Certes, l’on peut se réjouir des avancées dans le dossier comme l’inculpation des soldats, l’indemnisation les familles des victimes pour plus de 233 millions de F CFA (une exécution de l’arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples tout comme la réouverture du dossier) et le baptême d’une rue de Ouagadougou au nom Norbert Zongo. Des actions essentielles tant au plan judiciaire que sociopolitique qui nous donnent de l’espoir surtout que le nouveau pouvoir démocratiquement élu à intérêt à ce que la lumière jaillisse de cette affaire qui agace. Mais pour l’instant, tout porte à croire que les trois soldats ne seraient que des exécutants de cet assassinat. Il faut donc espérer que ces inculpations mènent à d’autres notamment les commanditaires.
La justice se fait toujours donc attendre pour faire la lumière sur ce drame horrible et inhumain qui continue de heurter les consciences. L’objectif ultime et primordial du combat mené depuis 18 années n’est rien d’autre que la vérité et la justice.
Toute chose qui exige une volonté politique manifeste et sincère afin que les entraves morales et politiques sources de l’impunité régnante soient levées pour qu’enfin la justice soit réellement libre et indépendante pour faire son travail.
La Transition a eu le mérite de rouvrir le dossier (après le non-lieu honteux du précédent régime qui tenait à l’enterrer) et d’exécuter l’arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. La balle est maintenant dans le camp du pouvoir de Roch et de la justice qui est désormais indépendante. Il leur appartient de prendre toutes les dispositions utiles afin que la procédure aille jusqu’au bout et ce, avec la plus grande célérité, car le dossier Norbert Zongo mérite de connaitre enfin un tout autre sort.
En rappel, c’est après avoir commencé une enquête sur la mort mystérieuse de David Ouedraogo, le chauffeur de François Compaoré, le frère de Blaise Compaoré, que Norbert Zongo est assassiné le 13 décembre 1998 avec les trois personnes qui l’accompagnaient. Cet acte ignoble des pyromanes a soulevé une très vive émotion à Ouagadougou, à travers tout le pays mais aussi dans les pays voisins.
Norbert Zongo ayant été assassiné pour des «raisons politiques», il appartient donc à la justice burkinabè de jouer pleinement, efficacement et avec grandeur d’âme son rôle: dire le droit, garantir l’exécution de la sanction pénale... Le moment est donc venu pour la justice indépendante de prouver aux yeux des justiciables qu’elle n’est pas aussi tronquée qu’on le croit. En effet, pour beaucoup de burkinabè, notre justice connaît des blocages et des lenteurs non seulement dus à la procédure, mais aussi à la volonté de certaines personnes de se donner le temps de créer l’injustice. Pourtant la paix que nous recherchons tous les jours ne peut exister vraiment sans une justice juste et vraie.
Faut-il rappeler qu’une justice tronquée, manipulée, guidée et soumise à des intérêts égoïstes produit des effets de même nature créant, par conséquent, des frustrations, un esprit de vengeance, partant d’indiscipline? L’impunité doit cesser dans notre pays dit des Hommes intègres.
Pour l’instant, le peuple en a ras-le-bol des crimes commis et veut que la justice dise enfin le droit dans le dossier Norbert Zongo.
Il nous semble aussi que le Burkina a plus que jamais besoin aujourd’hui de tolérance, de réconciliation et de paix. La tolérance nous apprend à porter et à supporter les désaccords. Certes, il faut continuer d’aimer la vérité et de la défendre mais sans porter atteinte à la dignité d’autrui.
Espérerons que le nouveau pouvoir va travailler à la manifestation de la vérité dans les différents dossiers lourds qui pèsent sur le Faso et qui l’empêchent d’avancer allègrement vers le progrès véritable. Justice pour Norbert Zongo, justice pour tous les crimes commis sur la paisible terre du Burkina.
Théophile MONE