Inhumation de Norbert Tiendrébéogo : Vibrants hommages à celui qui ne savait pas reculer

| 27.05.2015
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Inhumation de Norbert Tiendrébéogo : Vibrants hommages à celui qui ne savait pas reculer
© DR / Autre Presse
Inhumation de Norbert Tiendrébéogo : Vibrants hommages à celui qui ne savait pas reculer
Décédé le 22 mai dernier, Norbert Tiendrébéogo a été inhumé le 26 mai 2015 au cimetière de Gounghin. Les différents témoignages de ceux qui ont connu le regretté ont convergé sur ce point : de toute sa vie, il est resté fidèle à ses conviction. «Il a eu toutes les occasions de faire comme les autres, mais il a toujours refusé d'aller à la compromission», a dit de lui son ancien compagnon de lutte Nestor Bassière.


En cette matinée d'une journée qui s'annonce déjà chaude, les alentours et l'intérieur du cimetière de Gounghin grouillaient de monde. Pendant qu'une partie des parents, amis et connaissance du disparu était encore à la cathédrale pour l'absoute, d'autres ont préféré les devancer pour se retrouver au cimetière, là où Norbert Tiendrébéogo reposera pour l'éternité. Sont de ceux-là l'ancien député Nestor Bassière, Balima Boureima et Boukary Kaboré, dit le Lion. Le premier, la voix étreinte par l'émotion, révèlera que dans le domaine politique, c'est le regretté qui lui a mis le pied à l'étrier. Il a ainsi relaté son cheminement avec celui qu'il appelle affectueusement Prési, depuis Bobo-Dioulasso, dans le Comité d'action et de réflexion sur l'unité sankariste (CROSS) à la présidence du Front des forces sociales (FFS), en passant par l'union sacrée qui a fait de lui député de Bobo Dioulasso et de son maître à penser, parlementaire du Kadiogo. Et comme cela arrive souvent en politique, il y eut des divergences, en 2009. «J'avoue que cela n'a entamé en rien nos relations. Nous nous sommes retrouvés plusieurs fois, notamment lors du congrès du FPI en Côte d'Ivoire. La dernière fois que je l'ai vu, c'était le 15 mai dernier, sur son lit d'hôpital. Nous étions allés lui rendre visite avec Mariam Sankara. Il nous a demandé si la Convention se déroulait bien».

Si Nestor Bassière fut un compagnon politique de l'ancien CDR de St-Léon, Boureima Balima, lui, fut son camarade de classe, de la 1re à la terminale au lycée Philippe-Zinda-Kaboré. Ce dernier garde de son condisciple le souvenir d'un jeune homme qui, une fois sa décision était prise, ne reculait devant rien et était toujours inflexible dans ses engagements. «Déjà au football, c'était un très bon battant en milieu de terrain. Je l'ai surtout remarqué dans les matches interquartiers, quand j'officiais comme gardien de buts à Koulouba et lui comme avant-centre dans l'équipe des quartiers saints», a rappelé Balima. «C'est un compagnon de route que nous perdons. L'on aurait voulu l'avoir encore à nos côtés, mais Dieu en a décidé autrement. Nous ne pouvons qu'accepter», s'est, dans la même veine, ému Boukary Kaboré, dit le Lion, cet autre grand sankariste devant l'Eternel.

Curieux hasard du destin cependant, qui a voulu que, pendant que l'on enterre celui qui est resté sankariste jusqu'à la fin de sa vie, dans un autre cimetière (celui de Dagnoën) l'on exhume les restes de son héros. Contre toute attente, le mot « exhumation » fait sortir Boukary Kaboré de ses gongs. « Vous connaissez ma position sur l'exhumation. Je suis totalement opposé ! J'y suis totalement contre cela ! Ça fait partie de nos interdits. Vous savez ce qui arrive quand on brave les interdits ? Est-ce qu'on sait ce qui peut nous arriver les jours à venir ? Que Sankara se trouve dans cette tombe ou pas, Sankara est poussière depuis longtemps ! Le dossier Sankara n'est pas un dossier à envoyer en justice. On est parti pour 30 ans au moins ! Il faut plutôt une mesure exceptionnelle qui permette de prendre les tueurs et de faire justice pour la famille. C'est tout !».

Il est 10h30 dans le cimetière de Gounghin, et déjà, le soleil est de plomb. L'on annonce l'arrivée du cortège funèbre. Il y a mouvement vers le lieu de la sépulture. La famille du défunt, de blanc vêtue, a pris place sous un arbre. Les regards de la veuve Tiendrébéogo ainsi que de ses trois enfants sont insoutenables. Dans le silence assourdissant, une chorale entonne des cantiques. Quatre personnes ont témoigné devant le cercueil, pour dire le bien qu'ils pensent du disparu : il s'agit d'Oumarou Kola (pour le compte de la banque où travaillait le regretté), de Saran Sérémé (partis politiques de l'opposition) de Fatimata Bancé (Front des forces sociales) et, enfin, de Serges Damiba (pour le compte de la famille). Puis est arrivé le moment le plus éprouvant, tant pour les proches que pour les pauvres mortels que nous sommes : la mise en terre de celui qui devrait faire valoir ses droits à la retraite en septembre prochain.

Issa K. Barry

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