Vie chère: une journée de protestation le 8 avril

| 03.04.2015
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Vie chère: une journée de protestation le 8 avril
© DR / Autre Presse
Vie chère: une journée de protestation le 8 avril
La Coalition contre la vie chère, la fraude et l'impunité et pour les libertés (CCVC) n'est pas d'accord avec la déclaration du Premier ministre Yacouba Isaac Zida contre les mouvements de protestations tous azimuts. Elle l'a fait savoir lors d'une conférence de presse qu'elle a tenue le jeudi 2 avril 2015 à Ouagadougou pour annoncer le déroulement de la journée nationale de protestation prévue le 8 avril prochain. Ce, pour exiger la satisfaction de sa plateforme revendicative.


Les membres de la CCVC ont justifié la tenue de cette journée nationale de protestation par l'inaction des autorités de la Transition dans le traitement des dossiers de crimes économiques et de sang en instance et par les souffrances de la population du fait de la cherté de la vie. La journée annoncée par la CCVC consistera en une grève générale de 24 heures des travailleurs du public et du privé, ainsi que des élèves et des étudiants sur toute l'étendue du territoire national. Elle va se manifester sous plusieurs formes, selon les régions.

Celle retenue pour Ouagadougou est le grand meeting à la place de la Nation. Une option faite par le comité d'organisation et non une imposition des autorités de la Transition, à en croire le premier vice-président de la CCVC, Chrysogone Zougmoré, qui a précisé que dans les autres localités, des marche-meetings, des sit-in et des assemblées générales seront organisés avec pour seul objectif d'exiger la prise de mesures urgentes contre l'impunité et la vie chère. «Avec l'insurrection populaire, le peuple insurgé s'attendait à ce que la fameuse formule «plus rien ne sera comme avant» lancée par le président de la Transition lors de son investiture se traduise en acte concret. Hélas, au grand dam de celles et ceux qui avaient misé sur la bonne foi des dirigeants de la Transition, plus de quatre mois après la mise en place des organes de ladite Transition, tout semble être malheureusement comme avant», a déploré Chrysogone Zougmoré.

C'est pourquoi la CCVC a décidé d'interpeller à nouveau le gouvernement de la Transition sur les préoccupations pressantes des populations qu'elle a synthétisées dans sa plateforme d'action et déclinées en une plateforme revendicative minimale. Cette journée de protestation vise donc à amener le gouvernement «à un examen sérieux de la plateforme d'action de la CCVC». Sur la question des crimes économiques et de sang, «aucun fonds ou bien des dignitaires de la IVe République n'a été saisi. Les dossiers Thomas Sankara, Boukary Dabo, Norbert Zongo et autres restent toujours en souffrance. Le plus écœurant reste le dossier des martyrs de l'insurrection qui n'a jusqu'à présent pas connu d'instruction», a regretté le président du mois des centrales syndicales, Paul Kaboré.
Les responsables de la CCVC exigent par ailleurs des actes concrets quant à la lutte contre la vie chère. Sur cette question, «suite à la pression de la population à travers la CCVC, le gouvernement n'a concédé qu'une timide diminution sur le prix des hydrocarbures (...) Ainsi, du fait du refus du gouvernement de baisser de manière significative les prix des hydrocarbures, les prix des produits de première nécessité restent inaccessibles à la grande masse des Burkinabè (...), il serait irresponsable de rester les bras croisés sous prétexte que nous sommes en période de transition», a signifié le porte-parole des organisateurs de la l'activité, Chrysogone Zougmoré.
La CCVC appelle ainsi toutes les couches socioprofessionnelles du Burkina à prendre part activement à ladite journée afin de mettre davantage la pression sur le gouvernement.

La conférence de presse s'est tenue en présence des premiers responsable du Syndicat national des travailleurs des douanes du Burkina (SYNATRAD), de l'Union générale des étudiants du Burkina (UGEB) et du Collectif CGT-B (Confédération générale des travailleurs du Burkina). La Coalition a saisi cette occasion pour répondre, par la voix de son premier vice-président, au Premier ministre pour ce qui est de sa déclaration de condamnation des mouvements de protestation. Aux dires de ce dernier qui a tenu à rappeler le contexte ayant abouti à la mise en place de ce gouvernement de Transition, «c'est révoltant pour le peuple burkinabè, c'est insultant pour la mémoire des martyrs».
Omar Compaoré

Voici l'intégralité du préavis:

CCVC
Préavis de grève le mercredi 8 avril 205

Excellence Monsieur le Président du Faso,

Le 4 février 2015, la CCVC a organisé sur l'ensemble du territoire un sit-in pour exiger une baisse significative des prix des hydrocarbures. Les 17 et 18 février, l'Unité d'Action Syndicale a mené une grève autour d'une plate-forme minimale prenant en compte la diminution des prix des hydrocarbures.
Appréciant la diminution de 25 F opérée pour une deuxième fois par le gouvernement sur le prix de l'essence, la Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l'impunité et pour les libertés dont est partie intégrante l'UAS, a indiqué qu'elle était nettement en-deçà de ses attentes.
Par la présente, les organisations syndicales suscitées appellent les travailleuses et travailleurs des secteurs public, privé et parapublic à une journée nationale de protestation le mercredi 8 avril 2015 pour exiger du gouvernement la satisfaction de la plate-forme minimale ci-après:

I. Mesures urgentes contre l'impunité et pour l'élargissement des libertés
1. Mandat d'arrêt international contre Blaise Compaoré et François Compaoré et mise aux arrêts de toute personne impliquée dans les crimes de sang et crimes économiques; Identification et saisie des biens et fonds détournés par les dignitaires du régime de Blaise Compaoré et prise sans délais de mesures nécessaires, en vue de recouvrer l'ensemble des fonds expatriés;

2. Vérité et justice pour Norbert ZONGO, Thomas SANKARA, Boukary DABO, les martyrs de l'insurrection et toutes les victimes de crimes de sang; jugement et châtiment des auteurs et commanditaires de ces crimes et des crimes économiques, qui doivent être frappés d'indignité politique et électorale;
3. Audit des opérations de lotissement; jugement des auteurs de pillage du foncier; retrait des parcelles spoliées et leur réattribution aux victimes et/ou aux citoyens dans le besoin. Diminution, réglementation et contrôle des prix des loyers;
4. Dissolution du Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP);
5. Respect et élargissement des libertés individuelles et collectives: réintégration des travailleurs abusivement licenciés, abrogation du texte instituant les zones dites rouges et tous les textes de lois liberticides.
II. Mesures sociales vigoureuses contre la vie chère
1. Diminution significative des prix des hydrocarbures et des produits de grande consommation tels que le riz, l'huile, le savon, le sucre, et contrôle de la qualité et des prix des produits;
2. La révision de la loi 013/98 /AN du 28 avril 1998 portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la Fonction publique, de la grille salariale des agents publics de l'Etat et de la loi 028 – 2008/AN du 13 mai 2008 portant Code du travail et de la loi 027 portant régime applicable aux agents des collectivités territoriales selon une échéance et un calendrier qui seront arrêtés de commun accord avec les syndicats;
3. La relecture consensuelle de l'arrêté conjoint n°2013-195/MEF/MFPTSS du 30 mai 2013 portant procédures de traitement et modalités de liquidation de la retenue salariale pour fait de grève;
4. La mise en œuvre des engagements pris par le gouvernement relatifs d'une part au check off et son élargissement au privé et au parapublic, d'autre part à l'organisation des élections professionnelles.
5. La suppression de l'Impôt Unique sur les Traitements et Salaires (IUTS) sur les primes et indemnités servies aux travailleurs du privé et des établissements publics et parapublics de l'Etat.
6. Création d'emplois décents et stables pour la jeunesse;
7. Suspension du système LMD (Licence-Master-Doctorat) dans les Universités publiques, en attendant de réunir les conditions de sa mise en œuvre. Augmentation du taux de l'aide et son élargissement à tous les cycles d'enseignement;
8. Prise de mesures adéquates en matière d'infrastructures et d'équipements, de ressources humaines, de gestion des carrières du personnel, du contenu de l'enseignement dans le cadre du transfert du préscolaire et du post primaire;
9. Prise de mesures urgentes en faveur des travailleurs ayant perdu leur emploi du fait de la destruction de leur entreprise lors de l'insurrection.
Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Président du Faso, l'expression de notre très haute considération.

Ouagadougou, le 18 mars 2015
Ont signé :
UNITE D'ACTION SYNDICALE (UAS)

LES CENTRALES SYNDICALES DU BURKINA FASO :
• Confédération Générale du Travail du Burkina (CGT-B)
• Confédération Nationale des Travailleurs Burkinabè (CNTB)
• Confédération syndicale Burkinabé (CSB)
• Force Ouvrière – Union Nationale des Syndicats Libres (FO- UNSL)
• Organisation Nationale des syndicats libres (ONSL)
• Union Syndicale des Travailleurs Burkinabè (USTB)

LES SYNDICATS AUTONOMES:

SAIB – SATB – SAMAE –SATEB –SNEAB–SNESS– SYNATEB – SYNATIC–SYNTAS
SYNTRAPOST– SYNAPAGER–SYNATIPB – SYNATRAD–SYSFMAB– SYNATEL – UGMB

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