A peine installé le mardi 28 juin 2016 à la tête de l’arrondissement 4 de la commune de Bobo-Dioulasso, Bakoné Millogo est décrié par une partie des militants de son parti, le MPP, qui l’accusent à tort ou à raison de haute trahison. Ainsi, ont-ils manifesté bruyamment ce mercredi 29 juin pour exprimer leur mécontentement. «Bakoné, on veut pas»; «les traîtres, à bas»; «les conseillers vendus, à bas»; «Bakoné a trahi le consensus du MPP et nous exigeons qu’ils soit sanctionné». C’est ce que l’on pouvait lire, entre autres, sur les pancartes des manifestants.
Mais que reproche-t-on exactement au nouveau maire? A la question, Aboubacar Bancé, porte-parole des manifestants, répond: «Il a trahi le parti», dit-il et va plus loin pour détailler les griefs à lui reprocher. «Lors des primaires, tout a été arrêté. Les conseillers MPP de l’arrondissement ont convenu de façon consensuelle qu’Anatole Sanou sera le maire et Bakoné Millogo son premier adjoint. A notre grande surprise, le jour des votes, celui-ci a manigancé avec l’opposition pour se faire élire maire et les autres postes sont revenus à l’opposition». Pour eux, cela est une grande trahison. Sinon, se demandent-ils, comment comprendre qu’avec 13 conseillers municipaux contre 23 pour le MPP, l’opposition (notamment le CDP) se retrouve à occuper les postes de premier et de deuxième adjoint au maire avec Bakoné Millogo comme maire?!
D’ailleurs, pensent-ils que le maire est un infiltré au sein du parti. «Dans les normes, tous les postes devraient être occupés par le MPP qui a 23 conseillers contre 13 pour l’opposition. Mais si les choses se sont inversées, c’est parce qu’il y a eu trahison au sein du parti. Bakoné a vendu nos voix au CDP et nous refusons l’occupation de la mairie par des personnes infiltrées au MPP. Nous ne voulons pas d’un maire élu frauduleusement» insistent-ils, avant d’exiger le départ du maire.
Ils souhaitent que le parti prenne des sanctions à l’encontre de Bakoné Millogo ainsi que tous les conseillers municipaux du MPP qui ont comploté avec lui pour fouler au pied les consignes du parti. «Nous voulons le départ de Bakoné. Nous demandons aussi aux responsables du parti de prendre leurs responsabilités pour sanctionner ces genres de comportements» exigent-ils.
Déterminés, les manifestants n’excluent pas d’user d’autres actions pour parvenir à leur fin. D’ailleurs, ils ne doutent pas de leurs capacités à déboulonner le maire de son fauteuil. «Bakoné partira. Si nous avons réussi à chasser Blaise Compaoré, ce n’est pas lui qui va nous résister» mettent-ils en garde.
Cheick Omar Traoré