Ce rendez-vous avec les parties intervient plus de trois mois, après celui qui avait permis au juge de présenter les rapports de l’autopsie et des tests balistiques, réalisés après l’exhumation des restes des victimes du coup d’Etat du 15 octobre 1987. Après une demi-journée d’attente (de 8 heures à 12 heures), c’est le directeur de la justice militaire, le colonel Sita Sangaré, qui confie aux hommes des médias qui avaient pris d’assaut la cour de l’institution judiciaire, qu’ils devraient prendre leur mal en patience. «Ce matin, il s’agissait pour le parquet, de communiquer aux parties, les résultats de ces tests. C’est du reste, ce que la loi prévoit. C’est après coup, que l’institution ou les parties pourraient éventuellement, communiquer à la presse et à l’opinion ce qui est contenu dans le rapport. Pour cela, un point de presse est prévu pour mercredi prochain (NDLR, mercredi 23 à 10 heures)», a justifié le patron de la justice militaire. Par ailleurs, Me Sankara a confié que «les restes trouvés dans la tombe de Thomas Sankara n’ont pas permis de déterminer son ADN, de façon incontestable. Néanmoins, la procédure judiciaire suivra son cours, avec les éléments trouvés dans la tombe».
Toujours selon l’avocat, «Les premier et deuxième niveaux (des tests ADN) certifient des résultats qui confortent ceux de l’autopsie, mais au troisième niveau, l’expertise scientifique conclut qu’il n’y a pas d’ADN détectable, conformément à l’état actuel de la science», a-t-il expliqué à la presse. Les résultats de l’autopsie livrés mi-octobre 2015 indiquent que la dépouille présumée du président Sankara était «criblée de balles». Ces analyses ont été réalisées par «le laboratoire de police de Marseille (Sud de la France), un laboratoire de référence en la matière» qui «a travaillé, conformément aux normes internationales», a conclu Me Bénéwendé Sankara.
Mandat d’arrêt contre Blaise Compaoré
Comme on le susurrait dans les coulisses de la justice militaire burkinabè, un mandat d’arrêt international a été émis contre l’ancien président Blaise Compaoré, réfugié en Côte d’Ivoire, depuis sa chute, en octobre 2014, dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Thomas Sankara.
En rappel, l’enquête sur le carnage avait été ouverte, fin mars 2015, après la chute de M. Compaoré, en octobre 2014. Les corps ont été exhumés fin mai, afin de lever le voile sur le mystère entourant les circonstances de la mort du «père de la Révolution» burkinabè. Une mort taboue, sous l’ère Compaoré, ancien frère d’arme de Sankara, parfois soupçonné d’avoir commandité son assassinat. Au total, une demi-douzaine de personnes, majoritairement des anciens soldats de l’ex-Régiment de la sécurité présidentielle (RSP), l’ancienne garde prétorienne de M. Compaoré, ont été inculpées pour «assassinat», «attentat» et «recel de cadavres».
Dramane KONE