Transition : Quelle justice pour les martyrs de l’insurrection ?

| 03.02.2015
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Joséphine Ouédraogo - Ministre de la Justice, des Droits Humains et de la Promotion Civique, Garde des Sceaux
© DR / Autre Presse
Joséphine Ouédraogo - Ministre de la Justice, des Droits Humains et de la Promotion Civique, Garde des Sceaux
Et de 2 pour le rendez-vous «face à la presse» du gouvernement de la Transition au Burkina, hier 02 février 2015 ! Face aux hommes et femmes de médias, les ministres de la Communication, Frédéric Nikiéma, et de la Justice, Joséphine Ouédraogo. Occasion pour le porte-parole de revenir sur des mesures prises par le gouvernement pour lutter contre la corruption, réorganiser le secteur économique et réduire son train de vie.


Plus rien ne sera comme avant ! Le fameux slogan semble être entonné par le gouvernement de la transition au Burkina Faso. C'est en tout cas ce qu'a assuré le ministre de la Communication, chargé des Relations avec le CNT, porte-parole du gouvernement, lors du «face à la presse» du 02 février 2015.

Suppression des cocktails lors des cérémonies de présentation de vœux dans les ministères, réduction des missions extérieures, étude du reclassement des ministres en classe prémium (classe intermédiaire entre Classe affaires et Classe éco dans les avions), diminution des cortèges officiels, matérialisée, entre autres, par le covoiturage des ministres et arrêt du cortège (dépourvu souvent de motards) du Premier ministre aux feux tricolores.

Ce sont là les exemples d'actions entreprises à cet effet par le gouvernement que le porte-parole a énumérés. Et ce n'est pas tout, car d'autres mesures seront bientôt annoncées par le ministre des Finances, a indiqué Frédéric Nikiéma. Autre cheval de bataille du gouvernement : une nouvelle gouvernance économique.

C'est ainsi que l'Autorité supérieure de contrôle d'Etat (ASCE) a entamé des investigations dans les différents ministères afin de faire la lumière sur les irrégularités commises : « Il n'est plus question que la politisation de l'Administration, du système judiciaire ou le manque de volonté politique empêche la manifestation de la vérité sur d'éventuels cas de fraude ou de corruption ».

L'exécutif a également décidé de s'attaquer au monstre des monopoles et des passations litigieuses de marchés publics laissé par l'ancien régime en donnant des instructions pour supprimer les situations de monopoles et renforcer la transparence dans la passation des marchés publics: « Aucun opérateur économique, aucun commerçant ne pourra encore bénéficier d'un protectorat quelconque comme cela avait été le cas jusque-là. Les réseaux de sociabilité informelle, de groupuscules politiques ou d'associations qui avaient une mainmise sur la gestion des finances publiques ne sont plus opérationnels. Nous allons travailler à ouvrir l'économie de sorte qu'elle ne soit plus entre les mains d'une minorité. Tout Burkinabè qui a une idée/volonté entrepreneuriale doit être en mesure de se battre à armes égales dans le domaine de la passation des marchés publics ou obtenir des prêts bancaires pour la mise en œuvre de ses projets.»

Foi de Frédéric Nikièma, il ne s'agit plus de « qui on connaît pour réussir, mais de la pertinence de son projet pour obtenir le soutien de l'Etat ». De plus, à l'en croire, l'Etat prendra également ses dispositions pour payer les dettes qu'il avait envers les particuliers, quitte à ce qu'il exige le paiement effectif des impôts.

Tous les membres de l'exécutif ont fait la déclaration de leurs biens, laquelle a été transmise au Conseil constitutionnel devant qui la procédure suit son cours, n'a pas manqué de souligner le porte-parole qui a également annoncé que des discussions ont été entamées entre les syndicats et le gouvernement afin de trouver une issue au problème des prix.

Quand le gouvernement «freine» son train de vie

La seconde partie de la rencontre du 02 février 2015 avec les médias a été animée par Joséphine Ouédraogo, ministre de la Justice, des Droits humains et de la Promotion civique, garde des Sceaux. Ce ne sont pas les tares qui manquent à la justice burkinabè. Aussi sa réhabilitation se doit-elle d'être une action collective.

C'est dans cette optique qu'il faut comprendre la tenue du 24 au 27 mars 2015 des états généraux de la justice : « Le concept d'états généraux est différent de celui d'une conférence ou d'un forum classique, qui se contentent d'analyser des problèmes et fait des recommandations pour leur résolution. C'est un temps fort pendant lequel la nation entière s'arrête sur la question de la justice.»

Foi de ''Joséphine, Ange-gardienne des Sceaux'', ces échanges doivent aboutir à « un pacte national sur le renouveau de la justice » qui apporte des réponses à tous les problèmes de la justice et engage tous les Burkinabè. Pour ce faire, le gouvernement compte mettre à contribution les provinces où des émissions radiophoniques seront réalisées pour recueillir les appréciations et les suggestions des justiciables des tribunaux départementaux.

Une réunion régionale sera également faite sur le diagnostic de la justice. Les résultats seront reversés au premier jour des états généraux. Les deux autres jours seront consacrés à l'élaboration du pacte national et la mise en place d'un mécanisme de suivi de la mise en œuvre de ce pacte, qui doit réconcilier la justice et les justiciables au Burkina.

En attendant cette date, les tribunaux sont fermés au Burkina suite à un mouvement de colère des magistrats après l'affaire du magistrat Rouamba. Au dire de la ministre de la Justice, les démarcheurs ont présenté des excuses publiques et des dispositions sont prises pour sécuriser l'enceinte du palais de justice. Des discussions sont aussi en cours pour une reprise des activités de la justice dans les « prochains jours ».

Des guichets seront également aménagés pour servir les documents civils (casier judiciaire, certificat de nationalité, etc.) aux citoyens et dont le délai de délivrance est ramené de trois semaines à une semaine. En attendant, le gouvernement a envoyé des correspondances aux différentes institutions pour traiter les dossiers de citoyens sous réserve de la disponibilité des actes civils dont l'établissement est bloqué par la cessation des activités des juridictions.

Les martyrs de l'insurrection populaire obtiendront-ils justice ? Assurément, répond le ministre de la Justice selon laquelle, les dossiers sont en cours d'examen devant les tribunaux : «un comité ad hoc a remis son rapport sur les victimes de l'insurrection et celui-ci sera reversé à la justice pour traitement»

Hyacinthe Sanou

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