Koudougou : Ces puits à ciel ouvert qui font des victimes

| 26.02.2014
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Koudougou : Ces puits à ciel ouvert qui font des victimes
© DR / Autre Presse
Koudougou : Ces puits à ciel ouvert qui font des victimes
Et pour cause, les nombreux cas d'accidents mortels et autres victimes collatérales font de la cité du Cavalier rouge, une ville très crainte la nuit, à cause de ces trous (fosses septiques) sans aucune protection. Nous avons fait une excursion dans certains quartiers les 30, 31 janvier et 1er février 2014. Les confessions de nombreuses victimes et témoins permettent de mieux cerner l'ampleur du phénomène. Lisez plutôt.

En effet, le cas le plus récent (au moment de nos investigations) est celui de ce jeune homme, habitant du secteur 10, Abel Kaboré, puisque c'est de lui qu'il s'agit, bien que résident dans ledit quartier depuis 1998, a été victime d'un accident de puits le 03 janvier 2014, aux environs de 21 heures. Interrogé sur les faits, Abel Kaboré, avant de nous raconter son accident fera savoir que cela faisait partie de ses souvenirs les plus douloureux. Néanmoins, il rend grâce à Dieu, du fait qu'il n'a pas perdu la vie suite à sa chute dans un puits qui aurait une profondeur de 10 mètres environ et sans eau. Car, d'autres ont péri dans ce genre d'accident. «C'est un soir, relate-t-il, je partais chez un ami vers le Collège St Monique et j'avais mon téléphone portable que je manipulais et tout d'un coup, je me suis retrouvé au fond du puits. Etant seul, je me suis débattu pour ressortir.Cependant, mon téléphone et une de mes chaussures y sont restés. C'est le lendemain que je suis retourné pour voir clair dedans et récupérer mes objets», a expliqué la victime. Il dit qu'il a eu des plaies, lesquelles l'ont amené au CHR de Koudougou où il a été soumis à un traitement antitétanique. L'air énervé, M. Kaboré dit ne pas comprendre l'existence de puits à ciel ouvert, sans aucune protection dans une ville. Le puits dont il est victime se situerait au côté ouest du Collège St Monique, dans une parcelle non mise en valeur.

Un enfant de 3 ans mort dans une fosse septique

Non loin de là, en face du Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) du secteur 10, existe un autre à grand diamètre.Selon un autre témoin, Nabie Aristide, étudiant, «auparavant, ce puits assurait les besoins de 3 à 4 secteurs en eau», avant d'ajouter qu'il «a tari, il y a environ 4 ans. Aujourd'hui, il est devenu un endroit où les gens viennent jeter toute sorte de déchets dans le souci de le boucher. Mais cette méthode est lente à notre avis, eu égard au danger qu'il présente», confie-t-il. Toujours, selon les témoignages recueillis dans ce quartier, un élève aurait tenté de se donner la mort après avoir échoué à son examen, en se jetant dans ce puits. Fort heureusement, grâce à la vigilance des riverains, il a été sauvé avec l'intervention des Sapeurs-pompiers. C'est justement à ce titre, que nous avons, dans le souci d'étayer ces témoignages avec quelques statistiques d'intervention sur des scènes cocasses de sauvetage des Sapeurs-pompiers, adressé une demande à la Brigade nationale de Sapeurs-pompiers depuis le 1er février 2014 par l'entremise de la 3è Cie de Koudougou, mais jusqu'au moment où nous mettions cet article sous presse, aucune suite n'avait été donnée à notre requête. Néanmoins, des sources autorisées ont indiqué qu'un enfant de 3 ans a été repêché mort dans une fosse septique au secteur 2 en juin 2013. La situation est préoccupante et des conseillers de secteurs auraient été interpellés à ce sujet, de même que l'ancien 1er adjoint au maire de la commune (en 2012 avant les élections) a-t-on appris. Que faire? Dans tous les cas, les autorités municipales doivent prendre le problème à bras le corps afin d'éviter tout autre accident mortel lié à cela, car il est encore temps pour agir. Une excursion dans les deux quartiers (9 et 10) nous a permis de découvrir d'autres, plus dangereux de part et d'autre, dans les quartiers, aux abords des concessions ou sur des voies de la ville de Koudougou.

«Nous vivons dans l'angoisse»

«Nous sommes dans l'angoisse», soutient Jeanne Yé, élève professeure à l'ENS-UK, en location dans une cour, à côté des écoles Wendpanga A et B, au secteur 9. «L'emplacement du puits n'est pas tout à fait stratégique, parce qu'il est situé juste à côté d'une voie principale que beaucoup de personnes empruntent à mon avis. Il présente un danger pour les usagers, et surtout les enfants. Hier (NDLR: le 31 janvier 2014. Entrevue réalisé le 1er février), en revenant de l'école, j'ai trouvé des enfants qui étaient assis autour de la paroi du puits, et qui cherchaient à voir le fond du puits, et je les ai chassés. Enfin, je pense que l'eau n'est pas potable pour la consommation», a-t-elle confessé. Du côté des écoles Wendpanga A et B, quand bien même «il y a des mesures qui sont prises, il n'en demeure pas moins que des inquiétudes subsistes, liées à l'existence même du puits», dira Fousséni Sanfo, directeur de l'école Wendpanga B, avant d'inviter les voisins de ces puits à prendre leurs responsabilités.En attendant que la commune trouve les moyens de nous épargner de ces tombes, la prudence doit être observée quand vous circulez dans certains secteurs. Aussi, c'est le lieu d'inviter toutes les populations de Koudougou afin que chacun joue sa partition à travers la sensibilisation pour résoudre ce problème qui n'a que trop duré.

Ce qu'en pense Gaston Kagambèga, 1er adjoint au maire de la commune

«Moi je pense que ce sujet relève d'un phénomène général, lié aux difficultés d'aménagement des terrains. Avec les problèmes de terrains d'habitations, beaucoup de communes ont procédé à des lotissements. Celui de Koudougou a concerné en même temps neuf secteurs. Ce qui fait que dans ces zones loties, nous constatons des trous ouverts de part et d'autre. C'est une situation très préoccupante, parce qu'à certains endroits, on a enregistré malheureusement des accidents mortels, très choquants. Pour ce faire, à chaque fois que nous constatons un accident de ce genre, nous procédons immédiatement à la fermeture du puits. Je me souviens de certains, comme au secteur 1, il y a 2 ou 3 ans, une personne est morte. En effet, l'autorité communale est bien consciente de la situation, mais ce sont les moyens qui manquent. En tout cas, ce sont des faits qui se produisent mais nous y pensons et nous allons faire des efforts, ne serait-ce que de fermer les plus dangereux. Je lance un appel aux riverains, de commencer d'ores et déjà à fermer ces puits pour aider la commune, ou les baliser afin d'éviter des drames».

Zanga Souleymane DAO

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