C’est quoi ça, ces grèves sauvages !

| 01.04.2015
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C’est quoi ça, ces grèves sauvages !
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C’est quoi ça, ces grèves sauvages !
Les employés de la BRAKINA sont en grève illimitée. Ils exigent de leur employeur de meilleures conditions de travail dont l'augmentation de 100 % des salaires. Faute de quoi, ils ne reprendront plus le travail. Mieux, ils ont occupé les entreprises à Bobo et à Ouagadougou empêchant ainsi toute production ou approvisionnement minimale de boissons. Du coup, la Nationale des brasseries ne produit plus le précieux liquide qui, déjà manque dans beaucoup de maquis. C'est dire donc que si les choses ne rentrent pas dans l'ordre d'ici là, la situation pourrait être compliquée, sur plusieurs plans, pour plusieurs personnes.


A la Brakina donc, si le mouvement se poursuit parce que les travailleurs ne veulent pas mettre de l'eau dans leur vin... pardon dans leur bière, ce sont des centaines de travailleurs qui iront au chômage. En plus des travailleurs directement liés à la Brakina, il faut prendre en compte ces milliers autres qui n'auront pas de quoi survivre parce que les réseaux de distributions de boissons, les maquis et autres gargotes auront fermé.

Avant les employés de la Brakina, les travailleurs de la Société africaine de pneumatiques (SAP Olympic) à Bobo ont bloqué le fonctionnement de leur entreprise. Pour des raisons similaires. Depuis, l'entreprise ne fonctionne pas. Eux non plus n'ont pas de salaires. A ce qu'on dit, si les choses doivent durer davantage, l'entreprise risque de mettre la clé sous le paillasson. Et ce sont des travailleurs qui se retrouveront au chômage. Pendant ce temps, les pneus continueront de rentrer au Burkina. A qui cela profite-t-il ?

Face à tout cela, l'Etat doit prendre ses responsabilités. S'il le faut reformer le mode de revendication. Ce n'est pas parce qu'il s'agit d'entreprises privées. Car, en effet, si en matière de politique de création d'emplois et de renforcement du tissu industriel et économique, le privé est un partenaire de l'Etat, il est de son devoir de lui venir en soutien dans la situation actuelle. Car, si l'on n'y prend garde, ce sont ces genres de comportements, de grèves sauvages qui vont faire fuir les investisseurs. Avec pour conséquences immédiates, la perte de ressources pour l'Etat et par ricochet pour l'économie nationale.

De deux grèves sauvages à une autre, c'est celle des chauffeurs routiers. Ils ont le droit d'aller en grève. Mais en aucun cas, ils n'ont le droit de paralyser le transport interurbain et empêcher ainsi des particuliers de vaquer à leurs préoccupations. Ce qui n'est pas conforme à l'esprit d'une grève responsable.

Il est vrai que chaque classe politique arrive au pouvoir avec ses hommes. Mais de là à vouloir renverser tout, tout de suite parce qu'on est ou veut accéder au pouvoir, c'est courir le grand risque de rendre ce pays-là ingérable même après son accession au pouvoir. Car en réalité, il ne peut s'agir que de cela. A moins que ce soit les déchus du pouvoir qui grippent la machine. Sinon, rien ne justifie des grèves de ce genre. Et le silence presque coupable des organisations syndicales, qui connaissent bien le droit du travail, est suspect et lourd de sens. Parce que, ce qu'il faut éviter est que par abus de grève et de revendications sauvages, des Burkinabè n'arrivent un jour à l'affrontement. Autrement dit, il ne faudrait surtout pas que les politiciens transposent leurs bagarres politiciennes sur le terrain purement économique. Ce serait assez dangereux pour la suite.

Dabaoué Audrianne KANI

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