Dossier Norbert Zongo, 18 ans après : Il est temps de rendre justice

| 13.12.2016
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Dossier Norbert Zongo, 18 ans après : Il est temps de rendre justice
© DR / Autre Presse
Dossier Norbert Zongo, 18 ans après : Il est temps de rendre justice
18 ans. C’est depuis ce temps que la fumée de l’horreur continue de s’élever depuis la bordure d’une route de Sapouy. Cette fumée est matérialisée par la petite flamme de la lampe posée devant la porte du Centre de presse qui porte le nom de celui qui a été criblé de balles puis incendié avec trois de ses compagnons un certain 13 décembre 1998.


Les organisations et le peuple ont marché depuis près de deux décennies. Le pays a tangué en 2 000, manquant de basculer dans une l’instabilité. Les séquelles de cette période de l’histoire du Burkina ne sont pas d’ailleurs pas totalement estompées en 2016. Ensuite, le mois de décembre a été transformé en 30 jours presque sans école. Les élèves débarrassent les salles de classe dès que novembre prie bagages pour symboliser l’absence de justice sur ce dossier.

Depuis tout ce temps, aucun procès digne de ce nom n’a jamais été tenu sur ce dossier. L’avènement de la transition avec le départ de l’ancien président Blaise Compaoré a ouvert les couvercles des marmites de l’espoir. Celles-ci ont bouillonné pendant ces douze mois. Les Burkinabè ont frémi lorsqu’Isaac Zida a annoncé depuis la Place de la révolution un 13 décembre 2014 que « justice sera rendue au camarade Norbert Zongo ».

233 135 409 Francs CFA ont été débloqués au titre de l’indemnisation des requérants dans l’affaire ayants droit de feus Norbert Zongo, Abdoulaye Nikiema dit Ablassé, Ernest Zongo et Blaise Ilboudo et le Mouvement Burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP) qui était partie civile dans ce dossier. Il faut rappeler en effet que l’arrêt rendu sur requête n°03/2011, rendu le 5 juin 2015 par la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples dans la cause opposant les ayants droit de feu Norbert Zongo et 04 autres à l’Etat du Burkina, le pays avait été condamné.

Quelques toiles d’araignée ont été enlevées du tiroir dans lequel le dossier était posé. Le dossier lui-même a été épousseté. La poussière a été nettoyée sur la page de garde. Mais la Transition n’a pas pu ou n’a pas voulu tourner plus de deux pages. Le juge d’instruction du TGI en charge du dossier dit « Norbert Zongo », a mené différentes investigations, procédé à des inculpations et posé d’importants actes allant dans le sens de la manifestation de la vérité. La commission d’enquête indépendante (CEI) avait fournit des indices graves et concordants, indexé 6 suspects sérieux, dont la quasi-totalité a été envoyé ad patres ou mort de leur maladie. La justice avait même inculpé un suspect sérieux avant qu’intervienne le second enterrement de Norbert Zongo : le non-lieu. Puis la transition a promis et des lignes ont encore bougé, mais pas assez pour que des gens se retrouvent dans le box des accusés, pour que la vérité jaillisse enfin.

Dès lors, il y a un statut quo. Des inculpations ont été faites, mais rien n’a été clairement communiqué sur les personnes sont concernées. Si les organisations de défense des droits de l’homme et de la presse sont aujourd’hui sur les dents, c’est qu’il reste encore une bonne couche de suie qu’il faut essuyer. Il est à espérer donc, que tant du pouvoir judiciaire qu’exécutif, une bonne commande d’éponge sera faite pour ce travail de salubrité. Car l’obscurité a trop duré sur la lampe-tempête du quartier Gounghin.

Ahmed BAMBARA

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