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Le RENLAC à propos de l'affaire OBOUF : « Tous ces gens qui sont devenus multimilliardaires ne peuvent pas l’avoir fait licitement »

| 28.02.2015
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Sagado Nacanabo - Secrétaire exécutif adjoint du RENLAC
© © Photo : DR
Sagado Nacanabo - Secrétaire exécutif adjoint du RENLAC
Le Réseau national de lutte anti-corruption (RENLAC) a animé une conférence de presse, le jeudi 26 février, à son siège. Cette rencontre avait pour but d'interpeller les autorités sur le recouvrement des avoirs et biens mal acquis des dignitaires du régime Compaoré. D'autres questions d'actualité ont été abordées dont l'affaire OBOUF et la déclaration des biens des acteurs de la Transition.


Actualité oblige et suite à la publication de la liste des débiteurs de l'Etat (plus de 26 milliards de chèques impayés), le Réseau national de lutte anti-corruption (RENLAC) a animé une conférence de presse, le 26 février dernier, sur la question du recouvrement des avoirs et biens mal acquis des dignitaires du régime déchu.

« Après avoir annoncé publiquement son engagement à geler les avoirs des dignitaires prédateurs de la IV e république, le Premier ministre a tenté, sans beaucoup de succès, de passer à l'acte ». Une sortie qu'a rappelé le secrétaire exécutif adjoint du RENLAC, Sagado Nacanabo, avant d'affirmer que « les tergiversations et la lenteur dans l'action ont, sans aucun doute, permis la volatilisation des avoirs illicites et la remise en cause de quelques actes pour des questions de procédures ». Toutefois, il a laissé entendre qu'il était encore possible d'initier des actions fortes, avec le concours des institutions financières, en vue d'identifier ces biens et de les confisquer.

De la déclaration de bien

Sagado Nacanabo a également rappelé que la charte de la Transition assujettit à l'obligation de déclaration de patrimoine, à l'entrée et à la fin de leurs fonctions, le président et tous les membres des organes de la Transition. Mais, après s'être renseigné auprès du Conseil constitutionnel et avoir vérifié au Journal officiel du Faso, le RENLAC a s'est rendu compte que tous les membres du CNT n'ont pas procédé à ladite déclaration auprès du Conseil constitutionnel. « Les patrimoines des membres du gouvernement déclarés auprès du Conseil constitutionnel ont été transmis au Premier ministre. Mais, jusqu'à ce jour, l'on n'a noté la publication d'aucune déclaration de patrimoine au Journal officiel », a regretté le secrétaire exécutif adjoint du RENLAC. Toute chose qui lui a fait dire : « On a l'impression qu'au sein de la Transition, il y a des gens qui tracent des pistes et d'autres qui les effacent ; certains construisent et d'autres détruisent. ». Or, a-t-il expliqué, c'est la chose la plus simple pour eux, surtout qu'ils ne donnent pas l'impression d'avoir des « fortunes colossales » à déclarer. Pourtant, selon le chargé de plaidoyer et de lobbying du RENLAC, Bruno G. Kéré, le plus important, ce n'est pas le « cheminement », mais le résultat attendu, à savoir la publication des déclarations de patrimoine au Journal officiel du Faso. « L'esprit de la déclaration est de permettre aux citoyens de pouvoir exercer une sorte de contrôle sur le patrimoine de leurs dirigeants », a-t-il expliqué.

De l'affaire OBOUF

L'autre sujet phare de la conférence de presse était l'affaire OBOUF. A ce sujet, le RENLAC a salué l'action des forces de sécurité et de tous ceux dont l'action a permis « de révéler au grand jour les pratiques criminelles du groupe OBOUF au grand jour». Par ailleurs, Sagado Nacanabo n'a pas manqué de partager son inquiétude, se demandant si ce n'est pas ''un morceau choisi '' par le gouvernement de Transition pour ''redorer son blason''. « Tous ces gens qui sont devenus multimilliardaires ne peuvent pas vraiment l'avoir fait licitement, a lancé le secrétaire exécutif adjoint du RENLAC.

Pour sa part, le secrétaire général du Syndicat burkinabè des magistrats, Karfa Gnanou, s'est insurgé contre le procédé de nomination des directeurs généraux des établissements publics de l'Etat. « Au début de la Transition, on a adopté un décret en conseil des ministres dérogeant à la procédure de nomination des directeurs généraux des EPE (l'appel à candidatures, Ndlr) », a-t-il décrié. Aussi, ce dernier a laissé entendre que si c'est pendant la Transition « qu'il faut déroger aux règles de transparence », il y a des raisons de s'interroger sur la volonté de celle-ci de « gérer les choses de façon différente que le régime déchu ». Ce nouveau décret, a confié Karfa Gnanou, « va à l'encontre des règles de bonne gouvernance », avant de conclure : « En réalité, ils se sont attribués le rôle de juge et parti ».

Par Philippe Bouélé BATIONO

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