«Le ministère des Affaires étrangères n’est pas mieux géré sous la Transition qu’il l’était sous le régime déchu», a déclaré, à la presse, le Syndicat autonome des agents du ministère des Affaires étrangères qui dénonce les mauvaises pratiques qui y ont cours. «Les actes que les responsables du ministère posent sont des actes que nous n’avons pas connus sous le régime Compaoré. Pourquoi nous allons l’accepter sous un régime qui doit incarner le changement?», se sont interrogés les agents.
Pour le SG du SAMAE, Rasmané Congo, ce qui se passe au niveau du ministère est une trahison de l’esprit de l’insurrection, car les autorités ne sont pas venues pour le changement mais pour servir leurs intérêts personnels. «Le népotisme, l’affairisme, le copinage, l’abus de pouvoir et la gabegie n’ont jamais été aussi répugnants», a-t-il déclaré.
Selon ses explications, des responsables du ministère s’adonnent allègrement à des affectations qui violent les textes pertinents et les principes les plus élémentaires en la matière. En témoigne cette surprise d’apprendre que le ministre a affecté à l’étranger tous les agents de son cabinet, des secrétaires aux chauffeurs, en passant par les agents de sécurité. Pire, ajoute M. Congo, c’est l’attribution de faux échelons et de fausses classes aux agents en vue de leur affectation à l’étranger.
En plus de ces actes jugés «scandaleux», Rasmané Congo a témoigné l’indignation du SAMAE face au comportement du SG du ministère, Jacob Pasgo. Ce dernier, explique Rasmané Congo, a pris fonction en tant que SG en décembre 2014, sans avoir cessé service comme consul général et continuait de bénéficier, jusqu’en juillet 2015, de sa rémunération de consul qui était largement plus consistante que le salaire de SG. «Pour entretenir cette avidité, il a désigné un agent de catégorie B pour assurer l’intérim du Consulat général à Libreville, alors que cet intérim revenait, dans la logique administrative, à l’agent de catégorie A qui y exerce les fonctions de consul adjoint», a-t-il révélé. Il précise aussi que ce n’est que le 3 juillet, suite à la pression du SAME, que M. Pasgo a été tenu de signer sa cessation de service en tant que consul général.
En plus, la situation à l’ambassade du Burkina à Copenhague, qui est gérée de façon calamiteuse par les responsables du ministère selon les conférenciers, est inacceptable. Face à ces comportements qui trahissent de leur avis l’esprit de changement, de justice et d’équité, le SAMAE exige que les affectations en cause soient reconsidérées et que soit mis en place un comité d’affectation incluant le SAMAE. Que toute la lumière soit faite sur les fautes commises par le SG suite à sa nomination à ce poste et que toutes les conséquences soient tirées de cette situation.
Enfin, le SAMAE exige que l’acharnement injuste contre le chargé d’affaires à Copenhague prenne fin. Si rien de tout cela n’est fait, «les agents vont se retrouver en assemblé générale extraordinaire et tous ensemble, nous allons décider de ce que nous allons faire», a averti M. Congo.
Madina Belemviré