Décès du colonel Saye Zerbo : Ouaga-Tougan sans retour

| 23.09.2013
Réagir
Décès du colonel Saye Zerbo : Ouaga-Tougan sans retour
© DR / Autre Presse
Décès du colonel Saye Zerbo : Ouaga-Tougan sans retour
Le président Saye Zerbo n'est plus de ce monde. Il est en effet décédé le jeudi 19 septembre 2013 dans la capitale burkinabè des suites de complications cardiaques. Le samedi 21 du mois courant, sa dépouille mortelle a été transférée à Tougan, la ville qui l'a vu naître 81 ans plus tôt. Avant cet ultime voyage de celui-là qui a dirigé la Haute-Volta, aujourd'hui Burkina Faso pendant un an 11 mois et 12 jours, une cérémonie militaire empreinte d'émotion a été organisée à la place de la Nation où le gotha de la république lui a rendu un dernier et vibrant hommage.

Il était 9 heures passées de quelques petites minutes quand le cercueil du colonel Saye Zerbo recouvert du drapeau national, entouré de soldats et transporté par un véhicule militaire encadré par des sapeurs-pompiers est arrivé à la place de la Nation. Le public avec à sa tête le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, représentant le chef de l'Etat en mission aux Etats-Unis et les membres du gouvernement se tient debout en signe d'hommage à l'illustre disparu. Pouvait alors commencer la cérémonie officielle qui a été assez brève. La biographie de l'ancien président, né le 27 août 1932 à Tougan est déroulée (Lire «Regard sur l'actualité» du 20 au 22 septembre 2013). Les honneurs sont rendus par la fanfare qui distille une mélodie de circonstance très mélancolique. Elle exécute par la suite le Ditanyè, l'hymne de la victoire. Après un défilé militaire assuré par quelques corps de l'Armée nationale est intervenue la levée de la dépouille autour de 9 heures 30. Le cercueil est placé cette fois-ci dans un corbillard militaire précédé d'une escorte de motards de la Gendarmerie nationale. Direction, le domicile de l'homme du 25-Novembre 1980 où sa famille a pu s'incliner sur son cercueil pour la dernière fois avant son ultime voyage dans sa ville natale de Tougan, localité située dans la province du Sourou, à 220 km de Ouagadougou. Il y repose pour l'éternité depuis hier dimanche 22 septembre 2013 dans la cour familiale. Saye Zerbo rejoint dans la mort deux autres personnalités burkinabè d'origine Samo*. Il s'agit du président Aboubacar Sangoulé Lamizana, décédé le 26 mai 2005 ; et l'historien et homme politique, Joseph Ki-Zerbo, co-directeur de «L'histoire générale de l'Afrique», commandité par l'UNESCO, disparu, lui, le 4 décembre 2006 à Ouagadougou.

D. Evariste Ouédraogo

*Les Samo sont un peuple mandingue établi principalement au nord-ouest du Burkina Faso et également de l'autre côté de la frontière au sud du Mali. Ils sont les parents à plaisanterie de l'ethnie majoritaire du «Pays des hommes intègres», les Mossé.

Ils ont dit

Luc Adolphe Tiao, Premier ministre du Burkina Faso :

Je voudrais d'abord réitérer les condoléances de son Excellence monsieur le Président du Faso qui malheureusement n'ai pas là en ce moment mais m'a chargé de traduire une fois de plus ses sentiments de soutien à la famille. J'ai connu le colonel Saye Zerbo quand j'étais journaliste. J'ai travaillé à un moment donné dans son cabinet. J'ai eu la chance de l'avoir accompagné dans ses déplacements à travers le Burkina Faso dans les années 1980. Je retiens que c'est un homme très robuste, quelqu'un de très volontaire qui avait la détermination de changer les choses. C'était aussi un homme humble et modeste. Malgré les événements qu'il a connus il est toujours resté le même.

Général de brigade, Honoré Nabéré Traoré, chef d'état-major général des armées:

Militaire et ancien chef d'Etat, par conséquent chef suprême des armées, il était indiqué que ses frères d'armes puissent lui rendre les derniers honneurs. Raison pour laquelle la cérémonie d'aujourd'hui a été organisée. J'ai eu personnellement la chance de le connaître quand il était en activité. C'était un officier de grande valeur qui a dirigé le Régiment interarmée. Il était très estimé, humble comme tous les officiers de la génération postindépendance. Il a pu aussi au niveau de l'Etat occuper de hautes responsabilités. Vous vous souvenez sans doute du soutien populaire dont il a bénéficié durant les deux années d'exercice du pouvoir d'Etat. C'était un grand homme qui nous laisse un très bel exemple de courage, d'équité et surtout de patriotisme. Saye Zerbo était un grand patriote.

Larlé naba Tigré, ministre du Mogh-naba Baogho :

Le président Saye Zerbo et feu mon père ont fait la guerre d'Indochine et d'Algérie ensemble. Mon géniteur est celui qui lui a permis d'acquérir la parcelle où il a construit sa résidence. Le colonel me considérait comme son fils et il m'a toujours vu comme tel jusqu'à son dernier souffle. Nous sommes donc venus honorer sa mémoire avant qu'il ne rejoigne sa dernière demeure. Les populations lui ont en tout cas rendu un hommage mérité. Cela est tout à fait normal car nous n'ignorons pas ce qu'il a fait comme travail. Nous souhaitons donc que la terre libre du Burkina lui soit légère et que là où il sera désormais, il prie pour la paix dans notre chère patrie. Que ces enfants vivent dans une parfaite harmonie comme cela a toujours été quand leur père était parmi eux.

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité