Pour assurer un meilleur traitement des 5 065 dossiers enregistrés, le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) a besoin du concours des personnes et structures concernées. A cet effet, l’institution en charge de la réconciliation, a donné la parole, hier 25 janvier 2017 à Ouagadougou, à l’Association nationale des travailleurs déflatés du Burkina (ANTD). Pour le porte-parole du HCRUN, Jérôme Compaoré, cette deuxième rencontre qui intervient après celle du 27 juillet 2016, constitue une étape importante dans le traitement des dossiers. «C’est lorsque toutes les facettes du dossier seront connues et analysées que la justice et la vérité nous conduiront à un règlement incontestable des préjudices qui doivent être réparés», a-t-il souligné.
Cette rencontre regroupe les représentants des travailleurs de 42 sociétés d’Etat fermées à la suite de l’application du Programme d’ajustement structurel (PAS) dans les années 1990. Ces derniers, selon le président du HCRUN, Benoît Kambou, ont fait état des conditions dans lesquelles ces sociétés ont été liquidées et les conséquences sociales subies par les travailleurs. « Ils ont évoqué la déscolarisation des enfants, des cas de suicides et de divorces. Ils revendiquent leurs droits dont les montants varient d’une société à une autre», a-t-il expliqué. Au regard de tous ce qu’ils ont vécu, les travailleurs déflatés espèrent que le Haut conseil à qui ils ont donné des détails, sera sensible à leurs préoccupations, selon le président de l’association des travailleurs déflatés, Karim Niakara. « Nous insistons sur le paiement de nos droits. La Banque mondiale a préconisé qu’on paye 60 mois de salaire pour chaque travailleur déflaté. Mais cela a été réglé de façon disparate et insignifiante », a-t-il martelé. A écouter le président de corporation de la Société de recherche et d’exploitation minière du Burkina (SOREMIB) de l’ANTD, Mahamadi Sawadogo, ce sont 36 mois de salaires qui ont été versés aux travailleurs affectés par la fermeture de la société. « Nous réclamons les 24 mois de salaires restants et 60 mois pour les agents compressés en août 1990 qui n’ont rien reçu jusqu’aujourd’hui », a-t-il plaidé. Concernant la société d’exploitation minière, Mahamadi Sawadogo dit ne rien comprendre dans les raisons qui ont conduit à sa fermeture. « C’est une fermeture scandaleuse qui a mis 356 personnes dans la rue. Comment pouvez-vous comprendre qu’une société redressée à hauteur de 7 milliards de F CFA par l’Etat et son partenaire financier soit fermée avant la fin de sa réhabilitation », s’est-il insurgé. Ce sont environ 6 mille ex-travailleurs provenant des sociétés industrielles et commerciales, des banques, des mines, des transports et de l’agriculture qui sont concernés par cette situation. Les entretiens qui ont débuté hier avec les représentants des travailleurs déflatés des 42 sociétés se poursuivent aujourd’hui avec les victimes de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014.
Abdoulaye BALBONE