Une mobilisation de près de 95% sur l’ensemble du territoire national, c’est ce dont se félicite le délégué à la mobilisation et à la communication du SYNAFI, Oumtana Souleymane. Il estime que si le 100% n’est pas atteint, c’est bien parce que des directeurs et des volontaires en formation ne sont pas descendus pour se joindre à la lutte. Il affirme par ailleurs que le mouvement est bien suivi dans les régions et ce, sans violence ni casse, dans le « respect de l’esprit du syndicat ». Même si les autorités ont « renoué le dialogue », Oumtana Souleymane et ses camarades n’y croient pas, car il le qualifie de « dialogue de façade ». Selon lui, si des propositions concrètes étaient faites, aucun agent ne tiendrait encore le sit-in. D’autant plus que la mobilisation s’est agrandie avec l’entrée en jeu de certains chefs de service et directeurs. A cet effet, un « merci » quelque peu « ironique » s’est fait entendre à l’endroit de la ministre déléguée, Amina Bila, qui, par ses « propos », selon Oumtana Souleymane, a permis de réussir encore plus la mobilisation. Les agents des finances sont conscients de ce que leur mouvement a d’énormes retombées sur le budget de l’Etat et, le délégué à la mobilisation estime la perte à 2 ou 3 fois plus grande que ce que revendique le SYNAFI.
« Le maçon qui gagne plus que l’architecte d’un bâtiment »
En ce qui concerne le motif même du sit-in, à savoir le fonds commun, Omtana Souleymane, rappelle à l’opinion nationale que « ce n’est pas un problème de montant, c’est un problème de discrimination ». Cette « discrimination », les agents des finances se demandent sur quelle base elle a lieu, surtout que « les autorités ont été incapables de le leur dire ». Si la raison la plus avancée est le fait que les bénéficiaires actuels du fonds commun font des recettes, le SYNAFI estime être en droit d’en bénéficier parce qu’étant sur trois fronts que sont l’élaboration du budget, la mobilisation des recettes extérieures et l’exécution des dépenses. C’est alors « le maçon qui gagne plus que l’architecte d’un bâtiment ». « Ceux qui pensent que le SYNAFI refuse les miettes et veut s’inviter à table devraient comprendre que le Syndicat est en droit d’être à table au même titre qu’eux », car « le fonds commun n’est l’apanage de personne ».
Risques, « nous courons plus de risques »
Quand c’est le risque qui est mis en avant pour justifier la « discrimination », Omtana Souleymane pense que les agents des finances sont plus exposés à des risques. D’abord parce que dans les passations des marchés, les choses se font souvent de manière frauduleuse, et si à leur niveau ils empêchent ces passations, les agents font l’objet de menaces de toutes sortes. Ensuite, pour le recouvrement, les bénéficiaires du fonds le font avec des engins publics alors que les agents des finances le font à leurs propres frais et sur leurs engins, exposés aux accidents de la circulation. Poursuivant, O. Souleymane affirme que ce sont des « aberrations » que de dire que les financiers ont décidé de bloquer les salaires des fonctionnaires, il rejette en bloc ces allégations et celles qui tendent à dire qu’ils sont contre la transition. Affirmant que le fonds commun n’a aucun inconvénient sur le budget de l’Etat, le SYNAFI, par la voix de son délégué à la mobilisation, espère que le gouvernement saura prendre les « bonnes décisions », car, de tous les fonds communs existant au Burkina, le seul « à problème » est celui du ministère de l’économie et des finances.
Cheick Omar J. BANDAOGO