Procès des étudiants : Ainsi donc, y a dossier dans dossier

| 16.08.2013
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Etudiants lors du proces pour vandalisme
© DR / Autre Presse
Etudiants lors du proces pour vandalisme
Le procès des étudiants interpellés lors des troubles consécutifs à la fermeture des cités universitaires a certainement étonné plus d'une personne.

Aussitôt arrêtés, aussitôt présentés au juge et jugés même si le dossier a été finalement renvoyé au Conseil constitutionnel pour que ce dernier se prononce sur la loi anti-casse. En vérité, ce procès a permis au fou de savoir qu'il y a « dossier dans dossier ». En fait, la Justice nous avait habitués à un langage presque sibyllin lorsqu'on cherchait à en savoir davantage sur telle ou telle affaire sensible, à elle confiée : "La justice suit son cours". Mais avec cette affaire des étudiants, elle n'a pas eu besoin qu'on lui demande où on en est avec le dossier.

Elle a vite identifié des présumés coupables et s'est empressée de les mettre derrière les barreaux, alors que dans bien d'autres cas, notamment dans l'affaire du journaliste Norbert Zongo, elle a dit n'avoir pas trouvé de coupable et a même prononcé un non-lieu. Même si le fou n'est pas un spécialiste du droit pénal, il est en droit de se poser des questions. Toujours est-il que le fou se convainc de plus en plus que ceux qui parlent de justice à deux vitesses au pays des Hommes intègres n'ont pas totalement tort au regard de la célérité avec laquelle la Justice traite le dossier des 50 étudiants. Pourquoi n'a-t-elle pas fait preuve de la même diligence avec les dossiers Ousmane Guiro, l'ex-directeur général des Douanes et Bernadette Tiendrébéogo, assassinée par son ex-copain il y a cinq mois et bien d'autres dossiers encore ? Loin du fou l'idée de chercher à blanchir les étudiants, mais le constat est clair.

Le fou a l'impression que lorsqu'une affaire compromet le pouvoir, le dossier est mis en état d'hibernation absolue. Mais lorsqu'il s'agit d'une affaire qui l'arrange, le dossier est vite évacué. Sinon, pourquoi cet empressement ? Ou bien la Justice veut-elle juger l'affaire avant la rentrée prochaine de peur de subir la pression de la masse estudiantine ? La question n'est pas insensée même si c'est le fou qui la pose. En tout cas, en tant que fou, je constate que le gouvernement a intérêt à ce que la Justice rende vite son verdict car l'université est par excellence le foyer des contestations. Et sachant la capacité de nuisance des étudiants, le pouvoir ne se donnera pas le luxe de faire traîner ce procès. Ce, d'autant que l'issue de celui-ci peut dissuader ces derniers qui sont visiblement de plus en plus prêts à soutenir les différentes luttes. Mais bon, ce ne sont-là que des suppositions de fou. Peut-être que la Justice burkinabè a décidé maintenant de ne plus laisser dormir les dossiers dans les tiroirs.

Si c'est le cas, on connaîtra bientôt le dénouement de nombreux dossiers de crimes de sang et de crimes économiques. Souhaitons qu'il en soit ainsi car la Justice doit traiter tous les Burkinabè sur un pied d'égalité comme c'est bien inscrit dans la Constitution. Tout compte fait, ce procès des étudiants est la preuve que la Justice peut être diligente dans les autres cas. Et il faudrait qu'elle s'inscrive dans cette dynamique si tant est qu'elle veuille prouver aux Burkinabè qu'elle n'est pas sélective.

 

Le Fou

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