Originaire du village de Tansombo dans la commune rurale de Ouindigui, Mariam Niampa est élève en classe de 3e dans un établissement privé de Titao. Alors qu'elle était allée passer ses vacances dans son village natal, elle apprenait, le 28 juin dernier, qu'elle se mariait ce jour-là même. Informée, elle décide de s'enfuir, mais prend le soin d'en informer sa grand-mère qui le lui déconseilla. Sa mère, l'une des trois épouses de son père, n'a rien fait pour empêcher ce mariage forcé. La jeune fille quitte la cour familiale, pour se retrouver d'abord à Ouindigui, puis à Titao. Ses parents menacent de venir la chercher de force, ce qui la contraint à aller chez un oncle maternel à Ouaga. Ce dernier se résolut à trouver une place dans un établissement pour qu'elle puisse poursuivre ses études dans la capitale. Mis au courant, les parents de Mariam et son futur mari mettent la pression sur l'oncle et menacent de lui créer des problèmes s'il ne se débarrassait pas de la fille. Excédé, l'oncle finit par dire à la pauvre fille de regagner Titao. C'est sur le chemin du retour que nous l'avons rencontrée le 6 octobre à Ouahigouya. Elle nous fait cette confidence toute en larmes : « Jusque-là, je ne connais pas mon supposé mari. On m'a simplement dit qu'il est orpailleur à Séguénéga. Le jour de mon mariage, je revenais des champs quand j'ai entendu des murmures à mon propos. Lorsque j'ai cherché à comprendre, personne ne voulait me dire quelque chose, même pas ma propre mère. J'ai subi toutes sortes de menaces avant d'aller me confier au directeur de l'Action sociale et de la solidarité nationale. Je tiens à remercier ce monsieur pour tout ce qu'il a déjà fait pour moi. Je demande à toutes les bonnes volontés de m'aider à sortir de cette situation. Je suis dans la détresse ».
La situation de Mariam Niampa est un cas suffisamment grave pour que le directeur s'implique personnellement et il nous dit pourquoi : « Ce qui est pernicieux dans ce phénomène social, c'est la déscolarisation des filles pour les donner en mariage. Nous avons géré plusieurs dossiers, mais ce dossier-là n'est pas simple. Nous tenons à porter le message plus haut parce que nous avons tenté sans succès de résoudre, par tous les moyens, cette situation. Lorsque Mariam a fui pour venir vers nous, nous l'avons placée dans une famille en attendant de rencontrer ses parents. Cela fait plus de 3 mois que nous sommes sur le dossier, mais nous n'avons pas progressé. Finalement, nous avons pris l'initiative de porter l'affaire devant les tribunaux. Nous avons exploité toutes les voies de médiation mais rien n'a abouti. Nous avons saisi un juge qui nous a rassurés que le dossier sera diligenté avec la plus grande attention ». Mariam, il faut le préciser, est rentrée à Titao le lundi 7 octobre dans la soirée où elle est prise en charge par le directeur provincial de l'Action sociale et de la solidarité nationale. Selon M. Savadogo, premier responsable de l'Action sociale et de la solidarité nationale du Loroum, Mariam se trouve dans une véritable tourmente. « Aucun membre de la famille ne veut la recevoir. Tout le monde la fuit. L'oncle maternel de Mariam qui a voulu payer sa scolarité, a été découragé par les parents et le mari qui lui ont adressé des propos discourtois. Nous voulons que les uns et les autres sachent que le temps des mariages forcés est révolu », a soutenu le directeur provincial.
Hamed Nabalma