Hôpital Yalgado: « Pas d’argent, pas d’urgence »

| 05.11.2015
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Hôpital Yalgado: « Pas d’argent, pas d’urgence »
© DR / Autre Presse
Hôpital Yalgado: « Pas d’argent, pas d’urgence »
La sous-section du Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale (Syntsha) du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo, (CHU-YO), a tenu un point de presse ce mercredi 4 novembre 2015 à Ouagadougou. Le secrétaire général de la sous-section, Hamadi Konfé, et ses camarades ont dénoncé la situation sanitaire du plus grand hôpital du pays tout en énumérant les « énormes difficultés » qui entravent la bonne marche de la prise en charge des patients.


Les griefs du syndicat se situent sur plusieurs points. Au niveau infrastructurel, les capacités d’accueil sont dépassées à tel point que, dans certains services, « même les couloirs ne peuvent plus contenir les malades. » Les services pointés du doigt sont, entre autres, la maternité, les urgences médicales, chirurgicales et pédiatriques.

A côté des infrastructures, Hamadi Konfé a indiqué que l’hôpital Yalgado Ouédraogo connait un réel problème au niveau des équipements. Pour lui, les procédures d’acquisition non appropriées et transparentes aboutissent souvent à l’achat d’appareils de mauvaise qualité. Nonobstant cela, il y a l’absence d’un plan adéquat de maintenance des équipements, ce qui occasionnerait la lenteur ou la non réparation des pannes de matériel important.

Pas d’urgence pour ceux qui n’ont pas d’argent

Outre cela, la sous-section du Syntsha du CHU-YO, déplore l’absence de kits nécessaire à la pratique de la subvention de l’Etat pour les Soins obstétricaux et néonataux d’urgences (Sonu). En effet, cette subvention permet aux femmes de payer 11 500 F CFA au lieu 54 000 F. Mais, de l’avis donc de M. Konfé, en dehors des 11 500 Francs qu’elles payent, l’absence d’éléments du kit contraignent le personnel soignant à prescrire des ordonnances complémentaires pouvant atteindre 30 000 F CFA voire plus.

« La délivrance des ordonnances complémentaires du fait des kits incomplets engendre parfois des malentendus entre agents de santé et malades qui ne s’attendaient qu’à payer 11 500 F CFA », précise Hamadi Konfé, pour qui même les prises en charges sans prépaiement des urgences sont rarement appliquées. « Ce qui remet en cause l’existence de la prise en charge en urgence. Il n’y a pas d’urgence pour ceux qui n’ont pas l’argent ».

Insuffisance de médecins spécialistes, irrégularité en matière de dotation du matériel de protection du personnel, ruptures fréquentes d’oxygène, de consommables médicaux, de réactifs sont autres les points sombres de l’hôpital.

Yalgado doit plus de 928 millions à des fournisseurs

Les orateurs du jour ont également révélé que l’hôpital accumule des impayés vis-à-vis des fournisseurs à la somme de plus de 928 millions de Francs CFA à la date du 22 juin 2015 et des impayés de 8 mois au service de restauration. Ce qui entrainerait selon eux, « la réticence des fournisseurs d’où les ruptures fréquentes de certains produits ».

Face à ce silence des autorités sanitaires et du gouvernement qui « ne joue pas son statut de garant de la santé des populations en ne s’impliquant pas suffisamment dans le fonctionnement de l’hôpital et surtout en opérant des réductions drastiques des subventions prévues », la sous-section du Syntsha a indiqué prendre l’opinion nationale à témoin.

De ce fait, elle exige du gouvernement la prise en charge des urgences médicales, chirurgicales et obstétricales, la dotation des formations sanitaires d’infrastructures, d’équipements, de personnels en qualité et en quantité, etc. Il se réserve aussi le droit de prendre des mesures appropriées pour que ces points puissent être satisfaits.

Contacté par Fasozine, le directeur général de l’hôpital, Robert Sangaré, a indiqué que ce sont des difficultés réelles que rencontrent tous les hôpitaux du Burkina Faso dont l’hôpital Yalgado, le plus grand du pays, qui ne saurait être épargné.

« Tout est une question de ressources financières car nous travaillons avec les ressources disponibles. En ce qui concerne les réactifs et consommables médicaux, nous avons des procédures d’acquisition qui sont réglementées par la règlementation générale des marchés publics. Ce qui n’est pas réaliste pour les établissements comme les hôpitaux », a-il- précisé tout en confirmant avoir des dettes avec certains fournisseurs.

A l’en croire, l’insuffisance des ressources de son établissement, les régulations budgétaires fréquentes, et la lourdeur de la procédure d’acquisition de l’administration publique expliquent ces ruptures de produits et lenteur dans la maintenance des équipements, ce qui entrave à la bonne prise en charge des patients.

L’article 57 du décret du 24 juillet 2014, portant nouveaux statuts des sociétés d’Etat prévoit « certaines souplesses » dans les procédures de passation des marchés publics afin de maintenir l’activité continue au sein des établissements publics de santé. « Ledit décret, à ce jour, n’est pas encore appliqué », a laissé entendre le DG de l’hôpital.

Dimitri Kaboré

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