Interview : Me Gilbert Noël Ouédraogo À Propos De Gérard Kango: «Quand J’allais Le Voir, Il Se Mettait Debout Pour Me Saluer»

| 07.07.2014
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Interview : Me Gilbert Noël Ouédraogo À Propos De Gérard Kango: «Quand J’allais Le Voir, Il Se Mettait Debout Pour Me Saluer»
© DR / Autre Presse
Interview : Me Gilbert Noël Ouédraogo À Propos De Gérard Kango: «Quand J’allais Le Voir, Il Se Mettait Debout Pour Me Saluer»
Un grand hommage a été rendu à Gérard Kango Ouédraogo, ancien Premier ministre, ancien président de l'Assemblée nationale de la Haute Volta, le samedi 5 juillet 2014 à son domicile de Ouagadougou. L'homme politique qui a rendu son dernier souffle la semaine dernière a vu s'incliner devant son corps un parterre de personnalités dont des politiques et des ministres. Après la levée du corps, suivi des honneurs militaires à son domicile, parents, amis et connaissances lui ont rendu un dernier hommage. C'est dans ce climat fait de pleurs, mais aussi de rires avec les parents à plaisanterie, que son fils Me Gilbert Noël Ouédraogo, par ailleurs président de l'Alliance pour la démocratie et le fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/DRA) a répondu aux questions de Fasozine.
Fasozine : Qui était Gérard Kango Ouédraogo ?

Me Gilbert Noël Ouédraogo : Ce n'est pas simple de parler de son propre père. Mais ce que je retiens de lui, c'est que c'est un homme de convictions, de paix, de dialogue. Une de ses qualités reconnues unanimement, c'est son humilité. Nous avons beaucoup à apprendre de ce côté avec lui. Je suis son fils. Mais jusqu'à ce qu'il perde la vie, quand j'allais le voir, il se mettait debout pour me saluer. Il se rasseyait toujours après moi. Depuis que je suis le président du parti, il se lève pour me saluer. Quand je lui demandais d'arrêter, il refusait de le faire, parce que selon lui, je suis le président du parti. C'est le meilleur exemple d'humilité qu'on peut inculquer à son fils. Il nous a toujours enseigné de rester dignes. Il nous a toujours dit de faire en sorte qu'on puisse perpétuer sa mémoire. Il nous disait qu'il ne nous appartenait pas, qu'il appartenait à tout le Burkina Faso, à toute l'Afrique, et à tout le monde entier. Il n'a jamais voulu faire de faveur particulière à aucun de ses fils. Au contraire, il nous a fait la meilleure formation qui soit.

Il nous disait que pour vous apprendre à nager, on vous jette à l'eau, on se met de côté et on vous observe. Si vous êtes sur le point de vous noyer, on vous sort, on vous met de côté et après, on vous remet dans l'eau. Il n'est pas question, de vous tenir le bras partout. On vous laisse faire vos propres expériences, vos erreurs, pourvu qu'elles ne soient pas mortelles. C'est le meilleur héritage qu'il nous laisse et c'est ce qui fait que nous sommes sereins. Il nous a appris à nous débrouiller tous seuls. Il a dit qu'il ne souhaite pas qu'un jour on puisse montrer sa tombe ou ses enfants en disant : voici la tombe du traite, voici les enfants du traite. Il nous conseillait alors d'être dignes, car il viendra un jour où on fera le bilan. Nous nous évertuons à suivre cet exemple. C'est vrai que les uns et les autres peuvent se tromper dans leurs jugements, mais ce qui est certain c'est que tout ce que nous faisons, nous le faisons avec sincérité, avec bonne foi, humilité et dignité.

On sent de l'émotion dans ce que vous dites. Dites-nous ce que vous ressentez en voyant tout ce beau monde (ministres, députés, hommes politiques, opérateurs économiques...) venir s'incliner devant le corps de votre père?

Cela ne peut que nous réconforter. La perte d'un être cher est une période difficile. Nous ne devons donc pas être égoïstes. Il ne nous a pas appris cela. Nous devons rendre grâce à Dieu qu'il ait eu 89 ans. On connait l'espérance de vie au Burkina Faso. Combien de personnes ont perdu leurs parents très tôt ? Combien de personnes n'ont pas connu leurs parents à la naissance ? Nous disons donc que tout est grâce. Nous rendons donc grâce à Dieu. L'élan de solidarité national et international qui est manifesté montre qu'il n'a pas vécu pour rien et qu'il a été au service de tous.

Il nous expliquait que nous ne sommes pas ses seuls enfants. Et nous avons vraiment vu que ce n'est pas notre père à nous seul. C'est aussi le père de la Nation. Tout le monde est venu partager notre douleur qui est devenu légère. Nous disons merci au chef de l'Etat, au gouvernement, aux partis politique, à tous ceux qui ont effectué le déplacement ou qui nous ont soutenus. C'est une leçon d'humilité que les uns et les autres viennent encore de nous donner.

Votre père était le président d'honneur à vie de l'ADF/RDA, votre parti. Quel pourrait être l'impact de ce gros vide qu'il laisse ?

Lorsqu'un baobab tombe, vous savez vous-même le vide que cela peut créer. Mais je dois dire qu'il nous a formés. Et dieu merci, il s'en va à un moment où nous sommes prêts pour assumer avec fierté l'héritage qu'il nous a laissé. Nous disons merci pour la grâce qu'il nous a faite de nous avoir laissé faire une bonne partie du chemin avec lui. Vous savez que sa carrière politique n'a pas été facile. Il est passé par de nombreux coups d'Etat. Sa vie aurait pu être abrégée depuis longtemps. Mais Dieu a voulu lui donner cette longue vie. La famille, le parti et nous même rendons grâce à Dieu et lui disons merci pour tout ce qu'il a fait pour notre famille, merci d'avoir rappeler notre père auprès de lui. Nous savons que là ou il est, il a des raisons de pouvoir se reposer, de pouvoir être fier de son parcours sur terre, mais aussi de l'héritage qu'il laisse à la Nation tout entière.

Par Inoussa Ouédraogo (Collaborateur)

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