Là où je suis révolté, c'est quand on tient à filmer ces misérables qui ne se rendent même pas compte qu'on est en train de vendre leur misère sur toute la planète
On peut remettre des bols de riz ou des tonnes de sacs de maïs ou encore des couvertures à des pauvres. Là où je suis révolté, c'est quand on tient à filmer ces misérables qui ne se rendent même pas compte qu'on est en train de vendre leur misère sur toute la planète. Non, non, ce n'est pas sérieux. Et puis, on oublie que ceux qu'on filme et qu'on présente sur le petit écran ont des parents. Ils sont pauvres certes, mais ils ont une dignité qu'il faut respecter. Quand même ! Vous ne croyez pas ? Je sais que je ne peux rien contre cette manière de faire de la « pub » autour de notre misère, mais je vais quand même en parler. Il vous revient de transmettre mon ras-le-bol à ceux qui font ça. Imaginez un peu si vous étiez à la place de ces pauvres.
Et là où je suis davantage révolté, c'est que les organisateurs de ces cérémonies de « générosité » investissent plus dans la « pub » que dans les dons. Oui, oui. Figurez-vous qu'ils dépensent 500 000 F CFA pour inviter les différentes télévisions, 450 000 F CFA pour inviter la presse écrite et 300 000 F CFA pour se faire interviewer par les chaînes de radio. Je ne parle pas du cocktail qui va suivre la cérémonie. Là, je ne peux pas trop parler car, il y a souvent des restes et parfois, je ne suis pas très loin des lieux pour bondir sur les morceaux de viande ou de pain qu'on jette dans les poubelles. Mais je vais parler quand même.
Donnez plus d'un million aux pauvres (sans montrer leurs visages) et économisez l'argent de la publicité pour la prochaine action humanitaire. Oui, oui. Le bien ne fait pas de bruit
Je disais donc que ces « généreux » préfèrent investir dans la publicité que de donner véritablement. Si on peut dépenser plus d'un million de F CFA pour voir son image à la télé, voir sa photo dans un journal ou s'entendre à la radio, alors que la valeur du don fait à ces misérables ne dépasse pas 200 000 F CFA, vous comprenez qu'il y a problème. Ne pensez pas que c'est parce que je suis fou que je parle ainsi. Vous-mêmes, vous savez que ce n'est pas sérieux. Inversez la tendance, chers « généreux » ! Donnez plus d'un million aux pauvres (sans montrer leurs visages) et économisez l'argent de la publicité pour la prochaine action humanitaire. Oui, oui. Le bien ne fait pas de bruit. Respectez nos mamans, nos enfants, etc. Je suis fâché. Mais, bon, je comprends. Il faut des coupures de presse aux bailleurs de fonds pour mieux les amadouer et espérer un financement meilleur les prochaines fois. Mais enfin, ceci ne doit pas expliquer cela. Ressaisissons-nous et agissons en respectant la dignité des autres. Cela me semble plus humain.
Le Fou