Justice: un magistrat pour 42 mille habitants au Burkina Faso

| 20.02.2015
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Le président du Faso, SEM Michel Kafando a présidé le Conseil supérieur de la magistrature(CSM), le vendredi 6 février 2015 au palais présidentiel de Ouagadougou. Photo : Joséphine Ouédraogo - Ministre de la Justice, des Droits Humains et de la Promotion Civique, Garde des Sceaux
© DR / Autre Presse
Le président du Faso, SEM Michel Kafando a présidé le Conseil supérieur de la magistrature(CSM), le vendredi 6 février 2015 au palais présidentiel de Ouagadougou. Photo : Joséphine Ouédraogo - Ministre de la Justice, des Droits Humains et de la Promotion Civique, Garde des Sceaux
'Au Burkina Faso, on dénombre 1 magistrat pour 42 mille habitants, voire même pour 48 mille, tandis que le ratio devrait être de 1 magistrat pour 10 mille habitants', a déploré Me Hervé Kam, animateur d'un panel organisé dans le cadre des états généraux de la justice prévus du 24 au 27 mars prochain.


Selon Me Hervé Kam, avocat et membre très actif de la société civile au Burkina Faso, fondateur du 'Balai Citoyen', un mouvement de la jeunesse, fer de lance des journées insurrectionnelles ayant chassé Blaise Compaoré du pouvoir fin octobre dernier, à ce manque de praticiens du droit, s'ajoute aussi la faible spécialisation des magistrats burkinabè.

'Le nombre de magistrats au Burkina Faso est de 30 en moyenne par an. Mais ce quota n'est pas respecté chaque année', a noté Me Halidou Ouédraogo, président d'honneur du Mouvement burkinabè des droits de l'homme et des peuples (MDHP) et l'un des doyens des avocats burkinabè avec plus de 30 années d'expérience.

Me Kam a en outre indiqué que le pays ne compte que deux cours d'appel et 26 tribunaux de grande instance sur ces 274 000 km2 de superficie.

Le Burkina Faso, pays sahélien de plus de 17 millions d'habitants, a connu une insurrection populaire fin octobre qui a neutralisé le régime vieux de plus de 27 années de Blaise Compaoré.

Le régime de M. Compaoré a été critiqué de 'corruption, gabegie et manque de justice' par une grande partie de la population qui a exprimé son mécontentement les 30 et 31 octobre 2014 à travers des manifestations violentes sur toute l'étendue du territoire.

Pour le président du conseil national des organisations de la société civile burkinabè, Jonas Hien, 'l'injustice, l'impunité et le manque de confiance entre les justiciables et la justice' ont été les raisons du soulèvement populaire au Burkina Faso.

Des symboles de l'Etat tels que l'Assemblée nationale, la télévision publique et le palais de justice de Bobo-Dioulasso, deuxième plus grande ville du pays, ont été vandalisés et incendiés pendant l'insurrection populaire.

Ces actes constituent 'une invite à toutes les composantes de la société à procéder à une analyse critique afin d'engager un dialogue entre les acteurs pour une justice équitable', a dit la ministre de la Justice, Joséphine Ouédraogo.

Le président de la transition, Michel Kafando, à l'occasion du 54ème anniversaire de l'indépendance du pays célébré à Dédougou (Nord-ouest) en mi-décembre dernier, avait déclaré que le gouvernement lancera le 24 mars les états généraux de la justice pour répondre aux préoccupations des citoyens.

Il avait aussi promis l'ouverture et la poursuite de certains dossiers pendants tels que l'assassinat de Norbert Zongo, journaliste d'investigation retrouvé mort calciné en 1998 alors qu'il enquêtait sur la mort suspecte du chauffeur de François Compaoré, frère cadet de l'ex-président.

Le président intérimaire avait aussi envisagé l'exhumation du corps de Thomas Sankara, mort dans un coup d'état qui porta Blaise Compaoré au pouvoir en octobre 1987, afin de déterminer les causes exactes de sa disparition.

Selon Mme Ouédraogo, c'est dans cette optique que le gouvernement de la transition a décidé de poser la question des états généraux de la justice pour restituer les responsabilités.

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