Imprimer cette page

Crise à l’EAA : la panafricaine de l’eau et de l’assainissement menacée de disparition.

| 12.09.2014
Réagir
Crise à l’EAA : la panafricaine de l’eau et de l’assainissement menacée de disparition.
© DR / Autre Presse
Crise à l’EAA : la panafricaine de l’eau et de l’assainissement menacée de disparition.
Plus rien ne va à l'Agence Intergouvernementale panafricaine Eau et Assainissement pour l'Afrique(EAA). L'institution dont le siège se trouve à Ouagadougou traverse depuis plusieurs mois une crise profonde avec à la clé des licenciements de plusieurs travailleurs. Ces travailleurs licenciés non contents de la situation ont tenu à le faire entendre ce jeudi 11 septembre 2014 à Ouagadougou au cours d'une conférence de presse.


Depuis le début de l'année 2014, ce sont au total 27 travailleurs de l'Agence Intergouvernementale panafricaine Eau et Assainissement pour l'Afrique(EAA) qui ont quitté leur poste soit suite à des démissions forcées ou suite à des licenciements. Depuis le 4 août 2014, « presque tout le personnel s'est vu suspendre le contrat de travail pour un mois ». Mais ce n'était que le début d'un bisbille qui va prendre par la suite une allure inquiétante pour le personnel de l'agence dont 22 d'entre eux ont été purement et simplement licenciés à compter du 4 septembre 2014.

Cependant, au regard des démissions forcées et les multiples départs de ses travailleurs, la bonne entente était la chose la moins partagée dans cette institution ces dernières années. Bien que la majorité du personnel soit liée à l'institution par des contrats à durée indéterminée, près de 70 « départs provoqués » ont été enregistrés pendant ces trois dernières années soit en moyenne 24 départ par an. Depuis plusieurs mois en effet, certains travailleurs de l'institution et le secrétaire exécutif Idrissa Doukouré sont à couteaux tirés suite à des arriérés de salaire. A en croire les animateurs de la conférence de presse, la crise qui couve à l'EAA est liée à une mauvaise gestion des finances et d'un mauvais choix managérial impliquant au premier chef le secrétaire exécutif Idrissa Doukouré. Ce dernier est accusé, de l'avis du porte- parole du personnel Jean Marc Yofé, d'entretenir un train de vie qui plombe les activités de l'institution en optant pour des dépenses de prestiges, mais aussi d'être en mauvais termes avec le personnel d'une part et les partenaires techniques et financiers d'autre part. L'institution connait une situation financière difficile marquée par une tension de trésorerie qui perdure depuis pratiquement deux ans, empêchant la mise en œuvre des programmes de l'institution. A en croire les animateurs de la conférence de presse, le déficit budgétaire de l'EAA pourrait atteindre 10 milliards de FCFA. « Nous avons essayé d'attirer l'attention de l'administration, aussi bien en public qu'en privé, sur ces signaux annonciateurs du risque suprême que court l'institution à savoir la faillite » a relevé le porte-parole du personnel licencié, avant de laissé entendre qu'ils ont toujours été heurtés aux dénigrements et à l'instauration de la terreur destinés à décourager toute tentative de pointer les dysfonctionnements.

Pourtant depuis 25 ans, cette institution autrefois appelé Centre Régional pour l'Eau Potable et l'Assainissement à faible coût (CREPA), s'est illustrée comme une organisation dynamique et pertinente capable d'appuyer les Etats membres dans la résolution de la problématique de l'accès des populations à l'eau et à l'assainissement. Seulement en 2011, l'institution a entrepris des réformes institutionnelles pour donner une envergure panafricaine à l'agence. Ces réformes jugées salutaires ont fait naitre l'espoir d'un nouveau souffle, mais trois ans après c'est plutôt l'effet contraire qui s'est produit. A ce jour, force est de constaté que l'institution est au bord du gouffre.

Selon le porte-parole du personnel licencié, beaucoup de démarches ont été pourtant entreprises à leur niveau pour redresser la situation. Des démarches qui ont abouti à la mise en place d'un comité interministériel, lequel n'a pas encore trouvé un dénouement à la crise. Cependant, les travailleurs licenciés en veulent beaucoup au Président du Conseil des Ministres de l'EAA qui n'est autre que le ministre Camerounais de l'eau et de l'énergie. Ce dernier critiqué pour son manque d'intérêt à l'égard du bras de fer qui oppose le secrétaire exécutif au personnel de l'EAA.

L'immunité de Idrissa Doukouré bloque les actions de justice...

D'après le personnel, le véritable problème tourne au tour de la personne du secrétaire exécutif Idrissa Doukouré. C'est pourquoi la seule issue favorable à la faillite qui menace l'institution est le départ de Monsieur Doukouré. Cependant, toutes les actions en justice contre ce dernier se heurtent à l'immunité que celui-ci bénéficie. « Pourtant toute action, fût-elle infondée, entamée par M. Doukouré à l'encontre du personnel porte immédiatement fruit auprès des autorités compétentes. (...)Nous sommes abasourdis devant cette justice à double vitesse », ont affirmé les travailleurs qui ne comprennent pas ce que sert l'immunité diplomatique au Burkina.

Le personnel déterminé à obtenir la tête de M. Doukouré

Les travailleurs ne désarment pas pour autant. « Après bientôt 4 mois de lutte, sans salaire et sans soutien manifeste, nous tenons à vous signifier que nous continuerons à consentir les sacrifices nécessaires pour parvenir au redressement de la situation (...) et sauver l'institution qui ne mérite pas de disparaitre » a martelé le porte-parole du personnel licencié. Et cela passe selon eux par le départ de Idrissa Doukouré à la tête de l'agence.

Max Junior
Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité