Imprimer cette page

Exhumations à Dagnoën : « Ah ! vous êtes sûrs que ce sont les restes du président ? » (Mariam Sankara)

| 28.05.2015
Réagir
Le Président de la Transition, Président du Faso, SEM Michel KAFANDO, a reçu en audience Mme Mariam SANKARA, l’épouse du père de la Révolution burkinabè, le Président Thomas SANKARA, en fin d’après-midi du mercredi 27 mai 2015. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
© © Photo : Leonard Bazié / Présidence
Le Président de la Transition, Président du Faso, SEM Michel KAFANDO, a reçu en audience Mme Mariam SANKARA, l’épouse du père de la Révolution burkinabè, le Président Thomas SANKARA, en fin d’après-midi du mercredi 27 mai 2015. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
L'insurrection populaire et les exhumations qui ont cours au cimetière de Dagnoën ont été au menu de la «visite de courtoisie» que Mariam, l'épouse du capitaine Thomas Sankara, a rendue au chef de l'Etat, Michel Kafando. C'était dans l'après-midi du 27 mai 2015 à Ouagadougou au palais présidentiel de Kosyam.


«Il y a encore seulement quelques mois, nul ne pouvait imaginer que Mariam Sankara allait être reçue un jour à la présidence du Faso». C'est ainsi que notre chauffeur a marqué son étonnement lorsque nous lui avons demandé de nous conduire à la présidence du Faso pour couvrir l'audience que lui a accordée le chef de l'Etat, Michel Kafando. Notre chauffeur a en effet raison, puisque cela fait 28 ans que l'épouse du capitaine Thomas Sankara n'avait plus mis les pieds à la présidence du Faso, siège du pouvoir exécutif burkinabè. Mais l'insurrection populaire est passée par là avec son refrain : «Plus rien ne sera comme avant».

Ainsi, hier 27 mai 2015, peu avant 17 heures, Mariam Sankara a franchi le portail de Kosyam pour honorer l'audience qu'elle a obtenue du président Kafando. Celle-ci a duré presque une heure, après quoi l'ancienne première dame a été conduite dans la salle de presse de la présidence pour un bref échange avec les journalistes.

«Madame l'épouse du président capitaine Thomas Sankara» ; c'est ainsi que Gilles Séraphin Bayala, directeur général du protocole d'Etat, a annoncé l'entrée de Mariam Sankara dans la salle de presse. En avançant vers le pupitre, elle a gratifié les hommes de médias d'un chaleureux «bonsoir».

A la presse Mariam a précisé qu'il s'agissait d'une «visite de courtoisie». Elle a déclaré qu'après plusieurs années d'exil «je suis rentrée au pays en 2007 pour 24 heures. Cette fois-ci, je suis venue (ndlr : le 14 mai 2015), et comme vous le savez, il y a eu l'insurrection, puis ce gouvernement de transition qui a été mis en place et qui a donné la possibilité de faire avancer le dossier judiciaire du président Thomas Sankara. J'ai été convoquée pour être entendue par un juge d'instruction. Je suis venue pour répondre à la convocation. En plus, les sankaristes, qui avaient une convention pour leur unité m'ont choisi comme marraine. C'est pour toutes ces raisons que je suis rentrée au pays. J'en ai profité pour remercier la population burkinabè qui s'est mobilisée pour réaliser cette insurrection. C'est grâce à toutes ces actions que je suis aujourd'hui au Burkina Faso, donc je ne finirai jamais de dire merci au peuple burkinabè, à la jeunesse qui s'est bien battue, à toutes les couches de la société qui ont participé à cette insurrection. Merci aux associations et à toutes les personnes qui ne sont pas au Burkina mais qui ont encouragé les Burkinabè à ce changement».

Au cours de l'audience, a-t-il été question de l'exhumation des restes du capitaine Thomas Sankara et de ses douze compagnons d'infortune ?

Réponse de Mariam : «On en a parlé, mais vous savez, les exhumations sont toujours en cours. C'est donc prématuré de dire quelque chose. On attend. Le but de l'exhumation, c'est de faire des analyses, des expertises pour situer les raisons de la mort. Cela permettra au juge d'orienter l'enquête. Pour le moment c'est prématuré de dire quoi que ce soit».

On le sait, quand on a ouvert la tombe présumée du leader de la révolution d'août 83, on a trouvé des restes. Un journaliste lui a donc demandé si cela constituait un premier soulagement pour elle de voir que le président a été effectivement enterré dans cette sépulture ?

«Ah ! vous êtes sûr que ce sont les restes du président ?» a répondu l'ex-première dame. Réponse du journaliste : «Enfin on suppose...» Alors Mariam de poursuivre, «donc vous voyez, c'est pourquoi je dis que c'est prématuré de dire quelque chose. Attendons de voir».

Depuis les macabres événements du 15 octobre 1987, Mariam Sankara n'avait plus remis les pieds à la présidence du Faso. Alors quel ont été ses sentiments en franchissant le portail de Kosyam ? Réponse : «La présidence du Faso, c'est la présidence du peuple. Je suis une citoyenne burkinabè, et c'est la maison du peuple burkinabè. Je n'ai donc pas de sentiment particulier en venant ici».

San Evariste Barro

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité