Tom Sank, 28 ans après après : La justice commence à voir jour

| 15.10.2015
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Tom Sank, 28 ans après après : La justice commence à voir jour
© DR / Autre Presse
Tom Sank, 28 ans après après : La justice commence à voir jour
L’espérance des pauvres ne périt jamais. Ce ne sont pas les pauvres de la grande famille sankariste du Burkina, de l’Afrique et du reste du monde qui diront le contraire. L’horizon s’éclaircissant au-dessus de leur tête, ils ont mille et une raisons de croire en des perspectives heureuses.


Pour la première fois, depuis l’assassinat crapuleux et ignominieux du capitaine Thomas Sankara, ses héritiers qui n’ont de cesse décuplé, abordent l’anniversaire de sa disparition tragique, sous de meilleurs auspices. Cette fois, où l’optimisme le dispute fièrement à la joie, l’heure ne sera plus, seulement au recueillement et à l’introspection, mais aussi et surtout, à la justice. Ce sera le temps de la célébration du bien sur le mal, du culte de la vérité sur le mensonge et de la consécration de la mémoire graduelle et éternelle du juste sur les inepties et les hérésies du méchant.

Pour en arriver là, il a fallu attendre 28 ans. 336 mois entre menaces et angoisse, 1 540 semaines entre doute et espoir, 10 080 jours entre renoncement et combats. Que de misère et de traversée du désert. Car, entre-temps, le dossier Thomas Sankara, pernicieusement parasité par une foultitude d’analyses et d’expertises approximatives, avait été relégué dans les poubelles de la justice des hommes.

Au regard des derniers développements, on se convainc que l’indécrottable Blaise Compaoré, qui avait cet art consommé de faire porter le chapeau aux autres, n’y était pas pour rien. Un an seulement après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre dernier, qui l’a déboulonné du pouvoir, que de choses ont changé. Un vent nouveau souffle sur le Burkina nouveau. Contrairement à lui, ses successeurs sont engagés à épurer le passif judicaire. Ils ont levé tous les obstacles et brisé tous les liens de l’ensablement du dossier Sankara. Aujourd’hui, la justice avance ; elle avance à grand pas, sinon même à pas de géant.

Le présumé corps de Thomas Sankara et ceux de ses douze compagnons d’infortune ont été exhumés et soumis à une autopsie et à une balistique. On attend le test ADN.

On a appris de la bouche fertile de l’avocat de la famille, Me Bénéwendé Sankara, que les assassinats perpétrés étaient d’origine criminelle. Que les assaillants étaient animés de la soif perfide de semer la mort sur leur passage. Comme l’atteste la nature des armes utilisées, ce tristement célèbre jour : des Kalachnikovs, des G3, des pistolets automatiques et éventuellement, des grenades.

Mieux encore, huit personnes ont été déjà inculpées. Parmi eux, le médecin- colonel Alidou Guébré, celui-là même qui a fait montre de couardise, en signant l’acte de décès du capitaine Sankara, avec la mention “mort naturelle“. S’il n’est pas encore détenu, tout comme Hyacinthe Kafando, prétendument en fuite, on pense et à bon droit, que cela ne saurait tarder.

Quid de présumés coupables, autrement dit, de serviables, corvéables et malléables exécutants ou commanditaires qui croupissent déjà dans les geôles de la Maison d’arrêt et de correction de l’armée (MACA) ? Le plus illustre d‘entre eux est le généralissime Gilbert Diendéré. Un homme pas comme les autres. Aussi grand qu’il est par la taille, aussi largement, il est à tort ou à raison, suspecté d’avoir perpétré des crimes horribles et avilissants. On avait vite fait de dire qu’il avait décidé de prendre les rênes de l’exécutif, en opérant, dit-on, le plus bête des coups d’Etat, pour ne pas avoir à rendre compte de son implication dans le coup d’Etat qui a coûté la vie au père de la Révolution du 4-Août. Qui sait !

Tout compte fait, toutes les conditions ou presque sont réunies pour l’éclosion de la vérité et de la lumière sur les macabres évènements du 15 octobre qui ont plongé le pays des hommes intègres dans les ténèbres du déni de justice. On fonde alors, espoir que les langues vont se délier. On fonde aussi espoir que les droits élémentaires des justiciables seront reconnus et respectés, afin que le Burkina Faso ne perpétue pas le cycle infernal de la justice des vainqueurs .

Christian N. BADO

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