A qui profite la mort de Salifou Nébié ?

| 31.05.2014
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Salifou NEBIE
© DR / Autre Presse
Salifou NEBIE
Avant tout, comme le recommande les civilités, inclinons-nous devant la mémoire de cet illustre fils du Burkina qui nous a brutalement quitté alors qu'on avait encore besoin de lui. Paix à son âme et que la terre libre du Burkina, qu'il a servie, lui soit légère. Passées donc ces politesses, posons tout de suite la question : à qui profite la mort du constitutionnaliste Salifou Nébié ? A priori, personne n'a intérêt dans la mort de quelqu'un. A moins que... Justement, c'est là que se pose la question. Salifou Nébié était-il dérangeant ? Si oui, qui dérangeait-il ? Ou, qui peut-il déranger au point de lui ôter la vie ?

Nommé par Blaise Compaoré au compte des membres du Conseil constitutionnel que lui autorise la loi, Salifou Nébié l'aura été sans doute du fait de son intégrité, de son indépendance d'esprit et de sa connaissance des arcanes de la justice. Autrement dit, il était un homme de confiance de celui qui l'a nommé pour faire respecter les lois, la Constitution que lui-même est chargé de défendre. A ce titre, on peut considérer que sa disparition constitue une perte pour Blaise Compaoré et pour son pouvoir. Sans conclure définitivement, on peut supposer qu'il n'a pas, personnellement, intérêt dans la mort de Salifou Nébié.

Son pouvoir a-t-il intérêt ? Sans doute que non. En effet, pour qui se rappelle (c'est douloureux) de la mort de notre confrère Norbert Zongo, mort qui a failli emporter Blaise Compaoré et son pouvoir, on peut dire que son pouvoir n'a aucun intérêt à ce qu'il y ait mort suspecte d'homme en ce moment au Burkina. Et ce d'autant plus qu'une mort dans ces conditions peut être sujette à diverses interprétations et conduire à des mouvements incontrôlables. N'est-ce pas pour cette raison que le gouvernement prend suffisamment de précautions pour encadrer et faciliter les manifestations ? N'est-ce pas aussi pour cette même raison que les organisateurs des manifestations publiques à caractère politique prennent suffisamment de mesures pour sensibiliser leurs militants afin qu'ils évitent tout débordement susceptible d'engendrer de la violence ?

D'ailleurs, n'est-ce pas de ces précautions prises, de part et d'autre, que profitent certaines organisations pour faire pratiquement de la pagaille sur la voie publique ? Tout simplement parce que ces organisateurs savent et se disent qu'en cas de cas graves, le peuple va se soulever. On a même souvent l'impression, par moments, que c'est fait pour cela.

C'est dire que dans la situation où se trouve le Burkina, personne (à moins que ce soit un maniaque), n'a intérêt dans la mort suspecte d'un Burkinabè. Mais, comme nous le disions, à moins que les intentions soient effectivement de créer un soulèvement avec pour objectif final de rendre le pays ingouvernable. C'est pourquoi, le gouvernement doit mettre tous les moyens nécessaires à la disposition de la justice pour élucider avec la plus grande diligence cette question. Afin d'éviter qu'elle ne soit récupérée par qui que ce soit. C'est une question nationale, et elle doit être traitée comme telle. L'argument du matériel (si c'est avéré) dont on ne dispose pas ici au Burkina pour ce genre d'autopsie ne convient pas. Et là, pas du tout ! D'ailleurs, il serait plus intéressant et crédible que cette autopsie soit faite ailleurs par des spécialistes neutres. Ce qui permettrait de noyer tous les soupçons que certaines personnes malintentionnées pourraient avoir. En tous cas, le plus tôt serait le mieux.

Dabaoué Audrianne KANI

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