Grands dossiers de crimes économiques et de sang au Faso : la balle de retour dans le camp de la justice

| 06.03.2015
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Grands dossiers de crimes économiques et de sang au Faso : la balle de retour dans le camp de la justice
© DR / Autre Presse
Grands dossiers de crimes économiques et de sang au Faso : la balle de retour dans le camp de la justice
Un peu plus de trois mois après la mise en place du pouvoir de la transition, le président Michel Kafando et son gouvernement dont on avait commencé à doute de leurs capacités d'insuffler réellement le vent du changement auquel aspirent les Burkinabè, ont passé à l'acte. Dans le conseil des ministres du mercredi 4 mars 2015, le gouvernement a adopté des décrets permettant ainsi au ministère en charge de la justice d'ouvrir ou de rouvrir les grands dossiers de crimes économiques et de sang restés en léthargie pendant les années de pouvoir de Blaise Compaoré.


C'est à croire que les critiques émises ça et là à l'occasion des 100 jours de l'avènement du pouvoir de la transition mettant en cause son inefficacité et sa lenteur face aux questions de crimes économiques et de sang, n'ont pas laissé ses premiers responsables indifférents. Beaucoup de promesses fortes avaient étés faites dès le premier mois de la mise en place du gouvernement de la transition par le président Michel Kafando et son premier ministre Isaac Yacouba Zida. Evidemment le contexte insurrectionnel dans lequel le changement a été fait, n'accordait aucunement au gouvernement un round d'observation. Les attentes étaient si ardentes et le gouvernement se devait de se mettre sur la sellette. Mais comme le dit un adage, « de la parole à l'acte le chemin est long » et dans ce contexte précis et comme l'a reconnu le président lui-même, le terrain était miné.
Dans tous les cas, le conseil des ministres du 4 mars vient de donner le déclic. Les dossiers de crimes restés en hibernation pendant le long règne de Blaise Compaoré seront dans les jours à venir examinés par la justice, elle aussi en quête d'une confiance et d'une légitimité perdue. Les affaires Norbert Zongo, Boukary Dabo, Flavien Nébié, Salifou Nébié et de Thomas Sankara referont surface, n'en déplaise à leurs bourreaux. Sur l'affaire Thomas Sankara, le gouvernement est même allé plus loin en autorisant l'ouverture de sa supposé tombe et l'exhumation de son corps pour les besoins de l'enquête.

Au chapitre des crimes économiques, c'est l'affaire Ousmane Guiro qui est mis en exergue. Cet ex-chef de la douane chez qui des cantines d'une forte somme d'argent avaient été découvertes, avait été mis aux arrêts par la justice, et après un bref séjour à la Maison d'Arrêt et de Correction de Ouagadougou, vaquait librement à ses occupations sans qu'aucune suite ne soit donné à cette affaire. Il avait même eu le loisir de se faire élire conseiller de son village à la faveur des élections municipales de 2012.

A dire vrai, le gouvernement de Kafando a bien raison d'autoriser l'ouverture de ses grands dossiers que le régime de Blaise Compaoré a torpillés espérant pouvoir les classer définitivement aux oubliettes. Ça y va d'abord de sa crédibilité, mais en plus de l'organisation des élections d'octobre et de novembre prochain, l'ouverture de ces grands dossiers restera à jamais l'autre acte historique de la transition. Il ne reste maintenant qu'au département de Joséphine Ouédraogo de prendre les mesures idoines pour la réouverture effective de ses dossiers. C'est généralement à la justice que les chosent pêchent, mais au regard de l'importance de ces dossiers, elle devrait se donner tous les moyens pour y arriver. L'exécutif en ordonnant l'ouverture de ces dossiers se dédouane d'une façon ou d'une autre une promesse qui avait commencé déjà à l'étrangler. La balle est désormais dans le camp de la justice.

Max Junior

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