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Exhumation des restes de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons : deux tombes ouvertes le 1er jour

| 26.05.2015
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Exhumation des restes de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons : deux tombes ouvertes le 1er jour
© DR / Autre Presse
Exhumation des restes de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons : deux tombes ouvertes le 1er jour
Les travaux d'exhumation des restes du président Thomas Sankara et de ses 12 compagnons ont débuté le lundi 25 mai 2015 au cimetière de Dagnoën, au secteur n°23 de l'arrondissement n°5 de Ouagadougou. Pour cette première journée, deux tombes ont été ouvertes, loin des regards de la presse et de la population.


L'exhumation de la tombe du défunt président Thomas Sankara et de ses 12 compagnons, assassinés le 15 octobre 1987 à l'issue d'un coup d'Etat, a débuté hier lundi 25 mai 2015, au cimetière de Dagnoën au secteur n°23 de l'arrondissement n°5 de Ouagadougou. Mais les travaux se sont déroulés loin des regards de la population et de la presse ameutées pour la circonstance. L'impressionnant dispositif sécuritaire composé des éléments de la gendarmerie et de la police n'a pas permis aux journalistes et autres chasseurs d'images d'être des témoins-clés de cet instant solennel. Seules les personnes qui avaient un lien avec le dossier ont eu accès aux tombes. Il s'agit, entre autres, des parents et des avocats des victimes, de la police scientifique, du service des pompes funèbres, du juge d'instruction et des médecins légistes. Pour ce qui est des derniers cités, ce sont deux Burkinabè experts près la Cour d'appel de Ouagadougou : le Pr Robert Soudré et le Dr Norbert Ramdé. Le troisième est un Français en l'occurrence le médecin légiste expert près la Cour d'appel de Bordeaux, Pr Alain Mira. Les nombreuses tentatives des photographes et cameramen d'avoir des images à travers l'immeuble qui jouxte le cimetière sont restées vaines. Ceux-ci ont été sommés de libérer les lieux. Même le monticule de terre qui trônait à quelques mètres du mur a été dégagé par des machines et camions bennes afin d'empêcher le public de voir ce qui se passe de l'autre côté du mur du cimetière.

Pendant ce temps, une équipe mobile de la gendarmerie patrouillait tout le périmètre du cimetière afin d'éviter que d'éventuels curieux aient accès au cimetière. Ce qui a provoqué l'ire du public qui dit ne pas comprendre une telle attitude de la part des forces de sécurité. Ainsi pouvait-on entendre dans le public : «qu'est-ce que vous voulez nous cacher» ? «Rien ne prouve qu'il s'agit de Thomas Sankara et de ses compagnons si vous nous empêchez de voir », «même au palais de justice, on laisse les journalistes faire leur travail». Pour Solange Bamouni, sœur du défunt Paulin Bamouni, les forces de l'ordre auraient dû laisser la presse accéder au cimetière. «Je suis d'accord qu'on m'empêche d'y entrer mais la presse peut nous faire écho de ce qui s'y passe. J'ai confiance en elle», a-t-elle insisté. Sébastien Tenkodogo, un militant sankariste ne cache pas également ses inquiétudes du fait que la presse ne soit pas associée à l'exhumation. «Actuellement, nous avons des doutes. On nous dit d'avoir confiance en la justice mais on a peur. S'il y avait au moins des journalistes à l'intérieur, on allait être plus rassuré, contrairement à la justice», a-t-il déclaré. Au moment où nous quittions les lieux à 12 heures, une source bien introduite nous confiait que la première tombe avait été ouverte, dans laquelle on pouvait apercevoir les vêtements du corps.

Cette même source nous rappelait dans l'après-midi, qu'une seconde avait été ouverte. En rappel, l'exhumation des restes du président Sankara et de ses 12 compagnons a pour objet de déterminer la cause de leur mort. Les experts rechercheront si des projectiles ou des balles provenant d'une arme à feu ou autre ont provoqué des lésions sur les restes trouvés.

Paténéma Oumar OUEDRAOGO
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Me Ambroise Farama, avocat de la famille du président Sankara

«C'est un travail laborieux »

Sidwaya (S.) : Que retenez-vous de cette première journée des travaux d'expertise ?

Ambroise Farama (A.F.) : Ce qu'on peut retenir, c'est que les travaux d'expertise ont effectivement commencé. Les différents experts burkinabè et étranger sont là, les familles sont également représentées. Mais il faut avouer que c'est un travail laborieux. Vous avez vu que nous avons commencé depuis 9 heures et jusqu'à 18h moins, on n'a pu expertiser que deux tombes. Il reste à expertiser 11.

S. : Expertiser deux tombes veut dire quoi ?

A.F. : Ça veut dire qu'il y a deux tombes qui ont été ouvertes.

S. : Qu'est-ce qu'on a trouvé dans les deux tombes ?

A.F. : On a trouvé des restes.

S. : Des ossements?

A.F. : Oui des ossements et plus. Le travail se poursuit demain (ce mardi 26 mai, Ndlr).

S. : Jusqu'à quand ?

A.F. : Jusqu'à ce que ça finisse. Il y en a 13 au total.

S. : Quelle est l'identité des occupants des deux tombes déjà ouvertes?

A.F. : Je connais bien l'identité des deux tombes. Mais je ne sais pas si c'est le lieu de vous en dire davantage. Vous savez très bien que tout le travail se mène sous le sceau du secret de l'instruction et je pense qu'il ne serait pas bon de vous donner tous les détails.

S. : Pensez-vous que cette expertise va apporter quelque chose de plus pour la suite du dossier?

A.F. : Je pense qu'à partir du moment où on a trouvé des restes, cela permettra sans doute d'identifier éventuellement les personnes qui s'y trouvent et au-delà, on espère trouver des objets qui pourront déterminer les causes réelles de la mort. Et ces objets pourront remonter jusqu'aux auteurs.

S. : La tombe du président Thomas Sankara figure-t-elle dans les deux tombes ouvertes?

A.F. : Il faut dire « supposée tombe », puisqu'on ne l'a pas encore identifiée. L'on se contente, pour le moment, de ce qui est écrit sur les tombes. Donc, celle supposée être la tombe de Thomas Sankara n'a pas été ouverte.

Propos recueillis par POO

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