La place de la Nation, rebaptisée place de la Révolution, a accueilli, samedi 25 avril dernier, un grand monde. C'était à l'occasion du meeting de soutien à la transition, organisé par les parties signataires de la charte de la transition. A la fin du rassemblement, les organisateurs se sont dit comblés de la mobilisation. Ces composantes signataires de la charte de la transition (partis politiques, forces de défense et de sécurité, organisations de la société civile, autorités coutumières et religieuses) ont à l'occasion, réaffirmé leur «attachement au code électoral modifié». Ils (les signataires de la charte) se disent aussi favorables à «une application ferme des dispositions de la charte de la transition et des conventions internationales auxquelles elle fait référence». Pour le Pr Luc Marius Ibriga qui a parlé, au nom des Organisations de la société civile (OSC), le peuple s'est réuni pour «réaffirmer notre soif de changement et notre conviction dans la nécessité de réformes en profondeur pour réhabiliter la démocratie burkinabè». Il a félicité les uns et les autres de «cette grande mobilisation qui atteste de l'attachement de Burkinabè à une réelle refondation de notre démocratie en construction».
Pour le Professeur Luc Marius Ibriga, par ailleurs, président de l'Autorité supérieure de contrôle d'Etat (ASCE), «refonder notre démocratie nous impose de mener une lutte de tous les instants, contre l'impunité, l'injustice, le népotisme».
Ensuite, François Ouindelassida Ouédraogo a pris la parole, au nom des partis politiques, membres de l'ex-Chef de file de l'opposition (CFOP). Il a indiqué, d'entrée de jeu, que «quand le peuple se met debout, ses ennemis tremblent ! Quand il est mobilisé et déterminé, il arrive toujours au bout de ses ambitions». Monsieur Ouédraogo a précisé que le code électoral qui vient d'être adopté, est en phase avec les aspirations du peuple burkinabè et que la loi n'a pas été adoptée contre une personne. Il a rappelé que la loi sanctionne de mauvais comportements et que ceux qui crient à l'exclusion se souviennent que les Burkinabè ne sont pas amnésiques.
Poursuivre et réussir la transition
A l'entendre, en signant la charte de la transition, les forces vives de la nation ont indiqué le chemin à suivre. «Mais il y a ceux qui veulent suivre le chemin et il y a ceux qui veulent emprunter des sentiers tordus et épineux à leurs risques et périls», a-t-il argumenté, avant de poursuivre que «ce meeting est une belle occasion de rappeler tout le monde à l'ordre».
A la demande du public, le ministre en charge de l'administration territoriale et de la sécurité, Auguste Denise Barry a pris la parole. Pour lui, le peuple burkinabè a confié une mission aux organes de la transition. «Cette mission, nous allons la poursuivre et la réussir. La victoire appartient toujours au peuple et elle appartiendra au peuple burkinabè. Quand on a commencé ensemble, on est obligé de terminer, ensemble», a déclaré le ministre Barry, ajoutant : «Les jours à venir, nous allons encore exprimer notre engagement à faire de sorte que la transition réussisse».
Outre le ministre Barry, le gouvernement a été représenté au meeting par d'autres membres dont Frédéric Nikiéma, de la communication, Amadou Nébila Yaro, du développement de l'économie numérique, René Bagoro, de l'habitat et Filiga Michel Sawadogo en charge des enseignements secondaire et supérieur. Le président du Conseil national de la transition, Chériff Sy, a été également de la partie. Sans oublier les présidents de partis politiques, membres de l'ex-CFOP.
Au moment où se tenait le meeting à la Place de la révolution à Ouagadougou, un rassemblement similaire se déroulait à la Place Tiéfo Amoro de Bobo-Dioulasso, pour le même objectif.
Alexandre TRAORE
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Vu et entendu au meeting de Ouagadougou
Faible mobilisation à Ouaga
La marche de soutien à la transition et au nouveau code électoral, en termes de mobilisation, n'a pas connu aussi d'engouement que celles organisées dans le passé pour dire «non» à la modification de l'article 37. Jusqu'à 9 h passées, la mobilisation s'est fait encore attendre à la place de la Nation, rebaptisée place de la Révolution.
Le show de Sana Bob
La marche qui s'est tenue au lendemain des Kundé 2015, a connu le show du vainqueur Sana Bob, qui a remporté le Kundé 2015, est venu à cette manifestation et a été la star de la journée. «Notre marmite est au feu, en train de bouillir. Quand elle sera prête, ne nous oubliez pas, nous les artistes engagés», a-t-il prévenu les présidents des partis politiques, avant de laisser la scène à d'autres prestations.
Tacle au régime déchu
«Le Burkina est le seul pays où après une révolution, on demande à nos ennemis de venir, on va travailler, ensemble. Ils parlent d'exclusion, eux, qui ont exclu définitivement Thomas Sankara, Norbert Zongo.
La charte de la bonne gouvernance, ce sont eux qui l'ont signée et ils n'ont pas pris de la drogue pour la signer. Ils ont joué, ils ont perdu et la vie continue», a dit Sam's K le Jah, avant de demander à la foule de lever le poing en l'air pour chanter l'hymne de la victoire.
Auguste Denise Barry contraint de prendre la parole
9h48. Auguste Denise Barry fait son arrivée à la place de la Révolution. Sa délégation est composée du ministre de la communication, Frédéric Nikiéma, Hamadou Nébila Yaro, de l'économie numérique et des postes et Filiga Michel Sawadogo, des enseignements.
A son arrivée, les youyous de la foule montent d'un cran. Les jeunes demandent au ministre de l'administration territoriale et de la sécurité de leur rendre justice, en arrêtant les voleurs de la République. Zéph le tire du siège pour le mettre debout. Face à l'insistance de la foule, il finit par prendre la parole. «Vous avez confié une mission aux organes de la transition. Cette mission, nous allons la poursuivre et nous allons l'accomplir. Je n'ai jamais vu dans l'histoire du monde, un peuple qui s'est mobilisé et qui a été vaincu.
La victoire appartient toujours au peuple. Quand on a commencé, on est obligé de terminer. Quand on a commencé ensemble, on est obligé de terminer, ensemble».
Les interrogations de Ibriga
- L'incivisme tire sa sève de l'injustice et de l'impunité, est-ce vrai ?
- Comment réussirons-nous à nous réconcilier, si nous ne faisons pas la lumière sur les dossiers de crimes pendants et si nous ne sanctionnons pas leurs auteurs ?
- Comment allons-nous nous réconcilier, si les familles de nos martyrs tombés les 30 et 31 octobre n'obtiennent pas justice ?
- Comment sera-t-il possible de recoudre le tissu social et de refonder le contrat social, si la veuve et les enfants de Norbert Zongo, la famille de Thomas Sankara, Guillaume Sessouma, de Dabo Boukary, etc. continuent d'être en quête de la vérité et de la justice pour leurs parents assassinés ?
- Comment allons reconstruire notre tissu économique et assainir les finances publiques, si les dossiers de crimes économiques continuent de prendre la poussière dans les tiroirs de notre justice ?
- Quel message voulons-nous laisser à la postérité, si nous abandonnons le combat contre l'impunité des crimes comme l'affaire des cantines de Guiro, la mise à genoux de la SONABHY, de la SONABEL, de la SONAPOST, etc. ?
- Comment asseoir une justice sociale, si les maires ripous pilleurs de parcelles et responsables de lotissements mafieux circulent encore ?
La transition, une réalité dans nos coutumes
Nabonsba Sawadogo, venu soutenir la transition et le nouveau code électoral fait une comparaison de la transition avec les rites traditionnels. «Quand un chef de terre disparaît, on désigne une de ses filles qui n'a pas commis d'erreur, une fille éligible pour le remplacer jusqu'au jour où on trouve un chef. Elle assure l'intérim dans la case de son papa et tout le village lui doit respect.
S'il y a des lois qui disent : tu as fait des erreurs, donc, tu n'es pas illigible, il faut que la jeunesse actuelle sache que cela existe aussi dans la tradition».