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La justice, ce n’est pas un milieu d’affaires !

| 26.03.2015
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La justice, ce n’est pas un milieu d’affaires !
© DR / Autre Presse
La justice, ce n’est pas un milieu d’affaires !
« Quand on entend dire à la télé aux gens de ne pas régler leur problèmes eux-mêmes, ça fait sourire. C'est parce que les gens savent que s'ils emmènent leurs problèmes ailleurs ils ne seront pas réglés qu'ils les règlent eux-mêmes. Si on veut donc que ce ne soit plus comme cela, il faut régler correctement les problèmes des gens ». Sont les propos d'un citoyen burkinabé à une question sur la justice de son pays. Sur la même justice, un autre citoyen qui, lui a eu affaire à elle a eu le jugement suivant : « c'est comme cela votre justice-là ? Tout le monde voit la vérité, mais personne ne veut la dire. Et à la fin, c'est celui qui n'a pas raison qui a raison. Moi, franchement, je ne veux plus avoir affaire à votre justice-là ». Puis il conclut à peu près comme le premier : « moi, désormais si j'ai un problème, je n'irai pas le porter devant la justice pour faire bouffer mon argent inutilement ». On comprend donc aisément pourquoi quand il y a des manifestations, la justice est tout de suite dans le viseur.


En effet, quand des citoyens justiciables en arrivent à ne plus avoir confiance à leur justice, ce n'est pas seulement des états généraux qui peuvent rétablir la confiance. Certes, ils permettront de faire des propositions afin de rendre les textes plus efficaces et adaptés sans doute à la situation des Burkinabè, mais ces états généraux-là ne viendront pas se substituer aux jurés. Autrement, le problème de la justice burkinabè ne se trouve pas seulement dans les textes. Il se trouve aussi dans les hommes et femmes qui sont chargés de la rendre. D'abord le rajeunissement de l'appareil judiciaire n'a pas été une bonne chose. La justice, c'est la hiérarchie. Mais c'est aussi l'expérience. Car tout, n'est pas droit et lois. Surtout dans notre société. Ensuite, les intermédiaires dans l'appareil judiciaire est un non-sens, voire une grosse entorse à la bonne exécution de la justice. Les justiciables veulent avoir affaire aux juges, à leur appareil, dans la transparence. Enfin, la course effrénée de certains acteurs vers l'enrichissement, d'où la corruption, est une grave entrave à la bonne exécution de la justice.

En outre, le langage judiciaire est incompréhensible de la majorité des Burkinabè. C'est aussi un handicap sérieux à la bonne exécution de la justice. De même, les Burkinabè ne connaissent pas les rouages de leur appareil judiciaire et le rôle exact des acteurs qui l'animent. C'est pourquoi, les états généraux sont certes bien et même très bien. Mais, tant que les acteurs ne se remettront pas en cause et épurent leur milieu, on aura travaillé pour rien. La justice ne doit pas être le lieu où on transforme la vérité en mensonge et le mensonge en vérité. Elle ne doit pas non plus être un milieu où la corruption sévit. Au contraire, elle doit combattre la corruption et la sanctionner. Ce n'est pas un centre d'affaires.

Aussi, pour être véritablement le dernier recours comme c'est son rôle dans toute société de droit, elle doit en dernier ressort, redorer son blason, laver proprement ses robes et se présenter devant les Burkinabè avec un nouveau visage. Il n'y a pas mille solutions.

Dabaoué Audrianne KANI

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