Burkina Faso : manifestation à Ouagadougou pour la justice à Norbert Zongo, le Premier ministre rassure

| 13.12.2014
Réagir
Burkina Faso : manifestation à Ouagadougou pour la justice à Norbert Zongo, le Premier ministre rassure
© DR / Autre Presse
Burkina Faso : manifestation à Ouagadougou pour la justice à Norbert Zongo, le Premier ministre rassure
OUAGADOUGOU, 13 déc.2014 – Des milliers de manifestants ont marché samedi dans les rues de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, pour réclamer « vérité et justice » pour Norbert Zongo, seize ans après la mort de ce journaliste d'investigation assassiné le 13 décembre 1998 sous le régime de Blaise Compaoré.


Plusieurs milliers de manifestants ont arpenté les rues de Ouagadougou, sous la houlette de la Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l'impunité et pour les libertés (CCVC) pour commémorer le 16è anniversaire de l'assassinat du journaliste Norbert Zongo.

Après avoir marché dans le calme sur quelques cinq kilomètres, les manifestants se sont rendus à la place de la Nation, la plus grande place du pays, rebaptisée en place de la révolution lors du soulèvement populaire qui a fait tomber Blaise Compaoré, après 27 ans de règne.

« Je suis venu entendre ce que le peuple veut. Justice sera rendu à Norbert Zongo et à tous ceux qui sont tombés sous les balles assassines de Blaise Compaoré», a lancé à la foule l'ex-numéro deux de la garde présidentielle, Yacouba Isaac Zida, qui cumule les postes de Premier ministre et de la défense dans le gouvernement de transition.

M. Zida s'est rendu à la place de la révolution, épicentre de l'insurrection populaire qui chassa M. Compaoré du pouvoir, accompagné des ministres de la justice, de la communication, de celui en charge de la sécurité et de celui des sports et des loisirs.

- La garde présidentielle de l'ex-régime dans le viseur

Norbert Zongo, journaliste d'investigation a été tué et brulé dans sa voiture, à Sapouy (100 km, ouest), alors qu'il enquêtait sur le meurtre de David Ouédraogo, chauffeur de François Compaoré, frère cadet de Blaise Compaoré. Trois de ses compagnons, Ernest Zongo, Blaise Ilboudo et Ablassé Nikiema ont également péri dans ce drame.

« Norbert Zongo est mort sous (les) tortures des militaires du RSP (Régiment de Sécurité présidentiel, ndlr)» a affirmé le président de la CCVC Chrysogone Zougmoré.

Des manifestants ont lancé des slogans hostiles à l'ancien régime et à la garde présidentielle de Blaise Compaoré. « Le RSP (régiment de sécurité présidentiel) est une milice. Nous demandons son démantèlement car elle est impliquée dans l'assassinat de Norbert », s'est insurgé Laurent Ouédraogo, membre de la CCVC.

« Ce sont les voyous du conseil qui l'ont tué. On l'a tué mais le peuple est debout pour la justice », a scandé la chorale de la CCVC.

« La sécurité du président ne sera plus assurée par la RSP. Elle sera rattachée à l'armée de terre », a rassuré le Premier ministre Zida, par ailleurs ex-numéro deux de ce corps qui était proche du président déchu Blaise Compaoré, suite à l'insurrection populaire de fin octobre.

Selon le porte-parole de la famille des victimes, Norbert Zongo était un homme de média qui s'était donné comme leitmotiv la dénonciation des maux de la société. « Il était votre modèle et il a été tué car il voulait que justice soit faite à la famille Ouédraogo », a déclaré David Zongo.

- Les nouvelles autorités doivent passer des déclarations aux actions-

Le dossier Norbert Zongo avait abouti à un non-lieu en 2006 après des années d'instruction. Une situation qualifiée «d'injustice notoire et flagrante» par le président intérimaire Michel Kafando jeudi à l'Ouest du pays à l'occasion du 54è anniversaire de l'indépendance du pays.

«Les nouvelles autorités à travers leurs déclarations, nous ont fait comprendre qu'il y a espoir que le dossier soit rouvert. Nous espérons que l'année prochaine nous sortirons pour fêter la victoire de la justice sur l'injustice (...) Que l'impunité remplace les hommes dans les tombes », s'est réjoui Marcel Dogsaga, membre de la coordination régionale du Mouvement balai citoyen, organisation de la société civile ayant joué un grand rôle dans la chute de Blaise Compaoré.

Après le départ forcé de Blaise Compaoré, le Collectif et la Coalition contre la vie chère estiment que des conditions sont créées pour travailler à la manifestation de la vérité dans l'affaire Norbert Zongo.

« Les nouvelles autorités doivent passer des déclarations aux actions concrètes. Nous allons leur remettre notre plate-forme et nous vous rendrons compte », a indiqué M. Zougmoré.

Le président du Conseil national de transition Moumina Chériff Sy, journaliste très critique de l'ancien régime, a expliqué que la lutte doit continuer jusqu'à ce que la justice soit rendue à son confrère.

Tôt dans la matinée de ce samedi, des centaine de personnes se sont réunies devant les tombes de Norbert Zongo et de ses trois camarades sur lesquelles ils sont déposés des fleurs.

als-ndt

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité