A la reprise du procès, cet après-midi, le président de la Haute cours de justice (HCJ), Bèbrigda Mathieu Ouédraogo a demandé aux ministres inculpés de se prononcer sur la décision de leurs avocats de ne plus assister à la suite du procès.
A cette requête, c’est l’ex-Premier ministre Luc Adolphe Tiao qui, au nom des ministres concernés, a pris la parole pour signifier qu’au regard de la délicatesse du dossier, ils ne pourront pas parler sans la présence des avocats.
«A la lumière de ce que vous venez de dire, nous allons vous donner 72 heures pour vous trouver des avocats afin de vous assister», a déclaré le président de la HCJ.
Bien avant, Bèbrigda Mathieu Ouédraogo a fait cet argumentaire : «Comme nous l’avons déjà dit, nous tenons à ce que ce procès se tienne dans la sérénité, dans l’objectivité (...) Nous avons fait en sorte que les droits de la défense soient garantis».
Il a suspendu de nouveau le procès aux environs de 16 heures et l’a renvoyé au lundi 15 mai 2017 à 9 heures.
La défense des membres du gouvernement Luc Adolphe Tiao III, poursuivis pour leurs responsabilités présumées dans la répression sanglante de l’insurrection populaire d’octobre 2014, a claqué la porte lundi en milieu de journée, pour protester contre la décision de la HCJ, de passer outre les exceptions d’inconstitutionnalité, soulevées un peu plus tôt par elle.
En effet, plus tôt dans la matinée, Me Mamadou Traoré (ancien bâtonnier), Me Armand Bouyain et Me Antoinette Ouédraogo (ex bâtonnier) s’étaient évertués à démontrer que l'impossibilité de faire appel des verdicts de la HCJ (absence du double degré de juridiction), est anticonstitutionnelle.
Ils se sont également plaints que les lois portant composition et fonctionnement de la HCJ ont été adoptées en juin 2015, alors que les membres du gouvernement Tiao III sont poursuivis pour des actes supposés commis en octobre 2014. (Principe de la non rétroactivité de la loi).
Enfin, Me Traoré a qualifié de «monstruosité», le fait de poursuivre ses clients devant un tribunal correctionnel pour des faits criminels.
Pour le Tribunal, il n'y a pas eu lieu de surseoir au procès pour consulter le Conseil constitutionnel, car les lois organiques ont déjà été l’objet d’un contrôle avant leurs promulgations (contrôle à priori et non à posteori).
Débuté le 27 avril dernier, le procès avait été renvoyé à une semaine plus tard, à la demande de bâtonnier de l’ordre des avocats qui avait évoqué la rentrée solennelle du Barreau, tenu du 27 au 29 avril.
Agence d’information du Burkina
ak/ata