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Les deux voisines : 2013 - 2014

| 31.12.2013
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Les deux voisines : 2013 - 2014
© DR / Autre Presse
Les deux voisines : 2013 - 2014
Aujourd'hui 31 décembre, l''année 2013 achève enfin sa course lancée depuis 365 jours. 2013 est parvenue à la ligne d'arrivée.
Visage creusé par les rides, haletante et témoin de l'hypocrisie des terriens, elle attend impatiemment de passer le témoin à la nouvelle année, debout, dans la pièce attenante. Juste là-bas, de l'autre côté du rideau. Dans quelques poignées d'heures, 2014 poindra son « nez de brouillard » aux Marsiens. 2013 et 2014 sont deux voisines mitoyennes séparées par cette nuit scintillante et pétillante de la « Saint Sylvestre » si fascinante pour les vivants. Une rotation géographique, peut-être aussi une inceste intimiste, à la fois énigmatique et éloquente entre les deux années. On a comme l'impression que l'année qui finit transmet son souffle à l'année qui commence. Transmission et non extinction donc ! Alors, d'où nous vient cette idée saugrenue selon laquelle nous nous croyons fondés en devoir de « tuer le temps » ? « Je suis au café pour tuer le temps », se surprend-on à philosopher. Non ! On ne tue pas le temps. On n'a jamais pu tuer le temps ; on ne l'a jamais tuer. On n'a jamais pu d'ailleurs l'arrêter, ne serait-ce que quelques secondes. Ce sont les humains qui s'arrêtent (accident de la circulation, maladies, vieillissement, misère contagieuse, mort...). En réalité, le temps a toujours tourné. Que les « vieux » qui croient inventer l'éternité de leur existence en se passant grossièrement un coup de pinceau de « yobo » noirâtre sur les cheveux grisonnants arrêtent donc de se tromper. Une élégante comédie. Le temps se rit de nous. « Vieillir est la plus solitaire des navigations », nous avertit Benoît Groult. Les années passent. Nos vies aussi. Ne rejetons pas l'évidence : nous sommes mortels ! Oui. Puisque chaque jour qui passe, nous dévidons avec nos paquets d'illusions, le fil de notre vie jusqu'à la finitude. Comme chaque année, 2013 ira dans quelques heures avec nos fantasmes collectifs. 2014 s'ouvrira avec nos vaniteux orgueils. Mortels guignols friands de singeries assaisonnées de fourberies. Depuis maintenant des années et comme la lumière qui attire l'ombre, la sécheresse de nos cœurs, l'égoïsme, l'incivisme, l'inconsidération, la méchanceté pernicieuse, la médisance, etc. des Burkinabè les ont poussés, et les poussent toujours, à s'agiter sans cesse sur des détails et surtout à se « distraire » par les moyens les plus absurdes (la préférence aux festivités orgiaques au lieu de la culture de l'esprit) comme des bambins. La misère morale a tué en nous la vertu. Les temps n'ont pas changé, ce sont nous les « idiots utiles » qui avons changé. Pour que 2014 change de visage minois et innocent, il nous faut d'abord changer et échanger. Le partage des vertus. Autrement, nous rencontrerions en 2014 ces mêmes vices pour cadencer notre vie. Notre vie en 2014 n'aura de la couleur et de la poésie que si nous consentions, en toute liberté et en toute connaissance de cause noble, à mouler nos modestes personnes dans le sillon de l'humanité où la tolérance, la solidarité, la culture du travail, seul générateur de vertus sont le phare de notre existence et de notre essence. En 2014, changeons de vision et non seulement de cure de jouvence sur nos têtes déjà si chauffées par tant de questions existentielles restées chaque année sans réponse. Bonne et heureuse année 2014.

Idrissa NOGO
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