Sur cette autorisation signée le 13 août 2015, photocopiée et distribuée à souhait et que les manifestants brandissaient à volonté, on pouvait lire : «Une autorisation spéciale d’importation est accordée à SICOM Burkina ». Du sucre en poudre dont la quantité est estimée à 2000 tonnes avec pour provenance le Brésil et dont la valeur est estimée à 298 360 euros. Cela a suffi à mettre en colère les travailleurs de la SN-SOSUCO, qui, aux environs de 7h ce 31 août 2015, à l’aide des tracteurs de l’entreprise, ont barré l’axe Bobo-Banfora-frontière de la Côte d’Ivoire. Sur les lieux la colère des travailleurs était perceptible.
« Nous voulons que notre sucre sorte afin qu’on libère nos magasins et gagne de l’argent pour nous payer. Ce mois, la direction nous a dit qu’elle a caracolé pour nous payer. Tu es fonctionnaire de la SN-SOSUCO, à l’heure actuelle, tu pars en banque pour prendre un crédit, on ne veut pas te le donner parce que toutes les banques sont alertées que nous sommes en faillite », a soutenu Ouattara Abdramane, chef de l’atelier de régulation électricité de la SN-SOSUCO. Les manifestants ont toujours en mémoire le passage du Président du Faso, Michel Kafando, à la nationale du sucre du Faso. «Il est venu le 20 février 2015. Il nous a promis que le sucre allait sortir, mais jusque-là on constate que non, on continue de délivrer les autorisations aux commerçants», a poursuivi cette dernière pancarte en main.
Les manifestants entendaient donc en alerter le gouvernement, et l’arrivée du gouverneur, Léontine Zagré, était exigée par certains. Celle-ci a fini par dépêcher le haut-commissaire, Clarisse Bayala, aux environs de 11h. A entendre Ouattara Mamadou Pantiory, un des leaders du mouvement, il y a toujours plus de 20 000 tonnes de sucre invendues dans leurs magasins. La durée du mouvement ? « Il faut une solution à la mévente de la SOSUCO », a lâché ce dernier. L’heure est du reste grave, car les notabilités coutumières des villages environnants de la SOSUCO n’étaient pas en reste. Tous étaient confortablement assis sur des chaises, manifestant ainsi leur adhésion à la lutte des travailleurs contre l’importation du sucre jugée scandaleuse dans leurs rangs. Les barrières ont été levées aux environs de 12h et des concertations se sont poursuivies au gouvernorat des Cascades avec les autorités.
Luc Ouattara