« 2011, une commande du ministère de l'Agriculture de 6900 charrues et charrettes livrées par la Chambre des métiers. 2012, le ministère de l'Agriculture a commandé 20 000 unités de matériels agricoles ; les artisans ont livré les 20 000 unités. En 2013, le ministère a commandé 32 722 unités et après 4 mois de réalisation, les artisans étaient déjà à 29 000 unités et à 90 % de réalisation de nos jours, soit un taux de réalisation sur les 3 ans de 95% ». Ces propos sont de Paulin Kaboré, consultant dans l'opération « 100 000 charrues » au compte de la Chambre des métiers qui dit parler au nom des 150 patrons d'ateliers issus des 13 régions du Burkina Faso. Le 18 septembre 2013 à Ouagadougou, lui et ses collègues ont fait le pied de grue, même s'ils ont été priés de vider les lieux, derrière le mur de la télévision nationale, non loin du Premier ministère pour, ont-ils dit, rencontrer le locataire afin de lui « apporter les vraies informations », contraires selon eux, à ce qui a été dit lors du dialogue initié par le gouvernement et dont la grande première a eu lieu le 17 septembre 2013 en direct et en simultané sur la radio et la télévision nationales. Durant ce talk-show, le Premier ministre, en réponse à une question, a déclaré que « les artisans n'arrivaient pas a réaliser l'opération ». Selon Paulin Kaboré, « depuis le début de l'opération, les artisans ont cherché à rencontrer le Premier ministre pour qu'il transmette les salutations et la reconnaissance de l'ensemble des artisans engagés dans cette opération au président du Faso pour la noble initiative en faveur du monde rural et des artisans. Mais malheureusement, on n'arrive pas à rencontrer le Premier ministre et à notre grande surprise, on entend que les artisans n'arrivent pas à exécuter correctement le travail, alors que les 3 ans cumulés, les artisans sont à 95% de taux de réalisation ». A en croire les artisans, ce taux atteindrait « 100 % si les roues, qui sont du matériel importé, étaient disponibles au Burkina Faso. L'opération comporte beaucoup de charrettes si bien que les stocks habituels n'ont pas permis aux fournisseurs de ravitailler les artisans. Il fallait recourir à une commande extérieure. Une partie des roues est venue et les artisans ont livré, mais sont toujours en attente de l'autre partie afin d'avoir les 100% avant même la fin de l'année. Nous pensons qu'il y a un déficit de communication qui fait que le Premier ministre n'a pas eu les informations réelles sur le matériel déposé chez les paysans. Normalement, il est prévu pour les 3 ans, 59 622 unités et la Chambre des métiers est aujourd'hui à 56 532 unités livrées par les artisans. On attend les roues pour finaliser l'opération ». Selon les manifestants du jour, il est prévu la réalisation de 20 000 unités par an, et eux seraient à 29 000 unités en 4 mois. C'est dire donc, à les en croire, que « la capacité est là, l'expertise est là. Les artisans sont capables ». Par ailleurs, pour eux, les préoccupations qui « sont réelles sont celles des factures impayées ». Selon Paulin Kaboré, « une partie des factures de 2012 et celles des 29 000 unités qui sont déjà livrées cette année ne sont pas encore payées. Les artisans ont contracté des prêts bancaires, au niveau des Caisses populaires, des prêts fournisseurs pour pouvoir réaliser l'opération. A ce jour, ils attendent une facture cumulée de 3 milliards 16 millions de francs CFA ».
Au titre des difficultés rencontrées, ils ont fait comprendre qu'elles étaient d'ordre administratif. Il nous ont confié que chaque année, ils devraient signer une convention opérationnelle qui permet aux artisans d'avoir des bons de commande au niveau de la Chambre des métiers qui, à son tour, va commander le matériel de fabrication extérieure à mettre à la disposition des artisans. « Cette année, nous avons commencé l'opération en février et c'est le 31 mai que la convention a été signée. Or, sans la convention, le matériel ne peut pas être réceptionné et tant ce n'est pas réceptionné, les factures ne peuvent pas être payées », a-t-il précisé.
Boureima DEMBELE