Médias d'Etat, une presse acquise et soumise, «une presse ridiculisée à la limite qui fait la mendicité et qui court derrière le gombo comme on le dit dans notre jargon», a-t-on l'habitude d'entendre. Pour aller jusqu'au bout et obtenir la satisfaction de leur plateforme revendicative, ils ont observé une grève d'une durée de 24 heures. Et la cause de cette cessation de travail, c'est le secrétaire à l'information de la formation syndicale RTB/radio, Ibrahim Diallo, qui nous les donne «Notre plate-forme date de 16 juillet 2013 et jusqu'à cette date 16 juillet 2014, il n y a pas eu réaction de la part des autorités. C'est vrai, il y a une commission qui s'est réunie et qui travaille sur la plate-forme revendicative, mais jusque-là, il n'y a aucun point qui a reçu aucune satisfaction. Nous avons interpellé les autorités de tutelle, à savoir le Ministère de la communication, nous avons demandé une audience et jusqu'à présent, nous n'avons pas encore été reçus et nous nous sommes sentis dans le devoir d'aller vers cette grève pour attirer l'attention de l'autorité sur la satisfaction de nos revendications».
Paralyser les activités, telles que les reportages et la diffusion de certaines émissions pour interpeller les autorités sur leur situation, tel est l'objectif visé par la manifestation des travailleurs des médias publics. Pour les uns, le mot d'ordre a été suivi. Pour Steven Osias Kiemtoré de Sidwaya, «l'ensemble des travailleurs ont suivi ce mot d'ordre de grève et la parution d'aujourd'hui, devrait le prouver. Avec un peu de la vigilance, on découvrira que soit ce sont des gens qui n'ont pas l'habitude de faire des reportages, soit des frigos ou ce sont des papiers de stagiaires ou encore la diminution du volume du journal». Aussi, Modeste Ouédraogo de la RTB/ Télé, «la grève a été suivie à plus de 80%, au niveau de la télévision et pour cette grève, il ne faut pas s'attendre à une mobilisation forte comme les autres structures, mais l'essentiel est déjà de pouvoir suspendre quelques émissions, car c'est une première».
La conséquence attendue de cette manifestation de 24 heures est, bien entendu, la bonne réaction des autorités sur cette plateforme revendicative. Après cette manifestation, qui sonne comme un coup de semonce, si rien n'est fait, les agents des médias publics comptent aller encore plus loin. «C'est un début et ça peut être encore plus. A l'issue de cette manifestation nous allons décider avec la base de la suite que nous allons donner à cette grève. C'est une grève de 24 heures, sans service minimum».
Les organisateurs se sont réjouis de l'adhésion massive de leurs militants à ce mot d'ordre et d'avoir perturbé quelque peu, les émissions, car une pile de reportages qui ne sera pas effectuée, en dépit des sabotages qui ont été organisés par l'administration pour déconcentrer. En rappel, les raisons de cette grève de 24 heures sont : des travailleurs qui sont bloqués dans des catégories et qui ne peuvent pas avancer par un concours professionnel et qui ont 10 à 15 ans de service et d'autres qui ont travaillé pendant 15 années et qui n'ont pas droit à la retraite, parce qu'ils n'ont pas totalisé le nombre d'années requis, le statut particulier, les intimidations, les sanctions et les pressions. Ils ont aussi dénoncé leurs camarades qui n'ont pas suivi la manifestation.
Aussi, cette grève constitue une occasion pour dire aux gens qu'ils ne sont pas acquis et qu'ils revendiquent ainsi, leur liberté. Pour Ibrahim Diallo, «les journalistes ne gagnent pas leur vie de leur métier et sont obligés de faire d'autres boulots».
G. Lévi Constantin KONFE