Hier au cimetière de Dagnoën comme si vous y étiez !

| 26.05.2015
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Hier au cimetière de Dagnoën comme si vous y étiez !
© DR / Autre Presse
Hier au cimetière de Dagnoën comme si vous y étiez !
Avant de procéder à l'exhumation de la première tombe, quelques membres des familles ont été conviés avec Me Sankara à constater l'existence des scellés tout autour. Ce n'est qu'après ce constat que les barres-à-mine et autres pelles sont entrées en jeu.


A l'intérieur du cimetière, nous avons retrouvé Me Bénéwendé Sankara, l'avocat de la famille, qui a dû ferrailler dur pour que cette exhumation ait lieu dans de bonnes conditions. On se souvient que le Président Michel Kafando, en signant l'acte d'exhumer, pensait que seule la famille pouvait le faire. En tout cas, n'eussent été les grands moyens de l'Etat en termes d'hommes, de matériels et d'expertise, inutile de dire que cette exhumation était vouée à l'échec.

Chaque supplicié de cette soirée des longs couteaux du 15 octobre 1987, commanditée par Blaise Compaoré et quelques comparses, aura ses ossements réunis dans un cercueil pour procéder à l'expertise. Cinq membres de la famille de chacun d'eux pouvaient prendre place sous la bâche dressée à cet effet.

C'est l'entreprise de pompes funèbres Burkinsep qui a été choisie pour l'exhumation. Et au décompte, ils étaient douze agents de cette entreprise, munis de pelles, de barres-à-mine et autres objets contondants vraiment rudimentaires pour ouvrir des tombes. Non loin de là, sont stationnées deux fourgonnettes contenant des cercueils.

Rudimentaire, le mot est lâché, car nous pensions qu'avec l'Etat comme garant, on devrait au moins convoyer le matériel du génie militaire pour faciliter les choses. Pour ouvrir une tombe, pas moins de 5 heures et, de 9 heures à notre départ des lieux vers 12 heures, la première exhumation n'était pas encore achevée. A l'allure où vont les choses, ces 13 exhumations pourraient prendre plusieurs jours.

C'est le juge militaire François Yaméogo qui dirige les opérations, aidé dans cette affaire du prof. Robert Soudré, et du commissaire du gouvernement, et accessoirement président de la FBF, Sita Sangaré, et d'une équipe de gendarmes emmitouflés de blanc et d'agents de la police nationale.

La première tombe à recevoir le coup de pioche des agents de Burkinsep a été celle de Noufou Sawadogo, située côté sud de celle du président du CNR. Après avoir ouvert la tombe et sorti une grande quantité de terre, un appareil de détection de métaux a été apporté pour éventuellement savoir le type de munitions utilisées pour cet assassinat. Après celle de Noufou, il était question de s'attaquer à celle de Batiébo Emmanuel.

Compte tenu du fait que les rayons de soleil dardaient durement les agents de Burkinsep commis à l'exhumation, une autre bâche a été dressée sur les tombes pour leur faciliter le travail.

La famille Sankara était grandement représentée à cette occasion par des frères, des cousins, des neveux et des sœurs de l'illustre disparu.

Aucun journaliste (comme nous l'avons dit plus haut) n'ayant été admis dans l'enceinte du cimetière, un gendarme muni d'une camera se chargeait d'immortaliser cet événement et un homme d'origine européenne, probablement un gendarme venu apporter son expertise à nos pandores, se chargeait de faire des photographies.

Dehors, les hommes des médias ne cessaient de se plaindre de ne pas pouvoir assister à l'événement, et ils n'ont pas tort car, pour un événement de cette envergure, ils devraient y être associés et non pas traités comme des chiens.

Oumarou Michel Lido

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