Contrairement à la marche du 29 juin dernier, c'est un monde fou et très agité qui est descendu dans les rues de Bobo-Dioulasso, ce dimanche 28 juillet 2013, pour protester contre la mise en place du Sénat, obligeant ainsi les électeurs sénatoriaux à précipiter leur vote depuis 6h de matin. Rassemblés à la Place Tiéfo Amoro à partir de 8h, les protestataires ont scandé des slogans, pour dénoncer, disent-ils, les dérives de la IVe République. Qui sur des pancartes, qui dans des chants improvisés, les marcheurs ont condamné avec vigueur la mise en place du Sénat au Burkina, qu'ils ont qualifié de budgétivore. Le fait marquant de la marche a été la présence du mouvement « Le Balai citoyen » de Smokey et de Sam's K Le Jah. Des balais en mains, les marcheurs balayaient effectivement les rues, tout en exprimant leur ras-le-bol. Ils ont quitté la Place Tiéfo Amoro et celle de la Nation, pour se rendre au haut-commissariat, pour remettre le mot du CFOP au haut-commissaire. Sans commentaire, Moussa Zerbo, le coordinateur de la CPOH (Coordination des partis d'opposition dans le Houet), par ailleurs, correspondant provincial de l'UPC dans le Houet, a fait savoir que la note demeure la même que celle de la marche du 29 juin dernier, qui est restée lettre morte. « Nous pensons que même si on ne nous répond pas favorablement, la politesse voudrait quand même que les premières autorités de ce pays nous donnent un accusé de reception. Et c'est le même message que le peuple a tenu à reconduire à travers la mobilisation de ce matin », a-t-il introduit avant de remettre la note.
Un dispositif sécuritaire impressionnant
Un dispositif sécuritaire a été dressé de part et d'autre, assuré par les marcheurs qui ont dressé un cordon, et les forces de l'ordre étaient présentes dans les différentes artères. Sur les lieux de la remise du mot du CFOP, la CRS avait déjà investi la devanture de la résidence du gouverneur, où les autorités attendaient les marcheurs.
Ils ont rejoint la place du meeting par une autre voie qui passe à côté du marché central. A la Place Tiéfo Amoro, le meeting a été soutenu par des artistes engagés du moment, avec la présence massive des étudiants qui ont tenu à joindre leur voix à celle de l'opposition pour réclamer de meilleures conditions de vie, d'études, de santé, en lieu et place du Sénat. Les différents intervenants n'ont pas été tendres envers le régime. Des pancartes sur lesquelles on lisait : « Blaise Compaoré+Sénat= 37 misères ». Il y avait en tout cas de quoi raviver la colère des gens.
Au cours du meeting, les protestataires ont appris des informations selon lesquelles les urnes pour le vote sénatorial ont été bloquées par des manifestants à Ouaga et à Ouahigouya. Du même coup, un groupe d'hommes s'est dirigé vers le siège du Conseil régional des Hauts-Bassins. Mais là, ce fut le sauve-qui-peut. La police et la gendarmerie ont utilisé des gaz lacrymogènes et des balles blanches pour les disperser (les organisateurs ont montré les douilles des balles blanches et du gaz lacrymogène), faisant des blessés légers. Il y a eu également plusieurs arrestations. Jusqu'aux environs de 15h, les membres de la CPOH menaient la médiation pour la libération des personnes interpellées, alors que les jeunes étaient très remontés, et prêts à aller en guerre contre ces arrestations. La Place Tiéfo Amoro a donc été le lieu sûr des contestataires, pour gérer toutes les instances de la marche.
Josias Zounzaola DABIRE