A la barre, le prévenu a reconnu les faits qui lui sont reprochés, à savoir l’abus de confiance, le faux et usage de faux, occasionnant ainsi la perte de 119 073 332 FCFA, au détriment de l’ASECNA.
Bien qu’ayant reconnu la pratique qui a entrainé cette perte, Soumaïla O. ne reconnait avoir bénéficié que d’une somme comprise entre 70 et 80 millions FCFA. Il dit l’avoir utilisée dans la construction d’une maison de 4 pièces, dans la rénovation d’une autre maison, dans l’achat de motos et dans l’ouverture d’un maquis.
Néanmoins, son conseil le défend en affirmant que la caisse dont il avait la gestion était devenue une caisse où tout le monde, au sein la hiérarchie de Soumaïla, venait « puiser ». Ce qui n’a pas empêché le procureur du Faso, lors de ses réquisitions, de faire la preuve de l’intention coupable. Il a en effet rappelé que le rôle d’un caissier est de recevoir et de reverser l’argent, tout en tenant un journal de caisse. En l’espèce, Soumaïla O. avait par moment dérogé à cette règle, en connaissance de cause. De ce constat, les faits d’abus de confiance étaient constitués. En plus, à l’arrivée de la mission d’audit de Dakar le 22 avril 2014, le sieur Soumaïla a pris la fuite, au lieu de fournir des éléments d’explication. Devant la gendarmerie et à l’instruction, il a reconnu les faits, comme cela l’a été devant le tribunal, à la différence près que devant les juges, il « tente de faire croire que des gens puisaient dans les caisses de l’ASECNA ». Le procureur, estimant l’intention coupable acquise, a requis que Soumaïla O. soit déclaré coupable d’abus de confiance, de faux en écriture de commerce et d’usage de faux. Il a requis contre lui une peine d’emprisonnement ferme de 36 mois et la somme d’un million de FCFA d’amende ferme. La partie civile qu’est l’ASECNA a réclamé que le sieur Soumaïla soit condamné à verser à la société la somme de 122 080 332 FCFA, car elle aurait découvert qu’une autre somme de 5 millions avait aussi été détournée. Dans ses plaidoiries, le conseil du prévenu a souligné que Soumaïla O. a 33 ans de service, dont 26 comme caissier. Il déclare aussi que le prévenu a demandé plusieurs fois une confrontation entre lui et les membres de sa hiérarchie, qu’il n’obtiendra pas. Il a souhaité que le tribunal accorde à celui-ci sa clémence, et, qu’il soit condamné à une peine lui permettant de continuer à travailler, afin de pouvoir indemniser la victime. Aussi, que la peine qui sera déterminée ne décourage pas sa famille, qui a déjà mis une maison en garantie de payement de l’indemnisation. Le dossier a été mis en délibéré pour le 8 septembre 2015.
Ahmed Bachir