qui ont œuvré à la prise de conscience des Africains. Syndicaliste de renom, et membre du bureau politique du Rassemblement démocratique africain (RDA), Jacqueline Ki-zerbo a fait ses études secondaires au Sénégal où elle a obtenu son Baccalauréat série philosophie. En 1956, elle obtint sa Licence en anglais à la Sorbone et en 1958, elle épouse à Paris Joseph Ki-Zerbo. Elle débute sa vie active comme professeur d’anglais au cours complémentaire de Dakar. A la faveur de l’indépendance de la Guinée et à l’appel de Sékou Touré, Jacqueline vole au secours de ce pays aux côtés de son époux. En 1961, elle est recrutée comme professeur d’anglais au lycée Philippe Zinda Kaboré à Ouagadougou. Elle serait d’ailleurs l’une des rares professeurs noirs de l’époque. Pour sa très grande culture générale et sa maîtrise des sujets qui minaient la société à cette période, elle fut nommée dans le cadre de l’africanisation des cadres de l’administration, directrice du cours normal des jeunes filles de Ouagadougou où elle y rester jusqu’en 1974. Elle fera ensuite valoir ses compétences dans les institutions internationale jusqu’en 1992. Très engagée socialement, Mme Ki-Zerbo fut membre fondateur de l’entraide féminine voltaïque, au sein de laquelle, elle a beaucoup milité en faveur de l’émancipation de la gent féminine. Pour souvenir, elle prit la tête de la poignée de femmes qui marcha sur la présidence aux côtés des normaliennes et des lycéens, lors du soulèvement populaire de janvier 1966 en Haute-Volta, pour demander le départ du président Maurice Yaméogo. Elle fut également responsable de la presse syndicale, du journal « La voix des enseignants » entre 1961 et 1966. Pour son dévouement au travail et son engagement, Jacqueline Ki-Zerbo a bénéficié de plusieurs distinctions. En 1984, elle obtint le Prix Paul G. Hoffmann pour son travail remarquable en matière de développement. En 1994, elle est nominée parmi les hommes et les femmes les plus admirés par « The American Biographical Institute’s » ainsi que « Femmes pionnières d’Afrique » par la fédération des associations de femmes juristes d’Afrique. Elle est décorée en 2008 chevalier de l’Ordre national du mérite des arts, des lettres et de la communication avec agrafe « littérature orale et écrite ». En 2015, elle est distinguée commandeur de l’Ordre national. Depuis janvier 2010, elle est administratrice générale de la Fondation Joseph Ki-Zerbo pour l’histoire et le développement endogène. Durant tout son parcours, la regrettée a été un grand compagnon de lutte pour son époux, Pr Joseph Ki-Zerbo.
Joseph HARO