Pardon aux mutins? Pourquoi pas!

| 27.04.2015
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Le Lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, a été élevé à la Dignité de Grande Croix de l’Ordre National, ce mardi 18 novembre 2014 à Ouagadougou, par le Grand Chancelier des Ordres Burkinabè. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
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Le Lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, a été élevé à la Dignité de Grande Croix de l’Ordre National, ce mardi 18 novembre 2014 à Ouagadougou, par le Grand Chancelier des Ordres Burkinabè. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
Les militaires, gendarmes et policiers radiés après les mutineries de mars 2011 ont demandé, lors d'une CDP (conférence de presse), pardon au peuple. Non pas pour la mutinerie en elle-même, mais pour les dégâts collatéraux qui ont été occasionnés.

Quatre ans après avoir été chassés des rangs de l'Armée, de la Gendarmerie et de la Police, ces radiés (environ 600 bonshommes) ont eu le courage de demander pardon pour les torts commis à des frères, à des sœurs. Car, ce qui a été le plus répréhensible dans leur mouvement, ce sont les pillages des biens privés et surtout le viol de sœurs religieuses. Là, ceux qui l'ont fait, ont touché le fond de l'inadmissible. Ils ont détruit des vies, en déflorant ces religieuses. Et qui sait si, parmi elles, certaines n'ont pas été enceintes ou n'ont pas été contaminées par des maladies.

Mais en demandant pardon, c'est que, après ce temps, ces hommes ont pu ruminer cette mauvaise passe dans leur vie et ont compris. Eux, au moins, ont eu plus de chance que leurs camarades massacrés au camp Ouezzin Coulibaly de Bobo.

Si aujourd'hui ces soldats repentis demandent au peuple le pardon, c'est qu'ils ont su attendre. Attendre un moment favorable: le départ de celui contre qui leur colère était dirigée mais mal canalisée, Blaise Compaoré.

Alors, s'ils demandent pardon afin de rejoindre les rangs, pourquoi leur faire la sourde oreille? Surtout que de procès, il n'y en a pas eu et tôt ou tard, ce dossier risque de revenir sur la table des nouvelles autorités qui seront élues. La Transition peut alors désamorcer cette mine antipersonnel.

Ces soldats ont été parmi les premiers à affaiblir le pouvoir de Blaise. En 2011, suite à cette action qui a fortement ébranlé le pouvoir et fait fuir Blaise Compaoré une première fois de Kosyam, il a compris que son régime n'était pas aussi solide qu'il le pensait. A l'occasion, il a ouvert des consultations tous azimuts pour prendre le pouls de la république.

Il ne faut pas oublier également que, lors de l'insurrection populaire, ces hommes ont été les ''instructeurs'' des insurgés qui n'avaient que leur volonté mais pas de technique. Ce sont eux qui ont montré comment se protéger des gaz lacrymogènes et pouvoir avancer. La suite, c'est le départ de Blaise Compaoré.

Lors du meeting de soutien à la Transition, ils étaient bien visibles, avec leur pancarte. Ils étaient à côté de certains commerçants qu'ils ont pillés; les sœurs violées ont eu le temps de retrouver leurs esprits, même si elles ne peuvent pas oublier. Pardon ne veut pas dire oublier. Alors, pourquoi ne pas leur tendre la main?

Les Echos du Faso

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