Deux conférenciers ont tenu en haleine le public dans l'après-midi du samedi 25 avril 2015 à Ouagadougou. Il s'agit du magistrat Losseni Cissé et de Me Prosper Farama qui ont donné leurs points de vue sur le thème : « Regards croisés sur le pacte national pour le renouveau de la justice : entre espoirs et illusions ?».
Pour Losseni Cissé, on n'avait pas besoin d'organiser des assises à coût de millions pour disséquer les maux de la justice burkinabè. A l'entendre la question ne devrait plus être aujourd'hui à la réflexion, mais à la prise de décisions. Les maux qui minent la justice sont déjà connus, selon le conférencier. Il renvoie à des mémoires, des thèses, des documents tels que le Mémorium. Parlant du manque crucial de moyens, il a donné l'exemple sur l'absence d'une ligne téléphonique au Tribunal de grande instance de Ouagadougou. Pour lui, le plus gros mal de la justice est d'être sous l'emprise des politiciens. Il a, de ce fait, dénoncé la mainmise du pouvoir exécutif sur le pouvoir judiciaire. Selon M. Cissé, tant que le système politique ne changera pas, il n'y aura pas d'indépendance de la justice.
Quant au second conférencier Me Prosper Farama, il dit être partagé entre espoir et illusion. Pour lui, ce pacte suscite un peu d'espoir. En ce sens qu'il y a une volonté apparente de faire bouger les choses, de travailler à rendre la justice indépendante. Il a dit remarquer que le discours sur cette institution a changé. Un fait positif qu'il a relevé est l'adhésion libre et volontaire des parties prenantes. Me Farama pense aussi que désormais les magistrats vivent sous pression du citoyen.
Le pacte est une illusion
Cependant, cette lueur d'espoir ne l'a pas empêché de traiter le pacte d'illusion. Il a confié que quand on parle d'états généraux, on fait appel à des spécialistes. Ce qui n'a pas été le cas avec le pacte. A l'écouter, c'est toute la société burkinabè qui a besoin d'une réforme. « Dans une société révolutionnaire, il faut une réforme globale», a-t-il déclaré. Il a émis des craintes sur le caractère non contraignant du pacte qui peut amener le politique à le fouler aux pieds. Ce qui fera dire au secrétaire exécutif du SYNAP, Me Batibié Benao, que seul un leader politique a personnellement paraphé le pacte. En plus du regard porté par les deux spécialistes sur le pacte, le public a eu droit à celui de deux étudiants en droit.
Le panel a été l'occasion pour lancer l'Inter- universitaire de l'éloquence judiciaire (ISUE), un concours qui va désigner le meilleur avocat étudiant. La finale est prévue pour le 1er octobre prochain, à en croire le secrétaire exécutif du SYNAP, Me Batibié Benao.
Habibata WARA