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1er Mai au Burkina : Le rituel des cahiers de doléances respecté

| 02.05.2017
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1er Mai au Burkina : Le rituel des cahiers de doléances respecté
© DR / Autre Presse
1er Mai au Burkina : Le rituel des cahiers de doléances respecté
Le 1er mai de chaque année est commémorée la Journée internationale du travail. Le Burkina n’est pas resté en marge de cette célébration, puisque ce lundi 1er mai 2017, les travailleurs du secteur formel et de l’informel se sont mobilisés, pour réclamer aux autorités de meilleures conditions de travail. Les articulations de cette fête ont été: la remise du cahier des doléances comportant 41 points au ministre du travail, Clément P. Sawadogo, la marche dans les artères du centre-ville de Ouagadougou et un meeting à la Bourse du travail.

La commémoration du 1er mai est une occasion pour les travailleurs du Burkina, particulièrement de marquer une halte, pour rendre un hommage à leurs prédécesseurs qui ont consenti des sacrifices énormes sur le terrain de la lutte syndicale. Cette année, il était prévu une marche, suivie d’un meeting. Mais auparavant, les syndicats ont remis leur cahier des doléances au ministre de la fonction publique, du travail et de la protection sociale, Clément P. Sawadogo. Il a rassuré que le cahier des doléances sera examiné sur l’ensemble de ses points. «L’étoffe est bien large, car elle ne concerne pas que les travailleurs du secteur formel, c’est-à-dire le public et le privé uniquement, mais aussi, l’ensemble du peuple burkinabè», a souligné le chef du département du travail. Selon lui, il est évident que son ministère n’arrivera pas à satisfaire toutes les préoccupations, étant donné que notre pays a une économie faible, ce qui constitue une contrainte majeure, mais, «nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir, pour consolider les acquis des travailleurs. Il y a une réelle volonté politique de donner des réponses aux préoccupations». Clément Sawadogo a promis de continuer dans la lancée du dialogue social, sans oublier les autres composantes, en particulier la jeunesse qui est en quête d’emploi, les paysans, les artisans, etc. A l’en croire, la fronde sociale va s’atténuer, parce que son équipe va s’atteler à trouver les solutions.

A l’issue de cette rencontre avec leur ministre de tutelle, les travailleurs ont marché dans les artères du centre-ville, avant de se réunir à la Bourse du travail.

«Cette célébration du 1er mai nous offre l’occasion de faire un tour d’horizon de la situation internationale et nationale, d’examiner les conditions des travailleurs et de tracer des perspectives», a déclaré le Président de mois des centrales syndicales (PDM), Yamba Georges Koanda. Pour ce faire, les syndicats ont passé en revue la situation internationale, celle africaine et celle nationale. A propos de cette dernière, les syndicats ont affirmé qu’elle reste marquée par l’approfondissement de la crise sociopolitique que connaît notre pays, crise qui se manifeste, à travers un certain nombre d’évènements.

Pour Yamba Georges Koanda, après l’insurrection populaire d’octobre 2014 et la résistance au putsch de septembre 2015, force est de constater que l’aspiration à un changement radical en faveur du peuple a été trahie par les autorités de la transition et par les «nouveaux-anciens dirigeants» du MPP et leurs alliés. Il a poursuivi que la déception des populations concerne essentiellement, l’impunité dont continuent de bénéficier les auteurs de crimes de sang et de crimes économiques, la vie chère, la sécurité, la gouvernance et la mise en œuvre des engagements. En effet, il ressort de l’analyse du PDM que:

  • concernant les crimes de sang et les crimes économiques, on note que les gros dossiers de détournement de fonds, de passe-droits, de corruption, de détournement de parcelles révélés par différents rapports et audits, sont restés presque tous en l’état ;
  • à propos de la vie chère, on observe particulièrement ces derniers mois, un renchérissement du coût de la vie avec l’augmentation des prix des produits de première nécessité, tels que le sucre, le pain, l’huile, etc.
  • au plan sécuritaire, on assiste à une gestion approximative, sinon à des tâtonnements dans la gestion de la question de la sécurité, aussi bien concernant le développement du grand banditisme que les attaques terroristes au Nord du pays ;
  • au plan de la gouvernance, les changements auxquels s’attendait le peuple insurgé se font toujours attendre, aussi bien dans la gestion des hommes que dans celle des ressources ;
  • concernant les engagements, il est constant que depuis quelques années, les gouvernements qui se sont succédé à la tête de l’Etat, se sont peu souciés de mettre en œuvre les engagements pris envers les organisations syndicales.

«L’année 2016 et ce début de l’année 2017 sont marqués par de multiples luttes des populations, en général et des travailleurs, en particulier», a soutenu le syndicaliste. Cette explosion des luttes syndicales, de ses dires, est causée par le manque de réaction positive et les engagements non tenus des autorités, l’exploitation des travailleurs par le patronat, etc.

Face à cette situation d’ensemble, le mouvement syndical dit avoir des défis importants à relever. Il s’agit de la défense ferme de la liberté syndicale (dont le droit de grève), de la lutte contre l’impunité, de la lutte pour la mise en œuvre des engagements pris par le gouvernement, tant au niveau national qu’à celui sectoriel (relecture du code du travail, de la loi 033, la prise en compte des indemnités et autres accessoires dans le calcul de la pension des fonctionnaires, la réouverture des gares ferroviaires, l’exécution des protocoles d’accord, ...).

«Pour relever ces défis, seule notre mobilisation pourra nous permettre de préserver nos acquis et de les élargir», a estimé le PDM. D’où la nécessité de renforcer les différentes structures et de développer la solidarité et l’unité d’action à la base .

Aline Ariane BAMOUNI

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