Il faut soutenir les magistrats dans leur lutte

| 31.01.2015
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Il faut soutenir les magistrats dans leur lutte
© DR / Autre Presse
Il faut soutenir les magistrats dans leur lutte
Il n'est sans doute pas un plaisir de savoir que tous les services sont suspendus dans toutes les juridictions sur le plan national. Mais, « à quelque chose, malheur est bon », dit l'adage. En suspendant les services et en demandant le démantèlement de tous les réseaux de démarcheurs dans les palais de justice, surtout qu'ici il s'agit d'une tentative de corruption, les magistrats font œuvre utile. Autrement dit, ils contribueront ainsi à assainir, tant soit peu, le milieu de la justice au moment où il est question d'états généraux de la justice.


Mais au juste, que viennent chercher des démarcheurs dans un milieu comme celui de la justice ? Sommes-nous alors dans un commerce où tout se démarche, se négocie selon la tête du client ? Si tel était le cas, il faut alors, tout en condamnant l'acte des auteurs de cette séquestration, incriminer certains magistrats qui, d'une manière ou d'une autre, ont travaillé à installer et même à renforcer un tel système dans presque tous les palais de justice du pays. N'est-ce pas cela qui explique en partie la corruption rampante dans la justice ? Ne sont-ce pas ces démarcheurs, avec la complicité de certains magistrats, qui rendent certains actes judiciaires inaccessibles aux justiciables ? Sinon, comment comprendre que des gens, qui devraient se cacher parce que travaillant dans une illégalité totale, puissent avoir le courage de séquestrer un magistrat, propriétaire des lieux. Maintenant que les deux partenaires se bagarrent, il faut en profiter pour nettoyer le "coin du palais".

Mais, pour ce qui concerne particulièrement les auteurs de tels actes, il faudra leur appliquer la sanction conséquente. Car, de plus en plus, les Burkinabè, surtout une certaine catégorie de personnes, pensent qu'il n'y a plus de force publique dans le pays. Si bien que « pour un oui ou un non », elles sont promptes à se rendre justice elles-mêmes. Qu'on le veuille ou non, le pouvoir ne peut en aucun cas se retrouver dans la rue.
Malheureusement depuis 2008, les hommes politiques, dans presque leur majorité, ont travaillé à donner plus de force à la rue qu'aux institutions et lois qui régissent un régime démocratique. Malheureusement, une fois de plus, la transition politique, à laquelle a abouti ce pouvoir de la rue, qui devrait restaurer l'Etat, l'a davantage jeté dans la rue avec des slogans du genre "nous ferons ce que le peuple veut, s'il n'est pas d'accord, on change". Les multiples revendications et manifestations, corporatistes et isolées en sont la preuve. Le "plus rien ne sera comme avant" ne veut en aucun cas dire que la force du citoyen se substitue à celle des lois. Autrement dit, on ne peut cohabiter dans un pays démocratique où chacun pense qu'il n'a que des droits et pas des devoirs.
C'est pourquoi, il faut vite travailler à restaurer l'autorité de l'Etat. Ce n'est pas un travail qui se fera en un seul jour. Mais, il faudrait que dans leur majorité, les Burkinabè travaillent dans ce sens. À commencer par les hommes politiques qui ont contribué à rendre le pays tel qu'il est, en ce moment. Ensuite, les organisations syndicales dont certains des membres foulent aux pieds les règles élémentaires du syndicalisme dans la défense des intérêts des travailleurs. Donnant l'impression que ce n'est que le travailleur qui a des droits et non pas aussi l'employeur. Comme quoi, il y a beaucoup de travail à faire.

Dabaoué Audrianne Kani

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