Depuis les premières libérations, des voix se sont élevées pour demander des explications. La justice a dit que liberté provisoire ne veut pas dire relaxe totale. Soit. Mais est-ce compliquer d’expliquer au peuple les raisons qui nécessitent la liberté provisoire d’un détenu, avant de le libérer? C’est une simple explication afin que les citoyens comprennent qu’on ne les méprise pas, qu’on ne dit pas que les vies qui ont été ôtées l’ont été pour rien. Comme au temps du tout-puissant RSP qui «faisait les gens et y a rien».
Une justice élitiste, loin du justiciable, sera toujours critiquée et ne pourra pas bénéficier de la confiance des plus faibles qui sont la majorité de la population. Dans ce contexte d’insécurité et de velléités de coups d’Etat, libérer des présumés auteurs de coup d’Etat peut être vu comme une prime.
Personne ne dit que des prévenus ne peuvent pas bénéficier de libertés provisoires, mais le fossé de la méfiance est si grand qu’il faut expliquer d’abord. Il faut expliquer pourquoi, profitant de la liberté provisoire, ces ‘’élargis’’ ne peuvent pas prendre le large.
La justice sait que ses actes sont mal compris mais elle passe outre les récriminations pour agir à sa guise. Il y a comme une volonté de ne pas situer les responsabilités dans ces histoires ténébreuses. Les dossiers pendants de la IVème république sont là; l’insurrection populaire est venue s’ajouter, puis le coup d’Etat du général Diendéré. Voilà qu’un autre dossier de coup d’Etat est venu corser leur nombre, sans compter les délits de droit commun. Quand est-ce que la justice pourra solder tous ces comptes? C’est ce qui inquiète le citoyen, surtout qu’il n’y a pas un début de procès.
Les Echos du Faso