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Namissiguima: des maisons saccagées, un véhicule brûlé

| 17.01.2015
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Namissiguima: des maisons saccagées, un véhicule brûlé
© DR / Autre Presse
Namissiguima: des maisons saccagées, un véhicule brûlé
Les manifestations des populations contre la société minière Truegold se sont poursuivies dans la journée du vendredi 16 janvier 2015 à Namissiguima, à une trentaine de kilomètres de Ouahigouya. Le bilan fait état de quatre domiciles appartenant à des personnes jugées proches de la société saccagés et un véhicule incendié.


Le climat reste tendu entre l'entreprise d'exploitation minière Truegold et les habitants de la commune de Namissiguima. Après l'incendie des équipements de la société, le 14 janvier dernier, une sorte de chasse aux sorcières s'est installée dans la localité. Lorsque nous y arrivions dans la soirée du 16 janvier 2015, le calme était revenu.

Toutefois, à en juger par les regards furtifs et méfiants jetés sur les passants, on se doutait bien pas les habitants étaient toujours sur le qui-vive. Nous tentons d'avoir des bribes d'informations auprès de quelques uns, mais peine perdue. La déclinaison de notre identité ne convainc pas beaucoup.

Ils préfèrent nous renvoyer chez le préfet qui est le président de la délégation spéciale. Au bord de la voie, une mini villa en finition dont un pan entier du mur est par terre et les portes et fenêtres défoncées, attire les regards.

Un boutiquier, moins taciturne, indique qu'il s'agit de la cour de l'ex-maire, Abdoulaye Ouédraogo. C'est lui qui nous renseigne également que le préfet de la localité, Abdoulaye Barry, serait à Ouahigouya. Joint au téléphone, celui-ci confirme.

A l'entendre, la situation l'a obligé à s'éclipser un instant car il était en insécurité. Par rapport à l'ampleur des dégâts, M. Barry dit ne pas pouvoir l'évaluer pour le moment mais atteste qu'il y a eu des maisons détruites.

Nous progressons vers la cité sainte, Ramatoulaye. A quelques mètres des habitats, un attroupement des bambins attire l'attention. Pendant que les uns étaient en train de fouiner dans une carcasse de ferrailles d'un véhicule incendié, les autres se contentaient de satisfaire leur curiosité.

Il s'agit de la voiture du petit frère du cheikh, El hadj Bonaofo Maïga, apprend-on. Nous nous rendons au domicile d'un des frères de ce dernier qui nous renvoie ensuite à leur porte-parole, El hadj Moumouni Bagaya. Celui-ci est en même temps le président des jeunes de Ramatoulaye. A ce niveau, les langues commencent à se délier.

Des persona non grata à Namissiguima

Entouré de quelques jeunes, M. Bagaya explique les raisons de ce regain de tension: ‹‹ Notre manifestation s'inscrit toujours dans la lutte engagée contre l'implantation de Truegold dans la localité. Mais aujourd'hui, elle vise particulièrement ceux qui travaillent ou qui ont des relations avec la société ››.

A son avis, les personnes concernées ont pris fait et cause pour Truegold tout en se désolidarisant de la population. ‹‹ Comme ces gens soutiennent la société, les jeunes ont estimé qu'après l'incendie du matériel, il faut maintenant régler leurs comptes ››, a-t-il indiqué.

A en croire le président des jeunes, cinq personnes étaient dans le collimateur des manifestants dont quatre, tous de Namissiguima, ont eu leurs domiciles saccagés. Selon lui, la révolte des jeunes se justifie par le fait que trois des cinq victimes ont tenu des propos offensants et provocateurs à l'endroit des détracteurs de la société minière.

‹‹ Il y a des gens qui disaient que personne ne peut les empêcher de travailler avec Truegold. Et d'autres ont même menacé de s'en prendre un à un aux meneurs de la lutte. Ce sont les domiciles de ces personnes que nous avons attaqués ››, a relaté M. Bagaya. Après Namissiguima, les jeunes se sont ensuite dirigés vers Ramatoulaye pour en finir avec la cour du frère du Cheikh mais leur président dit les avoir dissuadés en leur faisant comprendre que l'intéressé a construit sa maison bien avant l'arrivée de Truegold.

"Ils ont dit que si on ne les laisse pas saccager à Ramatoulaye, ce sera de la discrimination. Pour eux, c'est soit le domicile, soit le véhicule. Beaucoup ne savent pas que le frère du Cheikh n'est plus à Truegold ››, a souligné M.Bagaya.

Finalement, la cinquième victime a vu sa voiture trimbalée hors des habitats et incendiée sous la furie des manifestants. L'intervention de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS), a toutefois permis de limiter les dégâts.

Les populations de la localité disent toujours camper sur leur positon en demandant le départ de Truegold. Elles ont, à cet effet, entamé un jeûne de quatre jours.

Mady KABRE

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