Le palais de Justice de Bobo-Dioulasso a été incendié lors des journées insurrectionnelles des 30 et 31 octobre 2014. Cet acte témoigne sans doute du ras-le-bol des populations vis-à-vis des nombreux dysfonctionnements du système judiciaire. Aussi, pour la ministre de la Justice, des Droits humains et de la Promotion civique, Joséphine Ouédraogo, l'ambition de son département, est de réconcilier le peuple burkinabè avec le système judicaire, « afin que plus jamais, aucune manifestation de masse, aussi légitime soit-elle, ne remette le feu au patrimoine du droit que sont les palais de Justice ». C'est pour cela que le gouvernement a décidé d'organiser les états généraux de la justice en mars 2015. En attendant cette messe nationale, la ministre en charge de la Justice a entrepris une vaste campagne de collecte des préoccupations et des perceptions que les populations ont de la justice. La rencontre de Bobo-Dioulasso s'inscrit dans ce cadre. Elle a eu pour but, de procéder à l'analyse critique et à l'interpellation des acteurs du système judiciaire, afin de susciter un dialogue constructif entre les citoyens et les animateurs des pouvoirs exécutifs, législatifs et judicaires. Les 300 participants venus des différentes couches socioprofessionnelles des trois provinces de la région des Hauts-Bassins, ont fait le diagnostic de la justice et relevé plusieurs préoccupations. Celles-ci concernent le manque de confiance des justiciables en la justice, les difficultés dans l'exécution des décisions de justice, la corruption et le manque de transparence des acteurs, l'inaccessibilité des pauvres à la justice.
A l'ouverture de la rencontre, Joséphine Ouédraogo a affirmé que les maux dont souffre la justice sont connus. Plusieurs initiatives ont été développées au sein des animateurs de la justice pour y remédier. Aussi, le gouvernement burkinabè avait organisé en 1998, un forum national sur la justice et une politique nationale de justice couvrant la période 2010-2019 avait été, à cet effet, élaborée. « Cependant, il faut reconnaître que l'ensemble des stratégies portées par les diverses réformes ne semblaient pas constituer une réponse suffisante face aux grands problèmes de la justice burkinabé », a souligné la ministre en charge de la Justice. C'est pourquoi, a-t-elle dit, le gouvernement de la Transition a décidé d'organiser les états généraux de la justice du 24 au 27 mars 2015. En attendant, plusieurs activités ont été prévues. Il s'agit de la rencontre préparatoire de Bobo-Dioulasso. Une deuxième rencontre est prévue à Ouagadougou sous la responsabilité des organisations de la société civile. Des émissions radiophoniques seront lancées dans certaines localités pour les mêmes objectifs. Les produits de ces différentes activités seront présentés au cours de cette grande manifestation. Les états généraux, a précisé, Mme Ouédraogo, constituent un temps d'arrêt de la Nation sur la justice burkinabè. Ça sera un moment où les composantes du peuple burkinabé vont procéder à l'analyse critique et à l'interpellation du système judiciaire et de ses acteurs. Elles doivent également engager un dialogue inclusif entre les représentants de l'exécutif, du législatif, des corps constitués et des citoyens dans le souci de redonner du sens à l'œuvre de la justice. Aussi les états généraux, a ajouté la ministre de la Justice, des Droits humains et de la Promotion civique, vont aboutir à l'élaboration et à l'adoption d'un pacte de responsabilités collectives pour le renouveau de la justice. Ce pacte aura pour but de responsabiliser chaque groupe d'acteurs dans la conduite du processus de réforme de la justice burkinabè.
Adaman DRABO