Après le lancement de la campagne de contrôle de prix, le 11 octobre dernier, les agents de contrôle ont, une fois de plus, été sur le terrain le 19 octobre 2013. Non seulement pour le contrôle des prix, mais aussi cette fois-ci, pour assainir le marché de vente d'hydrocarbures dans la ville de Sya. Comme il fallait s'y attendre, cette descente inopinée de l'équipe de l'Inspection régionale de contrôle sur le terrain a laissé un mauvais souvenir à certains vendeurs « d'essence par terre », dont des récidivistes.
Vers le grand marché de Sya, et à quelques encablures de l'église de l'alliance chrétienne, l'équipe de contrôle a saisi, dans une cour ouverte, un dépôt de carburant qui ne répondait à aucune norme. Les gens s'adonnaient à la vente en bouteille, avec toutes les conditions d'insécurité car le carburant était conservé dans des fûts et dans des bidons. Comme partout ailleurs, ceux trouvés sur les lieux confient que le litre du super 91 est vendu à 750 F et le gasoil à 675 F. Après avoir saisi ce carburant, sous la vocifération des gérants qui ne cessent de maudire les agents de contrôle, le propriétaire des lieux, Boukary Ouédraogo, a fait son apparition avec des factures de PFAN où il a dit avoir commandé son carburant. Et de défendre, vaille que vaille, qu'il dispose des stations réglementaires et que le carburant était destiné à ravitailler ses pompes. Cependant, les agents contrôleurs, composés de Roberta Yéyé, Kouliga Zongo et Arnaud Zongo, refusent toutes altercations sur le terrain. « Venez à nos services. C'est là-bas qu'on va vous entendre et ceux chargés de vous auditionner vous y attendent car nous ne sommes que des envoyés », ont-ils simplement répondu.
Après chez M. Ouédraogo, l'équipe a mis le cap sur la périphérie de la ville, route de Dédougou. Des vendeurs et vendeuses aux abords du goudron, on en trouvait. Des mécaniciens vendeurs de carburant, des vendeurs de poules avec de l'essence à côté vendaient le litre à 750 F le super tout comme le mélange. Certains arrivaient à s'échapper et à laisser leur carburant sur la table. D'autres prenaient le soin de tout ramasser. D'autres les camouflaient quelque part et laissaient les présentoirs vides avant de déserter les lieux. Mais les contrôleurs, aidés par les manutentionnaires, saisissent tout, en laissant des convocations pour que les personnes concernées aillent répondre. Abdoulaye Ouédraogo, l'un des vendeurs d'essence à Bobo 2010 secteur 30, a déclaré : « Je ne suis pas un vendeur régulier. J'ai juste une petite quantité que je vends pour compléter mon travail de lavage de voitures ». Sans même attendre qu'il aille répondre, le contrôleur Arnaud Zongo l'a sensibilisé en ces termes : « Tu peux vendre autre chose comme la cigarette, la cola... bref, être tablier ; mais ne pas vendre de l'essence. Non seulement cela est interdit, mais aussi vous contribuez à tuer les moteurs des gens et à favoriser les incendies en ces lieux ».
Sur le boulevard de l'indépendance, le boulevard Félix Houphouët Boigny et l'avenue Charles De Gaulle, le constat était que certains vendeurs illicites prenaient le soin de fixer leurs présentoirs au sol. Ce qui n'a pas empêché les contrôleurs de les arracher et de les emporter.
C'est donc dans 11 lieux de vente que l'équipe 2 du contrôle a pu faire des saisies lors de cette sortie inopinée. Il faut rappeler qu'il y avait en tout trois équipes déployées sur le terrain ce jour-là.
Au terme du contrôle, le directeur régional de l'Industrie, du commerce et de l'artisanat des Hauts-Bassins, Dramane Tou, et l'inspecteur régional des Affaires économiques, Marius Zoungrana, ont fait le point sur l'opération à la presse. Le bilan fait état de 34 personnes contrôlées pour installation illégale. Le carburant saisi se présente comme suit : 485,5 litres de super, 545 litres de gasoil, 91,5 litres de mélange, 26 présentoirs saisis et 1 point de vente scellé pour absence du gérant.
Ils ont confié que le carburant saisi sera acheminé à la SONABHY qui a le monopole de la distribution des produits pétroliers. C'est elle qui va d'abord contrôler la qualité de ce carburant et décider de sa destination. Cette lutte, entrant dans le cadre du contrôle des prix et de la métrologie des produits de grande consommation pour contrecarrer la vie chère, vise, selon M. Tou et M. Zoungrana, à protéger les consommateurs contre l'utilisation de carburant de mauvaise qualité et à prévenir les risques d'incendie sur les grandes artères de la ville. Dramane Tou a dévoilé à la presse que le ministère de tutelle est en train de travailler à enrichir davantage les textes en vue de mieux réprimer les contrebandiers. Pour l'heure, les fautifs déjà appréhendés lors de ce contrôle seront d'abord sensibilisés. Pour ce qui est des nouveaux et des récidivistes, ils seront sanctionnés selon la gravité de leurs fautes. En la matière, Tou et Zoungrana ont fait savoir qu'il existe une panoplie de sanctions applicables, allant de la peine pécuniaire à l'emprisonnement.
Josias Zounzaola DABIRE