Etats Généraux de la Justice : L’espoir est permis

| 25.03.2015
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Etats Généraux de la Justice : L’espoir est permis
© DR / Autre Presse
Etats Généraux de la Justice : L’espoir est permis
Les buées de la jarre révolutionnaire qui bouillonne au pays des hommes intègres, ont fini par éclabousser le monde de la justice.

 

C'est le moins que l'on puisse dire avec les états généraux de la justice qui se sont ouvert, ce 24 mars 2014 à Ouagadougou. Ils sont à peu près 2 000 personnes qui travailleront en séances plénières et en ateliers, autour de cinq grandes préoccupations, notamment l'indépendance de la magistrature, la confiance entre les citoyens et la justice, l'accès à la justice et le bon fonctionnement du service public. Ces thématiques, à débattre cinq jours durant, devront permettre d'aboutir à un pacte national pour le renouveau de la justice. Le président de la transition, Michel Kafando, croit dur comme fer à ces assises. Il espère parvenir à une justice indépendante, impartiale et intègre. Il l'a encore répété dans son discours, avant d'exhorter tous les acteurs engagés dans le processus à y prendre activement part. C'est un appel du pied qui en dit long sur les considérants de ce septuagénaire qui n'a de cesse affiché un optimisme incurable. Il peut compter sur les acteurs du monde de la justice. Ils semblent emboucher la même trompette. Le bâtonnier, Me Mamadou Traoré, qui relève à demi-mot, que la justice burkinabè est lente, inopérante, du fait de la corruption, appelle à une analyse sans complaisance des problèmes. Dieu seul sait combien ils sont nombreux et colossaux. En vérité, la logique du ventre de l'homme en toge aux yeux de nombreux justiciable semble l'emporter sur ce qui devait être un impératif catégorique, la vérité et le droit du juste. Ces droits inaliénables au faible, à l'aveugle, à l'orphelin, pour ne citer que ceux-là, ont été tellement piétinés, qu'on vient à se dire que la société burkinabè étouffe de sous le poids de sangsues, emmitoufles dans les chaînes de la justice. A moins de nous tromper, l'on pense et à bon droit, qu'il ne faut pas moins de deux générations pour que cet état d'esprit qui pollue les couloirs de nos juridictions ne s'évapore comme peau de chagrin.

Aujourd'hui où le justiciable ne croit même plus, ne serait-ce que l'instant d'un sommeil cataleptique, à la justice de son pays, il sied que les magistrats, les avocats, les greffiers, les notaires, les commissaires-priseurs, et autres, qui connaissent mieux que quiconque les travers du système judiciaire, aillent au-delà des dénonciations qui ont les entournures de calomnies. A l'heure où se joue le devenir de la justice, ils sont appelés à faire montre d'opiniâtreté. Faire des propositions concrètes et constructives pour le bonheur du justiciable et du corps. C'est le lieu d'accepter, sans trop barguigner, d'intégrer les revendications du tribunal de l'opinion qui ne sont pas tout à fait contraires à celles du tribunal de la justice. On ne le dira jamais assez, l'on fonde espoir que la justice sera désormais accessible, que de
nouvelles juridictions seront créées dans l'expectative de rapprocher le justiciable qui se trouve à l'autre bout du bout de la cité de la justice. Il serait également souhaitable que les droits des prévenus et des présumés coupables soient respectés, que les conditions de garde-à-vue soient revues pour ne plus qu'elles durent encore une éternité. De plus, il urge de développer des mécanismes pour organiser prestement les procès, pour que les pauvres justiciables ne passent plus de temps qu'il ne devrait au cachot. Il serait incontestablement bien que les états généraux entérinent la volonté populaire. Mais une chose est de parvenir à des conclusions pertinentes et satisfaisantes, une autre est de les faire appliquer. Au «Pays des hommes intègres», ce ne sont pas les textes qui manquent. Il en existe à n'en pas finir dans les différents secteurs structurés, mais ils souffrent d'application dormant dans la poussière des tiroirs. Il serait alors convenant que les états généraux proposent des dispositions restrictives et contraignantes qui obligent les acteurs de la justice à évoluer dans le strict respect de la loi, avec à l'esprit, la protection du faible.

Christian NOUCHI

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