Après avoir entendu le premier civil cité dans cette affaire des militaires Guira Sibiri Gilbert, c’était au tour de Ouédraogo Cheick Alassane dit Ladji d’être entendu. A la veille de cette audience, Guira Sibiri Gilbert, l’un des deux civils accusés dans cette affaire, déclarait que le sac contenant des armes et des munitions lui a été remis par son beau-frère qui n’est autre que Ouédraogo Cheick Alassane dit Ladji. Mais ce dernier précisait aussi qu’il ignorait le contenu du sac. Comparaissant ce jour, Ladji, en répondant à la préoccupation du commissaire du gouvernement, affirme que personne ne lui a conseillé de remettre le sac à son beau-frère. Toujours selon l’avis du commissaire du gouvernement, l’accusé est en train de tourner en rond car lors de l’instruction, il avait affirmé : « un de ces jours de décembre 2015, Zallé Mahamadi m’a appelé pour me demander de prendre part à leur rencontre pour procéder à des bénédictions. J’ai émis des réserves quant à la possibilité d’effectuer le trajet par déficit de carburant. Il m’a rassuré de faire le déplacement car ils vont y pourvoir. Lorsque je suis arrivé au lieu de la réunion, il se trouvait qu’il y avait des militaires en train de lire des documents. Ce que j’ai pu capter, c’est qu’il envisageait attaquer la MACA ; ensuite le camp Guillaume et également s’en prendre à Isaac Zida. C’est là j’ai eu peur et je me suis retiré. Arrivé à mon domicile, j’ai vérifié le sac qu’ils m’ont confié. A l’intérieur dudit sac, j’ai constaté deux armes et des munitions. Au vu du contenu, j’ai appelé Zallé Mahamadi de venir chercher son colis, car je devais aller célébrer la fête de Maouloud à Tangsalga vers Titao. Zallé n’a pas trouvé d’inconvénient. Il a émis le vœu de m’accompagner et au retour il prendra son sac. Nous avons effectué le voyage ensemble. Et à notre retour, je lui ai parlé du sac. Il me fit comprendre qu’il doit effectuer un autre voyage et qu’à son retour il reviendra chercher son sac. Je lui ai dit que je dois aller à Kongoussi pour le Doa des pèlerins et qu’il peut passer chercher le sac à mon absence. C’est là qu’il m’a suggéré de remettre à quelqu’un d’autre si possible. J’ai aussitôt pensé à mon beau-frère et je lui ai dit que je l’appellerais au moment voulu pour lui dire de remettre le colis à quelqu’un. C’est à Kongoussi que j’ai été interpellé par la gendarmerie ». A la lecture de ce procès-verbal de l’instruction par le commissaire du gouvernement, l’accusé a demandé de « recadrer » le débat et a affirmé qu’après la réunion il n’a pas cherché à ouvrir le sac ni à savoir son contenu. Revenant à la charge le commissaire du gouvernement affirme que pendant l’instruction Ladji a dit que c’est pendant que sa femme balayait la maison qu’elle a vu qu’il y avait des munitions dans le sac. L’accusé rétorqua qu’il n’a jamais dit cela. C’est lui-même qui, pendant la réunion, a su qu’il y avait des munitions dans le sac, mais il dit n’avoir pas cherché à vérifier son contenu.
« C’est à la gendarmerie que j’ai su qu’il y avait des armes »
L’accusé Ouédraogo Cheick Alassane dit Ladji nie tout en bloc et affirme qu’il n’a jamais ouvert le sac mais seulement qu’il a su qu’il y avait des munitions. Et pourtant lors de l’interrogatoire de la première comparution, indiquera le commissaire du gouvernement, voilà ce qu’il a affirmé « le caporal Zallé Mahamadi m’a confié un sac contenant des armes et des munitions. Lors d’un de nos entretiens, je leur ai dit de venir prendre leur paquetage car ils sont en train de s’engager sur un terrain dangereux qui, à coup sûr, risquerait de leur créer des ennuis. Et je ne voulais pas m’associer à cette prise de risques inutile et que c’est préférable pour lui de repartir avec son matériel. Et le caporal Zallé Mahamadi m’a rassuré qu’il y aura rien et que personne ne pourra penser que j’ai un tel arsenal en ma possession. Pour éviter les problèmes j’ai confié le matériel à un de mes protégés à savoir Guira Sibiri Gilbert. Avant de partir au village j’ai pris le soin de lui dire que je le contacterais pour lui dire à qui remettre le colis ». Prenant la parole, l’accusé trouva d’abord que « le débat n’est pas stable. C’est comme si lui, il connaissait le projet que préparait le caporal Zallé ». Seulement confiera-t-il « j’ai appelé Zallé Mahamadi de venir chercher son matériel ». Et ajoutera-t-il, « c’est à la gendarmerie que j’ai su qu’il y avait des armes. Dans ma maison j’ai su qu’il y avait des munitions. Ma démarche est que le propriétaire vienne récupérer son matériel ».
Le face-à- face entre Ladji et son beau-frère Guira Sibiri Gilbert
Avant la deuxième suspension de l’audience, maître Albert Ouédraogo a relevé que lors de l’audience précédente, il était question de voir comparaître ensemble Ladji et son beau-frère. C’est ainsi que l’accusé Guira Sibiri Gilbert fut appelé encore à la barre. Le commissaire du gouvernement s’empressa de lui rappeler ces quelques dires : « Lors de votre interrogatoire vous avez dit que Ouédraogo Cheick Alassane dit Ladji vous a remis le sac le 28 décembre 2015 ? » Répondant, l’accusé Guira dira : « je ne me rappelle que d’une chose c’est que j’ai passé le 31 décembre 2015 à la gendarmerie ». A la question de savoir s’il a dit que son beau-frère Ladji lui a demandé d’aller cacher le sac dans un trou dans le couloir de la parcelle où il habite, il insistera pour dire que « dans la cour en question, il pratique une petite agriculture et dans le couloir il n’ y a pas d’autres endroits que ce trou ». C’est pour cela qu’il a déposé le sac là-bas. S’il a pris soin du sac c’est parce que Ladji est un marabout, affirmera-t-il, et pour certains produits du maraboutage, les enfants ne doivent pas toucher. Quant à Ladji, il affirme que son beau ne connaissait pas le contenu du sac. Il ne pouvait savoir qu’il y avait des munitions. « Je ne lui ai rien dit parce que le sac ne lui appartenait pas ». A la question de savoir s’il ne pouvait faire lui-même le constat. Ladji dira « après que les munitions aient transpercé le sac et que j’ai su la vérité, je me suis contenté de replacer les munitions à leur place et remettre le sac dans le trou. Sur l’origine des armes lors des enquêtes préliminaires Ladji affirme d’abord que le pistolet lui aurait été remis de la part de l’ancien président du Faso Blaise Compaoré. L’audience se poursuit.
Firmin OUATTARA