La chute de Blaise Compaoré il y a deux ans lui avaitredonné des ailes. Cet homme à l’évidence hanté à jamais par la mort le 15 octobre 1987 de son mentor et ami, Thomas Sankara, était petit à petit sorti du silence qu’il s’imposait depuis des années. Il avait accepté de parler, en off d’abord, puis publiquement, et avait commencé à livrer des détails sur la fin tragique de celui qu’il était censé protéger.
Il s’était même pris à rêver d’un retour définitif au pays. Il n’en aura pas eu le temps : Etienne Zongo, le fidèle aide de camp de Thomas Sankara, est mort le 3 octobre dans son pays d’exil, le Ghana, des suites semble-t-il d’un cancer. Son corps a été inhumé le 13 octobre dans son village de Laye, situé à 35 km de Ouagadougou, sur la route de Ouahigouya.
De l’aide de camp à l’ange gardien
Dans Capitaine Thomas Sankara, le documentaire de Christophe Cupelin sorti en salles l’année dernière et réalisé avec des images d’archives, il était de tous les plans ou presque. Seuls ceux qui le connaissaient ont reconnu sa silhouette longiligne et son visage juvénile escorter de près Thomas Sankara. Fidèle à sa fonction et à son tempérament, il faisait attention à ne jamais prendre la lumière. Héros anonyme d’un film qu’il avait vu et apprécié, Etienne Zongo fut avant tout le témoin privilégié, puis oublié, d’une révolution.