Le sergent Adama Dabourgou, 35 ans et ses frères d’armes, les soldats de 2e classe, Zoël Ouédraogo, Alain Ouédraogo et Hamidou Bationo, tous âgés de 22 ans reposent désormais au cimetière de Gounghin. Le premier, porté disparu lors de l’attaque d’Intagom, a été retrouvé mort, le 15 octobre 2016. Les trois autres ont perdu la vie lors du même assaut, le 12 octobre 2016. En présence des autorités gouvernementales, militaires, parents et proches, les quatre militaires ont reçu les hommages de la nation entière au camp général Aboubacar-Sangoulé-Lamizana lors de la levée des corps. Sous une forte pluie, une messe œcuménique a été dite pour le repos de leurs âmes. Dans une atmosphère de vive émotion et devant des parents inconsolables, le cortège funèbre des « braves soldats » a pris la route du cimetière de Gounghin, situé à quelques pas du Camp militaire. Avant d’être inhumés, ceux qui sont tombés au front ont été décorés à titre posthume de la médaille militaire. Qui étaient les quatre compagnons d’infortune ? Ils appartenaient au 11e régiment d’infanterie commando basé à Dori, chef-lieu de la région du Sahel. Le sergent Adama Dabourgou est né le 19 juillet 1981 à Bobo-Dioulasso. Il est incorporé dans les Forces armées nationales(FAN) le 3 novembre 1999. A l’issue de sa formation, il est affecté au 32e régiment d’infanterie commando à Fada N’Gourma dans la région de l’Est. Il suit entre temps avec succès le stage d’initiation aux techniques commandos à Pô en 2001. Après, il va servir au détachement de Kompienga. « Sa diponibilité et son dévouement ont prévalu sa nomination à l’emploi de 1re classe pour compter du 1er avril 2004 », a déclaré le chef de corps du 11e régiment d’infanterie commando de Dori, le commandant Evariste D. Somé. En octobre 2005, il obtient le grade de caporal et en 2012 celui de caporal-chef. Bien avant, en 2006, le sergent Dabourgou sert au 30e régiment d’appui et de soutien de Ouagadougou. Membre du bataillon Laafi 3, il participe à la mission de maintien de la paix au Darfour. Le 1er avril 2014, il porte le grade de sergent et part servir au 11e régiment d’infanterie commando à Dori. Il est muté par la suite à la 1re compagnie d’infanterie commando en septembre 2015. Il est désigné, le 10 septembre 2016 pour un séjour opérationnel de quatre mois à Markoye et déployé comme chef de détachement à Intangom. « Sous-officier discipliné, disponible et travailleur, il nous quitte aujourd’hui après 16 ans et 11 mois de service effectif en laissant derrière lui une veuve et deux orphelins », a indiqué le commandant Somé.
« Disciplinés et travailleurs »
Quant à Zoël Ouédraogo, il est né le 28 avril 1994 à Gourcy dans la province du Zandoma. Son compagnon Alain Ouédraogo a vu le jour le 13 août 1994 à Maro dans la province du Tuy. Hamidou Bationo est né en 1994 à Tiogo dans la province du Sanguié. Tous, trois soldats de 2e classe, ils ont été incorporés le 1er décembre 2014. Après avoir suivi leur formation militaire initiale, ils sont mutés dans la première région militaire, le 16 juillet 2015. De la première région, ils sont tous affectés au 11e régiment d’infanterie commando de Dori en septembre 2015. Ils servent ensuite à la compagnie de commandement d’appui et de soutien à partir du 26 octobre 2015. A l’instar du sergent Dabourgou, ils sont désignés, le 10 septembre 2016 pour un séjour de quatre mois au groupement des forces antiterroristes à Markoye. Ils tombent les armes à la main à la suite de l’attaque d’Intangom du 10 octobre 2016. « Reconnus pour leur discipline et leur amour du travail, ils nous quittent aujourd’hui après une année et dix mois de service effectif », a soutenu le commandant Evariste D. Somé.
Le ministre en charge de la sécurité intérieure, Simon Compaoré, réconfortant les parents des défunts, a appelé à l’union des cœurs face à un ennemi invisible qui sème la désolation. « J’ai la certitude que nous allons survivre. C’est dur et le moral est atteint, mais nous devons conjuguer nos efforts au moment où la nation est éprouvée et nous dire que notre lutte ne sera pas veine », a-t-il laissé entendre.
Karim BADOLO
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Dernière minute
Encore des tirs inconnus au Sahel
Pendant que les Forces armées nationales enterraient à Ouagadougou, leurs morts d’Intangom, dans l’après-midi d’hier 18 octobre, nous apprenions que des individus non encore identifiés tiraient à Kereboulé, une localité située dans la commune rurale de Nassoumbou, à 70 km de Djibo, vers la frontière avec le Mali. Les tirs auraient duré de 16h à 18h au moins, avant que les auteurs ne se retirent vers la frontière malienne. Au moment où nous tracions ces lignes, il y avait très peu d’informations précises en notre possession. Il nous est revenu, d’une source à Djibo, que des Forces de défense et de sécurité (FDS) s’organisaient pour aller sur les lieux.
Nous y reviendrons.